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Paix contre territoires ? Non, paix contre paix
Par Maître Bertrand-Ramas-Muhlbach pour : lessakele et aschkel.info
Article mis en ligne le 24 mai 2010

Lors des cérémonies de commémoration de la seconde guerre mondiale célébrées à Moscou ce 18 mai 2010, le Président israélien Shimon Pérès a transmis les conditions d’une éventuelle paix avec la Syrie au Président russe Dimitri Medvedev, qu’il a chargé de soumettre au Président syrien Bachar Al Assad, deux jours plus tard, lors de son séjour à Damas. Selon le journaliste libanais qui a recueilli les propos, il s’agirait d’une réitération de l’offre faite par le passé concernant un abandon du Golan en contrepartie de la Paix, exprimée de façon extrêmement nuancée : « il n’est pas concevable que la Syrie obtienne le Golan et qu’elle reste l’alliée de l’Iran ».

Le Président israélien a alors rappelé le caractère récurrent de la proposition faite par différents Premiers Ministres israéliens sur ce point : « cinq Premiers Ministres ont déjà montré leur volonté d’aller très loin dans les concessions envers la Syrie pour arriver la paix ».

Bien que cette suggestion n’ait pas été confirmée de manière officielle, ni par le Président Shimon Pérès israélien, à son retour de Russie (il n’a d’ailleurs pas qualité pour décider d’une remise en cause de l’intégrité territoriale de l’Etat juif), ni par le Premier Ministre Netanyahou, il conviendrait d’apporter quelques précisions sur le principe de l’échange de territoires contre la paix.

La technique a effectivement fonctionné avec l’Egypte lors de la signature des accords de Camp David (17 septembre 1978) qui ont été suivis du traité de paix signé le 26 mars 1979, accompagné d’un retrait du Sinaï. Shimon Pérès, alors chef de l’opposition travailliste avait, d’ailleurs, joué un rôle-clé en convaincant les instances dirigeantes du parti de soutenir les accords. Pour autant, il n‘est pas certain que le principe puisse être aisément généralisé. Dans le cas de l’Egypte, le principe de la paix en contrepartie de la terre a pu être mis en place et appliqué compte-tenu de la personnalité et de la fiabilité du Président égyptien Anouar Al Sadate et de l‘équipe dirigeante ultérieure. Rappelons, néanmoins, qu’il n’a en rien participé d’un grand mouvement pacifique ou d’une volonté unanime du peuple arabe égyptien. Le Président Sadate en a d’ailleurs cruellement fait les frais le 6 octobre 1981, lorsque les terroristes islamistes l’ont assassiné pour ne lui avoir pas pardonné la réconciliation avec Israël. Par la suite, l’accord a été respecté grâce au système politique de type dictatorial mis en place, qui ne permet pas à la population locale de le remettre en question, bien qu’elle ne se sente nullement engagée par les choix présidentiels. Notons enfin que le principe de la paix entre Israël et l’Egypte n’est pas définitivement acquis côté égyptien, sa remise en cause étant indirectement l’un des thèmes de la prochaine campagne présidentielle en Egypte (fin 2010) avec le principe du soutien (par l’opposition) des Palestiniens de la bande de Gaza.

