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Pas de vainqueurs dans la défaite d’Olmert
David Horovitz , JERUSALEM POST | Adaptation française de Sentinelle 5768 ©
Article mis en ligne le 3 août 2008

Ehud Olmert s’est rendu à l’inévitable avec réticence mercredi soir. Mais il ne devrait pas y avoir de réjouissance en Israël pour son départ imminent. Luttant pour survivre dans une région débordant d’extrémistes impitoyables flairant sans cesse des signes de vulnérabilité, Israël ne peut jamais se permettre un vide à la barre.

Et encore moins aujourd’hui, avec le Hamas se renforçant à Gaza, empêché seulement par Tsahal de répéter son coup de force sur la Rive Occidentale ; avec le hezbollah réarmé et doublement dangereux, et l’Iran enhardie manipulant ces deux tenailles, tout en avançant constamment vers une maîtrise du nucléaire.

Olmert aura été faux jusqu’au bout, apparemment encore incapable d’intégrer que le simple fait d’affirmer de façon répétée des « réalisations » ne les rend ni tangibles, ni concrètes. Il était légitime en saluant les progrès de son gouvernement dans plusieurs domaines, notamment dans sa gestion de l’économie - y compris l’attribution de davantage de ressources pour Tsahal, la réduction du chômage, et le maintien d’une stabilité financière d’ensemble,=2 0au moment où une grande partie de l’Occident s’oriente vers la récession. Le premier ministre a été sans doute le membre le plus malin du cabinet concernant la compréhension des dilemmes économiques, et l’évaluation de la politique la plus appropriée, et son acuité dans ce domaine manquera.

Il a eu raison aussi, bien sûr, de déclarer dans son discours d’adieu amer mais finalement digne d’un homme d’Etat, que la tâche la plus cruciale des gouvernements d’Israël est de maximiser la sécurité de l’Etat et de ses citoyens, en achevant un réseau de relations normalisées avec les voisins immédiats, et les intervenants régionaux plus distants.

Mais le gouvernement Olmert, contrairement à ce que le premier ministre sortant aurait voulu nous faire croire, n’a pas dissipé la menace du Nord, où le hezbollah a survécu pendant la guerre d’un mois en 2006, qui définit la triste position d’Olmert au poste de premier ministre. Au Sud, où un fragile « cessez-le-feu » tient actuellement, le Hamas utilise ouvertement son immunité face aux poursuites de Tsahal, pour doubler ses capacités militaires, distribuant sans vergogne cette semaine un reportage de fabricants de roquettes motivés au travail dans des ateliers souterrains, peaufinant sa capacité de tuer et d’estropier nos citoyens au moment et sur les cibles de son choix.

En choisissant d’abandonner la doctrine de son mentor Ariel Sharon, déclarant qu’il y avait plus à perdre qu’à gagner pour Israël en cherchant un rapprochement avec la Syrie, Olmert n’est parvenu jusqu’à présent qu’a irriter l’administration Bush en permettant la réhabilitation internationale d’un président Bashar Assad non repenti.

Et comme ce qu’il considère exactement comme l’effort critique pour parvenir à un progrès substantiel dans des négociations avec l’Autorité Palestinienne pâlissante de Mahmoud Abbas, la prétention d’Olmert, insistante et répétée, que les deux parties sont plus proches que jamais d’un accord, ne peut tout simplement pas être rapprochée des compte-rendu provenant des négociations - le sentiment d’impasse, de frustration, et de fossés sur des questions clés, notamment mais pas seulement sur Jérusalem, qui demeurent sans aucune résolution.

Parmi les aspects les plus malheureux de la disparition politique d’Olmert, il y a certainement la relation particulièrement forte qu’il a forgée avec George W. Bush, qui est de son côté un défenseur particulièrement chaleureux et engagé d’Israël. Et le premier ministre a eu raison de souligner, comme il l’a fait de nouveau mercredi, que la présidence Bush a été une structure de soutien idéal sur laquelle il fallait essayer de construire un accord permanent avec les Palestin iens.

Olmert a essayé de mettre l’accent au maximum sur la sympathie ostensible de Bush pour un Etat d’Israël dont les dimensions permanentes s’étendent au-delà de ses frontières de 1967 à quelque distance vers la Rive Occidentale - en se fondant sur la lettre présidentielle de 2004 à Sharon, dans laquelle Bush écrivait sur « de nouvelles réalités sur le terrain », rendant irréaliste d’attendre que le résultat des négociations sur le statut final serait un retour complet et entier aux lignes d’armistice de 1949 ».

Et on ne peut pas douter de l’exactitude de l’affirmation du premier ministre : dans un entretien dans ce journal en janvier, du fait que les autres dirigeants et amis d’Israël dans le monde, quand ils envisagent le futur d’Israël, le font fermement sur la ba se du 1967 plus que « 67 plus ».

Le récent flot de personnalités éminentes qui sont passées à Jérusalem - dont Nicolas Sarkozy, Barack Obama, et Gordon Brown - ont unanimement proclamé leur soutien inébranlable à Israël, leur croyance en la proche possibilité d’un accord de paix avec les Palestiniens... et leur conviction qu’il doit être fondé sur les paramètres de 1967. A la Knesset lundi dernier, par exemple, le britannique Brown a pressé Israël de saisir l’opportunité d’une solution pacifique à deux Etats « fondée sur les frontières de 1967... avec un Etat de Palestine pacifique, démocratique et au territoire viable, qui vous accepte comme ami et partenaire... avec Jérusalem comme capitale pour les deux », un « règlement juste et accepté pour les réfugiés » et « un gel et un retrait des implantations de la part d’Israël... ».

