Elle était pleine à craquer, mais très bruyante, notre belle Synagogue, en cette fin de journée de Kippour. Puis les hommes se couvrirent avec leur Talith et le son du Shofar retentit, dans le silence cette fois. Dans un certain brouhaha, nous nous sommes souhaités « Gmar ‘Hatima tova », avons embrassé nos parents, nos grands-parents, nos femmes, nos enfants, nos petits-enfants, nos ami(e)s. Behezrat Hachem, (1) à l’année prochaine. Et, quelque peu précipitamment, nous nous sommes séparés pour rentrer chez nous « rompre les 25 heures de jeûne » avec nos plats traditionnels, nos confitures, nos gâteaux…..
Et
comme chaque année depuis 5 ans je ne puis m’empêcher de penser avec
une très
forte émotion à Guilad. Qui lui aura
souhaité « Gmar ‘Hatima tova »,
cet enfant d’Israël enlevé (et non arrêté
comme, sans vergogne, osa le déclarer Mme Aubry) par des
terroristes arabes de Gaza depuis plus de 5 ans maintenant ?
Encore un
autre Kippour loin des siens ! Encore un autre Roch HaChana loin des
siens ! Qui l’aura
embrassé ? Quel Shofar aura-il entendu ? Savait-il
au
moins que c’était Kippour ? A-t-il la notion du temps dans
son lieu
de captivité ? Quel repas aura-t-il eu ? Et sa famille, et
ses amis,
quelles auront été leur peine et leur détresse face à ce vide cruel,
face à
cette incertitude quant à son sort ? Une chaise désespérément vide
à
table, à la Synagogue, sous la Souccah !
Une
chaise qui, il y a 5 ans encore, était occupée par Guilad
à qui, dans la joie, pour Rosh Hachana, pour
Kippour et pour Souccot,
on avait souhaité Chana Tova
ve Gmar
‘Hatima Tova.
Notre
cher Guilad est encore
toujours captif mais, des informations toutes récentes nous apprennent,
au moment
où je finis de rédiger ce texte, avant le début des fêtes, donc entre Kippour et Souccot,
qu’il pourrait être enfin
libéré dans les jours qui viennent, peut être même pour Souccot ! Quel cadeau pour
lui, sa famille, ses amis, Israël et le peuple juif !
Les questions ci-dessus, et bien d’autres
encore, je
me les suis posées tout au long de cette
journée de Kippour.
Et je me dois d’avouer, honteux et repentant, que je n’arrivais pas à
me
concentrer sur les prières, que je ne les suivais que par
intermittence. D.ieu me pardonnera-t-il ?
Pendant la lecture du « ligotage/sacrifice » d’Isaac,
je m’interrogeais :
« M. Netanyahou va-t-il céder et
libérer peut être plus de 1.000 terroristes pour récupérer enfin notre
Fils et Frère
Guilad et entamer des négociations avec
« le-devenu-respectable » M. Abbas-Mazen ?
- ce Monsieur qui soutint une
thèse niant la Shoah,
- ce Monsieur qui finança
l’assassinat des athlètes israéliens aux J.O. de Munich,
- ce Monsieur qui dénonce
régulièrement et avec véhémence les opérations de Tsahal dans
la bande
de Gaza,
- ce Monsieur qui exige le retour
des « réfugiés » en Israël
et la création d’un état palestinien avec pour frontières « celles
de
1967 » et pour capitale Jérusalem-Est,
- ce Monsieur qui exige « un
passage sécurisé » entre la bande de
Gaza et la
Judée-Samarie,
- ce Monsieur qui considère
comme « inacceptable » toutes les autres propositions et en
particulier la reconnaissance du
caractère juif d’Israël,
- ce Monsieur qui veut déclarer unilatéralement son
état dans lequel il n’y aurait aucun Juif ni aucun
« réfugié
palestinien »,
- ce Monsieur qui refusa
92% des « territoires occupés » comme proposé en 2000 à Camp
David,
- ce Monsieur…….
- ce Monsieur……. » ?
Pendant la lecture de la solitude de Jonas « dans le ventre du gros poisson », je pensais à la solitude
de Guilad dans les cachots des
terroristes. Jonas, en
sortit, lui pas encore…..alors que pendant
ce
temps-là, M. Abbas/Mazen et certains hommes
politiques israéliens envisagent et exigent
même la libération du chef terroriste arabe Barghouti,
« animateur »
du soulèvement des années 2000, et du chef du FPLP, Saadat, condamnés par Israël respectivement à
perpétuité et
à 30 ans d’emprisonnement pour l’assassinat de
plusieurs dizaines
Israéliens. M. Netanyahou pourra-t-il accéder à cette exigence ?
