Ce 6 juin 2010, c’est le cargo portant le nom « Rachel Corrie » (américaine tuée dans la bande de Gaza en 2003), affrété par une organisation irlandaise qui a été intercepté par la marine israélienne au large de la bande de Gaza. Le Ministre des Affaires étrangères Avigdor Liberman avait effectivement prévenu deux jours plutôt qu’il n’était pas question pour ce navire d’accoster, la bande de Gaza étant placée sous embargo.
Ce bateau, qui devait en fait accompagner la flottille humanitaire internationale arraisonnée ce 31 mai 2010, transportait à son bord de l’aide humanitaire et des passagers de marque : l’Irlandaise Mairead Maguire, 66 ans, prix Nobel de la paix et un ex-haut responsable de l’ONU, Denis Hallida. L’opération s’est déroulée sans violence quand bien même le navire a, dans un premier temps, refusé d’obtempérer.
Cette nouvelle opération participe en fait d’une campagne parfaitement mensongère, destinée à installer dans les esprits qu’Israël est responsable du cycle de violence au proche Orient, qu’il opprime le peuple palestinien et qu’il s’oppose à la création de deux Etats pour deux peuples. Les thèmes de la presse internationale au cours de cette première semaine du mois de juin 2010, n’ont laissé planer aucun doute sur la question.
Il en est par exemple ainsi de « l’assaut par l’armée israélienne contre la flottille de la liberté », de « l’attaque d’un convoi humanitaire interdit par le droit international », de « l’appel des députés européens à lever le blocus de la bande de Gaza » (élément fondamental, indispensable et nécessaire du processus de paix israélo-palestinien), de « l’impossibilité de s’approvisionner pour l’un des territoires les plus densément peuplés de la planète où 80% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et qui ne vit que de l’aide internationale » (L’Union Européenne apportant la plus grande contribution), de l’interdiction d’y faire entrer du ciment indispensable pour construire (ou plutôt reconstruire) des bâtiments comme des logements, des hôpitaux ou des écoles.
Ont également été abordés « la situation inhumaine, contraire au droit humanitaire » (d’autant plus intolérable qu’une proportion de 50 % de la population à Gaza est constituée d’enfants qui ne sont pour rien dans le conflit,) « la violence israélienne qui entretient la violence, la peur et la révolte et favorise les extrémistes », voire encore le cas des « victimes tuées par balles à bout portant » (alors que le bateau turc naviguait dans les eaux internationales).
L’assaut israélien apparait donc comme un nouvel acte terrible, une tragédie qui s’ajoute à celles qui ont lieu depuis 62 ans alors que le peuple palestinien de Gaza ne demande qu’à vivre, à exporter ses produits (il ne s’agit pas des roquettes qassam et autres missiles sur le territoire israélien), à faire grandir et à éduquer ses enfants (non pas dans la haine des juifs). Le chef de la diplomatie de l’union européenne Catherine Ashton a alors réclamé le lancement d’une enquête internationale sur les actes de ces commandos israéliens disproportionnés par rapport à la défense des victimes pacifistes, qu’ils avaient les moyens de neutraliser sans tuer. De même, le Ministre français des Affaires Etrangères Bernard Kouchner s’est déclaré « profondément choqué par les conséquences tragiques de l’opération militaire israélienne » tout en condamnant « l’emploi d’une telle violence » et en appelant une réponse politique urgente pour solutionner la situation intenable à Gaza.
La solution qui apparait aux yeux de tous consiste alors à mettre fin à cette spirale de violence, à lever immédiatement et de façon inconditionnelle ce blocus qui permettra enfin la mise en place de deux Etats voisins indépendants et souverains.
Israël est une nouvelle fois discrédité sur la scène internationale par sa violence et son obstination à refuser l’évidence pendant que la Turquie incarne désormais le leader progressiste du monde musulman qui soutient la cause palestinienne tout en alliant tradition et modernité, laïcité et respect des valeurs religieuses.
Il n’a donc pas été question cette semaine, de parler de l’occupation du Nord de Chypre par les forces turques, de la dévastation par l’armée turque de multiples sites archéologiques et religieux, de l’emprisonnement de centaines de chypriotes qui ont disparu dans les prisons turques, ou encore de l’édification par les autorités turques d’un mur coupant l’ile en deux parties.
De même, comme la violence est du côté israélien, l’appel du mouvement islamiste palestinien à l’endroit des arabes et des musulmans à un soulèvement devant les ambassades d’Israël, a été évoqué comme une simple réponse symbolique à ce déferlement de violence israélienne. Il est même apparu normal qu’à Istanbul, on entende les fidèles à la sortie de la mosquée scander « A bas israël », « vas t en de la Palestine », « vive l’intifada globale », « fermeture de l’ambassade sioniste », pendant que le Président turc Abdullah Gul déclarait que les relations entre la Turquie et Israël ne seraient plus jamais les mêmes.
De même, il est fait le moins de publicité possible sur les combats qui ont lieu depuis quelques jours dans le centre du sinaï, et qui opposent les forces égyptiennes aux combattants des tribus bédouines qui font passer des armes pour al quaida dans tout le moyen orient et bien évidemment, à destination du Hamas de la bande de Gaza.
Ainsi, les gaziotes sont présentés comme doublement punis, par le bourreau israélien d’une part, et par la répression locale mise en place par le mouvement Hamas. A aucun moment il n’est évoqué le choix démocratique des gaziotes pour ce mouvement (Hamas) qui appelle à la destruction d’Israël, et qu’ainsi ils ne sont pas les victimes d’une oppression politique qui les dépasse mais bien les acteurs de sa mise en place.
En réalité, si le programme politique du Hamas a pour unique objectif la destruction de l’entité juive au moyen de la guerre, avec un emploi matériel et humain de toutes les forces, les énergies les potentialités pour mener à bien cette mission dont la dimension est religieuse, les raisons en sont multiples.
Il a tout d’abord les raisons matérielles puisque le nombre de palestiniens vivant sur la bande de Gaza exige la conquête des terres de l’Etat hébreu. Par ailleurs, la motivation est géopolitique puisqu’il est impossible de créer un Etat palestinien avec une enclave coincée entre le territoire égyptien et l’Etat juif. Le combat s’inscrit également dans une logique religieuse puisque dans la vérité de l’Islam, la religion de Mahomet doit embrasser le monde, les juifs étant pour leur part maudits par le Ciel. Enfin, il y a une raison qui tient à la fierté dans la mesure où les palestiniens sont nés avec la Charte palestinienne de 1968 qui a, pour la première fois mentionné le peuple arabe palestinien en modifiant celle de 1964. or, si les palestiniens renonçaient à l’objectif consistant dans la libération de la Palestine, cela reviendrait à admettre qu’ils se sont trompés depuis 62 ans et qu’ils doivent oublier ce qu’ils nomment « leurs droits ».
Les palestiniens se verraient alors contraint d’agir comme de nombreuses personnes qui résident en pays musulmans, à savoir quitter l’endroit qu’ils occupent pour aller vivre dans les pays occidentaux où la vie est sensiblement plus confortable en terme de revenus, d’accès aux soins, ou encore de liberté d’expression… En bref, ils devraient tout bonnement quitter ce petit bout de terre qui n’est autre que la porte d’entrée de leur rêve.