La presse française a fait état, ces derniers jours, des inquiétudes, nées à l’ONU, face à la situation militaire au Liban. De façon curieuse, bien que puisant aux mêmes sources, Le Figaro et Le Monde n’ont pas une vision identique des choses.
Le quotidien du matin titre, le jeudi 25 octobre 2007 : « La Finul lève le pied face à la menace au Liban », tandis que pour le quotidien du même jour, « Le réarmement des milices libanaises alarme l’ONU ».
De fait, Le Figaro met nettement en lumière la confirmation, prévisible, de l’échec de la FINUL (Force intérimaire des Nations Unies au Liban), qui, sur place, depuis 1978, avait, pourtant vu, sa mission « renforcée » en 2006.
Si l’on se reporte aux textes, d’après les résolutions 425 (1978) et 426 (1978) du Conseil de sécurité en date du 19 mars 1978, la FINUL avait été établie pour : confirmer le retrait des troupes israéliennes du sud du Liban ; rétablir la paix et la sécurité internationales et pour aider le Gouvernement libanais à assurer le rétablissement de son autorité effective dans la région.
En réalité, la FINUL, dont les effectifs initiaux dépassaient 6 000 hommes n’a jamais été en mesure de remplir sa mission, ce qui amena Israël a intervenir, une nouvelle fois, en 1982, en territoire libanais et à s’y maintenir, plus ou moins directement, jusqu’à son retrait total à l’été 2 000.
Malheureusement, la situation ne s’améliora pas, bien au contraire - les effectifs étant d’ailleurs ramenés à 3 600 hommes - et ce fut la « guerre du Liban-sud », à l’été 2006, à la suite de l’intensification des tirs de roquettes sur la Galilée et surtout de l’attaque meurtrière d’une patrouille, à l’intérieur d’Israël, et l’enlèvement de deux soldats « au nez et à la barbe » des casques bleus onusiens.
C’est alors que l’Organisation mondiale, consciente des faiblesses (pour ne pas parler de la lâcheté) de la FINUL qui avait, manifestement, voulu ignorer les bases militaires du Hezbollah, construites sous ses yeux, décida, par sa résolution 1701 (2006) du Conseil de sécurité en date du 11 août 2006, de renforcer la mission de cette force.
En plus de l’exécution de son mandat au titre des résolutions 425 et 426 (1978), la Force était censée « contrôler la cessation des hostilités ; accompagner et appuyer les forces armées libanaises à mesure de leur déploiement dans tout le Sud, y compris le long de la Ligne bleue, pendant qu’Israël retire ses forces armées du Liban ; coordonner ses activités relatives à l’exécution du paragraphe ci-dessus avec les gouvernements libanais et israélien ; fournir son assistance pour aider à assurer un accès humanitaire aux populations civiles et le retour volontaire des personnes déplacées dans des conditions de sécurité ; aider les forces armées libanaises à prendre des mesures en vue de l’établissement de la zone mentionnée d’un dispositif de sécurité qui empêche la reprise des hostilités, notamment établissement, entre la Ligne bleue et le Litani, d’une zone d’exclusion de tous personnels armés, biens et armes autres que ceux du Gouvernement libanais et des forces de la FINUL, déployés dans la zone, aider, sur sa demande, le Gouvernement libanais à sécuriser ses frontières et les autres points d’entrée de manière à empêcher l’entrée au Liban sans son consentement d’armes ou de matériel connexe ».
Par cette résolution, le Conseil « autorisait la FINUL à prendre toutes les mesures nécessaires dans les secteurs où ses forces sont déployées et, quand elle le juge possible dans les limites de ses capacités, de veiller à ce que son théâtre d’opération ne soit pas utilisé pour des activités hostiles de quelque nature que ce soit, de résister aux tentatives visant à l’empêcher par la force de s’acquitter de ses obligations dans le cadre du mandat que lui a confié le Conseil de sécurité, et de protéger le personnel, les locaux, les installations et le matériel des Nations Unies, d’assurer la sécurité et la liberté de mouvement du personnel des Nations Unies et des travailleurs humanitaires et, sans préjudice de la responsabilité du Gouvernement libanais, de protéger les civils exposés à une menace imminente de violences physiques ».
Nous avons, déjà, souligné ici même, l’ambiguïté de la résolution 1701 qui n’a pas fondé la mission de la FINUL sur le Chapitre VII de la Charte, qui l’eut autorisé à utiliser la force, de sa propre initiative, pour faire face à une situation menaçant, pourtant, manifestement la paix et la sécurité internationales.
Aussi, au vu des « résultats » après un an d’exercice de ces missions, on serait tenté de résumer la portée de la résolution 1701, par cette formule, politiquement peu correcte, mais correspondant bien à la réalité : bla-bla, bla-bla....
Le Hezbollah est revenu, se réarme et continue à recevoir, par ailleurs, des rames depuis la Syrie.
Le gouvernement libanais n’a pratiquement rien fait (autant parce qu’il ne le voulait pas que parce qu’il ne le pouvait pas) et n’a surtout pas fait appel à la FINUL pour l’assister.
Et pourtant celle-ci est « forte » (sic) de près de 14 000 soldats, personnel civil international et local, qui, pour la période du 1er juillet 2007 au 30 juin 2008, émargent pour près de 750 millions de dollars au budget des Nations Unies (qui consacrent, pour l’instant, un peu plus de 5 milliards de dollars aux 14 opérations de maintien de la paix, effectivement engagées sur le terrain).
Que d’argent gaspillé....
Les 27 pays, dont la France, qui contribuent à la mise sur pied de la FINUL pourraient d’ailleurs, également, faire l’économie des sommes que leur coûtent leurs contingents, car il faut savoir que les Etats contributeurs ne sont, en principe, remboursés par l’ONU que du surcoût provoqué par la mise de leurs forces à la disposition de l’ONU.
Périodiquement le Secrétaire général des Nations Unies s’inquiète de la situation, qui devient de plus en plus explosive, surtout du fait de la paralysie du gouvernement libanais en butte à une opposition, principalement animée par le Hezbollah, soutenu par la Syrie.
Mais, pour faire bonne mesure, tout aussi périodiquement, les instances de l’ONU condamnent le survol du territoire libanais, par l’aviation israélienne, sans vouloir admettre, du moins officiellement, que cette « surveillance » est de nature à empêcher que la remilitarisation de ce que Le Monde appelle pudiquement les « milices libanaises » ne prenne une proportion intolérable pour l’Etat d’Israël.
On serait tenté, à propos de la situation au Liban, comme dans d’autres régions du globe, tel le Darfour, de citer - de mémoire - ce que disait de l’Organisation mondiale, Jane Kirkpatrick, représentante américaine à l’ONU, au début des années 80 : « L’ONU mérite toutes les critiques, mais c’est comme pour la mort et les impôts, il faut savoir vivre avec ».
En tout état de cause, Israël, quel que soit le gouvernement au pouvoir, a toujours été bien inspiré de ne pas compter, pour assurer sa survie, sur l’Organisation mondiale, qui l’avait, pourtant, si l’on peut dire, porté sur « les fonts baptismaux ».
Des paroles (lisez : résolutions) aussi bonnes soient-elles ne peuvent rien, à elles seules, contre des forces du mal.
L’amère expérience au Liban justifie pleinement l’hostilité à la présence d’une force onusienne dans les Territoires.