Il en fut ainsi tout au long de cette journée
de Kippour
et j’enrageais au lieu de suivre le rituel de notre liturgie. Et de
m’interroger encore : « D.ieu me
pardonnera-t-il ? » bien qu’avec l’Assemblée
j’aie
reconnu qu’« en dehors de Lui, nous n’avons personne pour
pardonner et
absoudre », bien que j’aie reconnu avoir commis envers Lui « des fautes par ignorance, volontairement,
par médisance, en secret, par erreur……. ».
Avec
l’Assemblée, je Lui ai
demandé de « nous exaucer », de « nous
annoncer de bonnes nouvelles », de « détruire
ceux qui se dressent contre nous pour le mal » (2),
d’«opprimer ceux qui nous oppriment »……
Avec l’Assemblée, je Lui ai demandé, en lisant Avinou,
Malkénou, notre Père, notre Roi,
d’« éviter aux fils de Son alliance la
peste,…..le malheur,…..la captivité….. ».
Oui, la captivité. Et à nouveau mes
pensées
allaient non seulement vers Guilad mais
également
vers les autres militaires israéliens dont nous n’avons plus de
nouvelles
depuis fort longtemps :
Zacharie Baumel (3), Zvi
Feldman et Yehouda
Katz (11 juin
1982),
Ron Arad (16 octobre 1986),
Guy Hever (17
août 1997).
Qui se souvient
encore de leur nom, exception faite pour Ron Arad qui fut et reste un
symbole ? Et pourtant, nous sommes tous « responsables de
notre
prochain » (4), Arévim
zé la zé !
Et
pourtant nous sommes « un seul Peuple,
un seul cœur », Am ehad, lev ehad ! Et la belle fête de Souccot
qui commencera dans quelques heures célèbre d’ailleurs cette unité du
Peuple
juif. Il y est beaucoup question du mot UN
Qui se souvient
de nos captifs à part les participants à quelques petites initiatives
privées
très et même trop timides ? Que font nos Institutions
officielles ?
Les responsables du Centre Communautaire Juif de Paris, par exemple,
pour
vraisemblablement « faire comme les autres », c’est à dire
comme Libération,
Le Monde et autres, s’empressèrent, à l’époque, d’accrocher sur la
façade
du bâtiment les portraits de Mme Florence Aubenas et de son
guide-interprète,
M. Hussein Hanoun, mais n’accrochèrent
jamais
celui de Ron Arad. « Il n’est pas Français », me
rétorqua-t-on
un jour. Et M. Hussein Hanoun
l’est-il ? Et
d’ailleurs, si être Français est un « critère de sélection »
pour
attirer l’attention du public sur des « otages français », pourquoi
Guilad Shalit,
possédant pourtant
la nationalité française, n’a-t-il eu
que très tardivement son portrait accroché
sur la façade du Centre Communautaire alors
que M. Claude Goasguen, Maire du XVIème
arrondissement de Paris, l’avait fait depuis longtemps ?
Pendant la prière, je me souvenais de ce que nous enseignent
nos Sages, à savoir que les Juifs ont l'impérative obligation de racheter
les captifs, obligation considérée comme une grande mitzva
quoique ne figurant pas dans la Thora. C’est ce que décidera M.
Netanyahou si
les bruits circulant actuellement se confirmaient.
Pendant la prière, je pensais à ce qu’écrivait
Maïmonide : « Il n'existe pas de
commandements plus
importants que le rachat des prisonniers », pidyon chvouïm en
hébreu. Ce pydion
qui incombe à la Communauté toute entière et qu’Israël paie souvent
très
cher pour le respecter.
Pendant la prière, je pensais qu’il m’avait même été dit que
ce commandement était si
important que la Halacha permettait que l'argent collecté en vue
de la construction
d’une Synagogue serve au pidyon.
Pendant la prière, je pensais que le 30 juin 1997, lors d’une
manifestation devant
l’Ambassade d’Israël, manifestation placée sous le slogan « Sois
responsable de ton prochain - Arévim zé la zé », le
Grand Rabbin de France de l’époque, M. Joseph Sitruk, déclara « qu'on pouvait aller jusqu'à vendre une
Synagogue » pour ne pas transgresser
cette mitzva.
*
*
*
Nous allons passer les premiers jours dans
nos Souccot, ces frêles
« habitations » en
souvenir des 40 ans d’errance de nos ancêtres dans le désert. Nous
allons
« voir le ciel » à travers le toit de branchages. Mais
Guilad, et les autres otages dont nous
sommes sans nouvelle
ont-ils « vu le ciel »,
eux qui doivent être enfermés, et dans quelles conditions, dans des
prisons ou
dans des souterrains ? L’ont-ils seulement même vu depuis leur
enlèvement
ou capture ?