Inversement, il est important de noter que la paix peut parfaitement être signée avec un pays arabe sans qu’elle ne s’accompagne de concessions territoriales. C’est d’ailleurs ce qui s’est produit dans le cas de la paix signée avec la Jordanie le 26 octobre 1994 (Shimon Pérès étant alors Ministre des Affaires Etrangères au moment des négociations). Dans ce cas, non seulement Israël n’a pas lâché un pouce de terre, mais en outre, c’est exactement le contraire qui s’est produit : le Royaume Hachémite a d’abord décidé, en 1988, d’abandonner la souveraineté sur la Cisjordanie et sur la partie Orientale de Jérusalem, annexées en 1950, avant d’offrir la paix a Israël. Il y a donc eu de la part de la Jordanie, renonciation à souveraineté sur une partie du territoire avant la signature du traité de paix. Le principe de la paix gagnée sans concessions territoriales ne présente pas, non plus, un caractère définitif puisqu’elle a été imposée par un système dictatorial et qu’elle ne reflète pas une expression populaire unanime. De plus, la position de la Jordanie dans sa relation avec Israël a toujours été empreinte d’ambigüité concernant le statut de Jérusalem. A l’origine, la Jordanie (comme aucun pays arabe) n’a jamais accepté larésolution 181 de l’Assemblée générale en date du 29 novembre 1947, concernant le plan de partage de la Palestine. Elle s‘est donc permise en 1950, d‘annexer la Cisjordanie et la partie orientale de Jérusalem (sans, d‘ailleurs, que la communauté internationale ne s‘en émeuve). Cette annexion était pourtant contraire aux dispositions de l’article II de la résolution 181 concernant le statut spécial de Jérusalem et la décision de créer un secteur démilitarisé constituant une entité distincte sous l’égide du Conseil de tutelle des Nations Unies. Elle était également contraire à la résolution 194 (III) du 11 décembre 1948 de l’Assemblée générale qui a réaffirmé le nécessaire placement de Jérusalem sous le contrôle effectif des Nations Unies. La Jordanie a simplement pris soin de préciser que l‘annexion en 1950 ne préjugeait pas du statut futur de Jérusalem. Par la suite, les guerres menées par la Jordanie contre Israël en 1967 et 1973 ne l’étaient pas spécialement pour organiser un partage de la ville entre juifs et Palestiniens mais simplement pour anéantir l‘Etat juif. Plus tard, la Jordanie a indiqué en 1988, que l’abandon de souveraineté sur la Cisjordanie et Jérusalem ne préjugeait pas du sort de Jérusalem comme si elle pouvait en décider alors que la ville était repassée sous souveraineté israélienne depuis 1967. En tout état de cause, rien n’interdit au peuple palestinien de Jordanie (qui représente 85 % de la population locale) de remettre en question le principe de la paix avec Israël s’il parvient à prendre le contrôle du pouvoir qui se trouve entre les mains de la dynastie hachémite.

Avec la Syrie, la paix ne devra pas être échangée contre des territoires, ni dans un sens ni dans l’autre, mais contre un engagement de paix réciproque. Il convient simplement de faire application des dispositions de la Loi juive qui impose l’équilibre des prestations, fondement du mécanisme de la responsabilité. Lorsqu’il survient un dommage, la réparation n’est pas le résultat d’une vengeance mais s’inscrit dans le cadre d’une recherche de l’équité, c’est-à-dire être équivalente au dommage causé : « s’il y a un accident, tu donneras vie pour vie, oeil pour oeil, dent pour dent, main pour main, pied pour pied » (Exode, 21, 23-24).

C’est encore cette règle qui doit être appliquée dans les accords de paix avec la Syrie. Nul besoin de céder le Golan, ni de penser que les gestes de bonnes volonté israéliens seront récompensés par une prise de conscience syrienne sur la nécessité de vivre en bonne intelligence. C’est exactement le contraire qui pourrait se produire pour une bonne raison : si Israël ne se respecte pas et ne respecte pas son histoire, il ne pourra l’être par ses voisins.

En cas de transfert de souveraineté du Golan à la Syrie, le plateau serait immédiatement occupé par le Hamas et le Hezbollah (contre la volonté et à l’insu du Président Syrien, bien entendu), qui mettront en danger les populations juives situées en contre bas.

Il appartient donc à l’Etat juif d’entreprendre un devoir pédagogique pour faire entendre à ses ennemis que l’objectif d’éradication d’Israël n’est pas réalisable, voire qu’il constitue une erreur de jugement. Les peuples arabes doivent comprendre que les discours des leaders charismatiques, ennemis d’Israël, ne sont que des mensonges visant à assoir un pouvoir, des prérogatives et une domination qui ne va pas dans le sens de l’histoire : l’humanité repose sur la raison, non sur la force. Le processus d’intoxication culturelle anti-juive qui permet d’institutionnaliser la violence contre Israël pourra alors disparaître tout à fait naturellement.



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