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Quartette ou quatuor : une musique insipide
Par David Ruzié, professeur émérite des universités et spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 15 décembre 2011

Créé, en 2002, le Quartette ou Quatuor pour la paix au Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, ONU et Union européenne) s’est réuni, hier, pour la xème fois, cette fois, à Jérusalem et rencontré, séparément, représentants palestiniens et israéliens.

Compte tenu de l’emploi du temps très chargé d’Hilary Clinton, Sergueï Lavrov, Ban-Ki-moon et Catherine Ashto, le Quartette/Quatuor s’est réuni, à nouveau, au niveau des émissaires de ces hautes personnalités pour « entonner » la même rengaine, maintes fois répétée : ils ont, en effet, « réitéré l’appel aux parties pour créer un environnement propice à la reprise des pourparlers et exhorté les parties à s’abstenir d’actions provocatrices ».

Lors d’une précédente réunion, en septembre dernier, ils s’étaient, pourtant imprudemment, aventuré vers l’idée d’un accord avant la fin 2012…….

De fait, depuis sa mise en place, sans texte, ni règles de fonctionnement, le Quartette/Quatuor, pourtant assisté, depuis 2007, d’un « envoyé spécial », en la personne de l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair, n’a guère fait progresser le processus de paix.

Même la « Feuille de route », adoptée, en avril 2003, est restée….. « feuille morte ».

Elle prévoyait qu’à l’issue de sa troisième phase (2004-2005), un accord sur le statut permanent mettrait fin au conflit.

Il est vrai que la fixation d’un terme à la négociation n’a jamais porté chance aux protagonistes.

Déjà, en 1993, après les accords d’Oslo, la Déclaration de principes, signée à Washington le 13 septembre 1993 en présence de Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, de Yasser Arafat, Président du comité exécutif de l’OLP et de Bill Clinton, Président des États-Unis, ayant instauré, en principe, un mode de négociations pour régler le problème, avait, déjà, laissé entrevoir un règlement définitif après une période de 5 ans.

1998, 2005 sont loin derrière nous et tout reste à faire et l’échéance de 2012 apparaît tout aussi irréaliste, tant les points de vue des deux Parties sont éloignées.

Il suffit de relever que dès le début de la première phase de la « Feuille de route » d’avril 2003, qui aurait dû se terminer en juin 2003, les dirigeants palestiniens auraient dû « diffuser une déclaration sans équivoque réaffirmant le droit d’Israël à exister en paix et en sécurité et demandant un cessez-le-feu immédiat et sans condition pour mettre fin aux activités armées et à tous les actes de violence dirigés contre des Israéliens en quelque lieu que ce soit. Toutes les institutions officielles palestiniennes mettent fin à toute provocation contre Israël ». Les Palestiniens auraient dû déclarer clairement la cessation des actes de violence et de terrorisme et faire des « efforts visibles sur le terrain en vue d’entraver et d’empêcher l’action des individus et des groupes qui préparent et lancent de violentes attaques contre des Israéliens en quelque lieu que ce soit et en vue de les arrêter »

Huit ans après on en est encore loin : le comportement de l’une des deux parties du camp palestinien – le Hamas – contestant le droit à l’existence de l’Etat d’Israël, qu’attestent les actions terroristes tolérées, sinon organisées, par le mouvement depuis la Bande de Gaza et la propagande officielle anti-israélienne, ouvertement organisée en Cisjordanie, sous l’emprise de l’Autorité (sic) palestinienne témoignent de la mauvaise volonté du camp palestinien.

L’absence presque totale d’actions terroristes, depuis quelque temps, à partir de la Cisjordanie est davantage due à l’impact de la « barrière de sécurité » qu’à l’action de l’Autorité (sic) palestinienne.

Contrairement à une opinion trop largement répandue dans la société internationale, Mahmoud Abbas n’est pas un modéré. Il y a, près de 4 ans déjà, nous évoquions, ici-même, un « Janus à deux têtes ».

Cet homme tient manifestement un double langage : l’un lorsqu’il est à l’extérieur et l’autre chez lui et sa manière d’agir (hommage rendu aux terroristes, déclarations d’hostilité à Israël) est sans équivoque.

Nul être humain n’étant parfait, il est certain que des critiques peuvent être adressées, également, à Israël, mais, mis à part une frange largement minoritaire, les Israéliens ont admis l’idée de deux Etats.

Même l’actuel Premier ministre s’y est officiellement rallié et on ne peut lui attribuer aucun acte d’hostilité à l’égard du camp palestinien.

Tout au plus – ce que d’aucuns appellent des actes de provocations – peut-on regretter des maladresses.

Selon la Feuille de route, les dirigeants israéliens devaient diffuser une déclaration claire affirmant leur attachement à la conception de deux États, dont un État palestinien indépendant, viable et souverain vivant en paix et en sécurité aux côtés d’Israël, comme l’avait énoncé le président Bush, et demandant la cessation immédiate des actes de violence dirigés contre des Palestiniens en quelque lieu que ce soit. Toutes les institutions officielles israéliennes devaient mettre fin à toute provocation contre les Palestiniens.

C’est bien ce qui s’est produit, même si on peut regretter que les violences et autres brimades dirigées contre des Palestiniens et émanant de particuliers auraient pu et dû être réprimées plus sévèrement et plus rapidement.

Les actions qu’à l’instar d’hommes politiques, voire de ministres israéliens, nous qualifierons de « terroristes » mettent en danger le caractère démocratique de l’Etat d’Israël et il est heureux que le gouvernement ait décidé de sévir quelle que soit la qualification qu’il entend donner à ces actes.

Dans un pays démocratique, le dernier mot doit rester à la loi, de telle sorte que toute implantation illégale devrait être immédiatement démantelée et toute opposition à la loi poursuivie. Les exactions au nom d’un prétendu « prix à payer » sont intolérables.

Pour en revenir au Quartette/Quatuor, au lieu de s’en tenir à condamner, périodiquement, la politique de constructions dans les Territoires, les « 4 » devraient également appeler l’attention des Palestiniens sur le fait que la solution des deux Etats repose sur l’idée, qui a prévalu, lors de l’adoption du plan de partage de 1947, que, sur la base du droit à l’autodétermination, les Juifs avaient droit à un Etat, au même titre que la population arabe du territoire, et que par voie de conséquence rien ne devait s’opposer à ce que l’Etat d’Israël soit, effectivement, l’Etat des Juifs.

Cela couperait court, ainsi, même implicitement, à la revendication totalement infondée, en droit international, d’un « droit de retour » des « réfugiés » palestiniens.

Heureusement que dans le Quartette/Quatuor, les Etats-Unis font, régulièrement entendre une « musique » légèrement dissonante, car, sinon, on pourrait craindre que les trois autres, peu enclins à une véritable empathie à l’égard d’Israël, n’adoptent des positions plus déséquilibrées.



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