Prions avec
ferveur pendant ces fêtes de Souccot,
pendant
la lecture des Hocha’anot dans
lesquelles il
est beaucoup question de délivrance. « Délivre ! Ô
délivre ! ».
Prions pour
le retour de tous les captifs en cette année 5772, afin qu’à Kippour
prochain, et peut être même à Souccot
de cette année, Behezrat
Hachem (1), nous puissions leur
souhaiter « Gmar ‘Hatima tova ».
AMEN !
Moâdim lessim’ha à toutes et tous.
*
* *
Guilad Shalit-Video depuis sa captivité... par
jorabino
http://www.dailymotion.com/video/xaopzw_guilad-shalit-video-depuis-sa-capti_news
Au moment
où je
termine ce texte juste avant les fêtes, aujourd’hui 12 octobre, un peu
plus de
2 ans après la diffusion de la vidéo ci-dessus de 2 minutes et 40
secondes, la
nouvelle de la libération de Guilad se
précise de
plus en plus pour ces prochains jours. C’est la joie en Israël et dans
le monde
juif.
Joie
mêlée de tristesse et de colère
(compréhensibles) de la part des familles des
victimes des terroristes qui seront libérés.
Joie
mêlée de tristesse et de colère
(compréhensibles) de la part de la famille de Ron
Arad dont c’est dans quelques jours le 25ème anniversaire de
sa
capture.
Joie
mêlée de tristesse et de colère
(compréhensibles) de la part des familles de Vadim Norzich
(Z’’L) et
Asi Avrahami (Z’’L), ces 2 réservistes lynchés à
Ramallah il y a juste 11 ans, le 12
octobre 2000.
Joie
mêlée de tristesse et d’amertume (compréhensibles) de certains se souvenant
qu’avant,
Israël, pour libérer ses otages, tuait les terroristes alors que depuis
quelque
temps il (Israël) les libère !
Que pouvait
faire M.
Netanyahou, la situation étant plus que cornélienne !
Mais il est
vrai que même
si la joie domine, d’autant plus que la nouvelle nous arrive pendant
nos solennités
de Tichri,
elle est quelque peu atténuée par le fait que 1.027 prisonniers arabes,
que des
gens appellent « palestiniens », vont se retrouver dans la
nature
malgré toutes les précautions prises par le gouvernement israélien pour
cette
tractation.
Le prix est
certes
élevé, très élevé même mais certainement
pas trop élevé. En effet, c’est une mitzva, chez les
Juifs, comme
écrit plus haut, que de libérer les prisonniers même si le
« prix à
payer » est fort, même si, dans le cas de notre Fils et Frère Guilad, parmi les « libérés » arabes
certains
reprendront leur sinistre « travail » (et de ne pouvoir
m’empêcher de
penser, au risque de choquer, que si la peine de mort existait en
Israël, nous
n’en serions pas là !), même si cet « échange » risque
d’encourager les organisations terroristes à enlever d'autres
Israéliens, la
voie étant tracée.
Consolons-nous
en pensant que Guilad sera libre et que ce
sera en
tout cas plus d'un millier de terroristes arabes qu'Israël n'aura plus
à « entretenir »
(nourriture, télévision, études, téléphone voire internet, linge,
aménagement
de locaux pour les visites des familles.......), enfin tout ce que le
malheureux Guilad, retenu par des
sauvages, n’aura
pas eu droit pendant plus de 5 ans !
Pour l’aboutissement
de cet « échange », les dirigeants arabes crient victoire
mais on
peut quand même constater qu’un
terroriste arabe n'équivaut même pas à 1/1.000 d'un militaire
israélien.
Reconnaîtraient-ils donc par là, ces dirigeants terroristes, la très
nette
supériorité des Israéliens…………..et des Juifs ?
Nous en
avions d'ailleurs eu la preuve lors des récentes attributions des Prix
Nobel,
attributions qui ne font en aucun cas partie d'un « complot
juif »,
n’en déplaisent à certains et même à « beaucoup de certains »
si
j'ose m'exprimer ainsi !
Attendons
maintenant de voir bientôt Guilad sous la Soucca avec sa
courageuse famille et ses amis (la Soucca,
cette habitation précaire certes mais plus
confortable que son horrible cachot) et à la Synagogue pour Simhat Thora
afin de danser et chanter avec lui. Attendons de lui dire
« Barouch
Aba » (bienvenue). Pour l’instant,
chantons avec Aviv Gueffen
« Tu reviendras, tu reviendras ».
http://www.youtube.com/watch?v=cOm1XAoEHhw
Je voudrais terminer ce long
texte (mille excuses) en rendant hommage à M. Serge Benattar (Z’’L) qui nous a récemment quitté. En
effet, en première page d’Actualité Juive,
sa création, il a chaque semaine demandé la liberté pour Guilad Shalit,
comme il le fit
pour Ehud Goldwasser et Eldad
Gegev (avant que nous apprenions leurs
décès) et pour
les 13 Juifs d’Iran injustement emprisonnés.