Alors naturellement, Olmert veut profiter au maximum du mandat de Bush, et a juré mercredi de continuer, au cours de ses dernières semaines à son poste, de travailler à des progrès substantiels sur le front palestinien - s’accrochant à la perspective qu’une espèce de « document d’étape », ou un document « d’interprétation conjointe » peut être formulé dans le futur proche.

Ce dont Olmert doit se garder, parce qu’il cherche inévitablement à arracher une espèce de « victoire » diplomatique et d’héritage, des mâchoires de son amère défaite personnelle et politique, c’est la tentation d’approuver des concessions qu’il aurait rejetées dans des circonstances personnelles différentes - c’est-à-dire la tentation de répéter la caractéristique présumée qui a déclenché sa disparition de la scène politique : s’écarter des paramètres de ce qui convient, puis tenter de manipuler adroitement l’entorse20avec une dextérité juridique doucereuse.

Le Peuple d’Israël ne pensait pas, je crois, pousser un soupir de soulagement collectif au spectacle d’Olmert convenant publiquement de sa situation impossible mercredi soir. Alors que certains ont pu se réjouir, je soupçonne que davantage ont observé avec chagrin ce spectacle, comme la nécessité inévitable que le premier ministre l’ait accepté avec quelque retard, mais, par bonheur, l’ait accepté sans le recours nauséeux à une contre-attaque hystérique à laquelle s’est livré l’ancien président Moshe Katsav.

Il n’y a certainement pas de sentiment national profond que maintenant, avec Olmert sur le départ, le salut est imminent. La principale prétention de Tzipi Livni à l’affection du public semble être qu’elle n’est pas Olmert - qu’elle est plutôt, un parangon de déc ence personnelle, calmement consciencieuse, résolument sans éclat.

« Mr. Sécurité » Shaul Mofaz, dans le même temps, porte le stigmate d’ancien chef d’Etat Major Général et de ministre de la défense au temps des défaillances stratégiques révélées lors de la Seconde Guerre du Liban, et porte la rare distinction d’avoir impétueusement lâché le parti Likoud pour Kadima, au moment même où son appel aux membres du Likoud de rester au parti était expédié par son courrier électronique.

Et si c’est finalement Benjamin Netanyahou qui retourne au poste de premier ministre, il n’est pas porté par des vagues d’enthousiasme national, mais bénéficie plutôt du cycle lamentable de la politique israélienne, dans laquelle la stratégie la plus longtemps discréditée auparavant devient la plus populaire simplement par la ver tu du passage du temps : s’être accroché durement avec Netanyahou a ouvert la voie à la négociation avec Ehud Barak, puis l’unilatéralisme avec Sharon et Olmert, et nous pouvons bien recommencer un cycle.

Concédant la défaite, même s’il s’est insurgé contre elle, Olmert a insisté mercredi soir du fait qu’il pourrait apporter des réponses « satisfaisantes » à toutes les accusations qui ont été dressées contre lui. Il s’est plaint de plus que comme premier ministre, il a été traité « sous la loi » - se voyant dénier l’opportunité de se défendre, et la présomption d’innocence.

Il est difficile d’accepter cette assertion d’innocence blessée avec les manœuvres dilatoires poursuivies par ses avocats, les dissimulations et le recours au silence aux interrogatoires de la police emplo yés par certains de ses collègues ; le contenu des transcriptions ayant ‘fuité’ (que nous n’aurions jamais dû voir) de ses propres réponses évasives aux interrogatoires, et le fait qu’un premier ministre dispose d’un accès unique à absolument tout le réseau de communications par lequel il pourrait avoir décidé de se faire le champion de son intégrité.

L’affirmation que c’est un dossier de justice déjà jugé sonne faux. Il est démontré que le public était préparé à maintenir la présomption d’innocence quand des allégations de corruption ont tourbillonné autour d’une succession de premiers ministres. Olmert au contraire a été poussé à la sortie politique, par la combinaison de l’absence de confiance publique dans son expertise, et par l’accumulation même de scandales et de diversion judiciaires - la méfiance engendrée par sa direction déficiente de la guerre contre le hezbollah, aggravée par un souci sincère du public qu’il ne pouvait pas consacrer 100 %¨de son attention à sa fonction, tou t en jonglant simultanément avec son affolante panoplie de mises en causes judiciaires. Cependant, si le déferlement d’accusations qui sont dressées contre lui s’avèrent être plus une taupinière qu’une montagne, les autorités légales, et par extension les media, devront se défendre elles-mêmes de l’accusation de complicité de chasse à courre contre un premier ministre démocratiquement élu à son poste.

Olmert a déclaré mercredi qu’il espérait que son dossier, et son destin, pourraient arriver à un tournant - poussant au redressement d’un « équilibre ». Son successeur ferait bien d’observer outremer pour chercher l’inspiration, et pourrait envisager d’adopter une formule suivant laquelle l’enquête sur certaines accusations liées à la période avant qu’un politicien ne devienne premier ministre soit suspendue jusqu’à la fin de son mandat à son poste.

Mais son successeur bien sûr, sera largement préoccupé de conserver le pouvoir dès le premier jour, comme Olmert l’a été, dans un système qui recrache tout sauf les candidats à la peau la plus épaisse, puis conspire à leur dénier la capacité de gouverner effectivement. La période malheureuse de gouvernance d’Olmert tire maintenant à sa fin. Hélas pour Israël, les défis auxquels il a fait face avec un succès si discutable, et le système politique impraticable dans lequel il devait opérer, sont toujours les nôtres.



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