Nous souhaitons tous, enfin
et surtout, que Guilad puisse surmonter
les séquelles
de ces 1.934 jours de détention (au 12 octobre) entre les mains de ces
terroristes sans foi ni loi. Nous souhaitons tous pouvoir bientôt
visionner une
vidéo qui complètera celle-ci !
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=R8GDY2sPdJY#!
Charles Etienne NEPHTALI
Le 12 octobre 2011
_____________________________________________
(1)
Et
non Inch
Allah, comme scandaleusement prononcé, dans la Synagogue de
surcroît, par
certaines personnes, pas âgées du tout.
(2)
Donc
tous nos ennemis que
nous assimilons au Léviathan, ce légendaire monstre marin incarnant le
mal qui
sera immolé à la fin des temps et dont la peau servira à la
construction de la Soucca des temps
futurs, ce monstre dont il est dit
que sa mort mettra fin au mal dans le monde.
(3) Le 20 août 1997, j’adressais à Madame Myriam Baumel, la Mère de Zacharie Baumel enlevé 15 ans auparavant, une lettre en réponse à son émouvante déclaration selon laquelle elle « avait l’impression que peu à peu tout le monde se [désintéressait] de son drame », lettre dont je reproduis ci-dessous quelques extraits.
(4)
Un
Rabbin, illustrant ce
commandement, nous contait cette histoire quelque peu naïve : des
habitants d’un Shtetl voulant
passer
sur l’autre rive d’une rivière, payèrent leur place sur une petite
embarcation.
Au milieu du cours d’eau, l’un d’entre eux sorti un vilebrequin (nous
dirions
aujourd’hui une perceuse sans fil) et commença à percer un trou sur le
fond de
la barque, entre ses pieds. Les autres passagers l’invectivèrent, lui
demandant
ce qu’il était en train de faire. « Un trou car cette place, je
l’ai
payée et elle m’appartient » leur répondit-il. L’embarcation
coula,
tous se noyèrent.
Chère Madame Myriam Baumel,
……..malheureusement, chère Madame Baumel,
j’en arrive à avoir la même impression que vous.
……..n’étant
pas Israélien, je ne me permettrais pas de porter un jugement sur
l’attitude
des Israéliens comme le firent récemment certains journalistes et
historiens.
Mes critiques vont vers les Juifs en général et les Juifs de France en
particulier.
Personnellement,
Madame, même très difficilement, j’imagine
votre angoisse en pensant au mauvais sang que nous nous faisons ne
serait-ce
que lorsqu'un proche a du retard pour rentrer à la maison ou en pensant
à la
contrariété que nous éprouvons lorsqu'un proche n'est pas là pour un Chabbat ou une fête.
Personnellement, Madame,
même très difficilement, j’imagine ce que vous devez éprouver vous-même
ainsi
que les Pères, Mères, sœurs, frères ou fille (dans le cas de Ron Arad
et de sa
fille Youval).
Vous avez raison, Madame,
de préciser que « le temps ne travaille pas pour les captifs ».
Vous avez également raison lorsque vous affirmez que, « tant à
gauche
qu’à droite, les responsables politiques ainsi que l’Armée évoquent
parfois
divers motifs pour laisser de côté ce douloureux problème des soldats
disparus ».
Vous avez raison, Madame,
de dire « qu’il est lamentable de porter crédit à ce que peut
dire un
Arafat dans le domaine des disparus et dans beaucoup d’autres,
d’ailleurs ».
Vous avez raison, Madame,
de dire « que rien ne doit être concédé à l’OLP tant que de
véritables
informations sur nos soldats disparus n’auront pas été obtenues ».
Oui, chère Madame, chaque
Juif à travers le monde se doit de se sentir
concerné par votre
drame et celui des familles de Zvi Feldman, de Yehouda
Katz et de
Ron Arad, la libération des captifs étant une très grande mitzva
que nos Sages ont considérée comme prioritaire, mitzva
passant même avant celle qui consistait à construire une Synagogue.
……….. il ne faut pas que votre famille ainsi
que les familles Feldman, Katz et Arad
« ne
pleurent pas dans la solitude, afin que Zacharie, Zvi,
Yehouda et Ron ne soient pas abandonnés,
livrés à
leurs pleurs et à leur solitude en des lieux inconnus mais sûrement
hostiles ».
……….. non, Myriam (permettez-moi de
vous appeler par votre prénom, qui est celui d’une femme courageuse et
célèbre
de notre Histoire), vous et toutes les autres Mères, ne soyez plus
seules à
pleurer. Je pleure avec vous……………….
……………………
Charles Etienne
NEPHTALI
Le 20 août 1997