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Les politiques occidentales des trois dernières décennies sont-elles à l’origine de l’émergence de l’islamisme radical en Afrique de l’Ouest ?
Pascale Davidovicz
Article mis en ligne le 14 janvier 2013

Elles l’ont, en tous cas, favorisée, et en portent une évidente responsabilité.
C’est la thèse intéressante, et dérangeante, que soutient Jean-François Bayart, directeur de recherche au CNRS, spécialiste de politique comparée, et notamment de l’Afrique, invité de l’émission Le Supplément, aujourd’hui sur Canal +.
M’appuyant sur les différents arguments qu’il avançait, je suis allée à la recherche d’informations pouvant les étayer.

En ce qui concerne la France, il évoque l’échec de la politique africaine des années 80 et 90, et plus récemment la diminution, voire la suppression, des aides sous le gouvernement Sarkozy, englué dans la crise et l’explosion de la dette publique.

Sur le site de l’OCDE en avril 2012, il est indiqué que « l’aide consentie aux pays en développement par les principaux donneurs a reculé de près de 3 % en 2011, ce qui rompt avec une longue succession d’augmentations annuelles et qu’il s’agit là de la première baisse depuis 1997. »

Jean-François Bayart relève également la réforme de la filière coton en Afrique de l’Ouest.

Le coton africain sinistré que dénonçait André Linard dans un article de septembre 2003 du Monde Diplomatique : « Les cours du coton, sur lesquels reposent les économies d’une dizaine de pays africains, sont en chute libre. De plus, le secteur - jusque-là bénéficiaire - a été désorganisé par les privatisations que leur ont imposées les bailleurs de fonds. Ces derniers interdisent tout soutien public à cette économie sinistrée, quand les agricultures du Nord, subventionnées, contribuent à la surproduction mondiale. »

« Cette fois, c’est décidé : la Compagnie malienne des textiles (CMDT) sera privatisée avant la fin 2003. Cette société gère 95 % du coton récolté au Mali, deuxième pays africain producteur après l’Egypte. Il s’agit donc d’une étape importante dans un processus engagé dans toute l’Afrique de l’Ouest sous la pression de la Banque mondiale. »

Le 6 juin 2011, Pascal Coesnon s’interrogeait dans un article intitulé, Où va le coton ouest-africain ? publié sur le site solidairesdumonde.org :
« Depuis 2004, la filière coton de l’Afrique de l’Ouest est confrontée « à une crise profonde et multiforme », indiquait en mars 2010 l’Association cotonnière africaine (ACA) lors de ses huitièmes journées à Yaoundé. Entre les campagnes 2004-2005 et 2008-2009, la production a chuté de moitié, passant de 1,2 million de tonnes à 600 000 tonnes. »

« Par ailleurs, Les producteurs africains se plaignent également de subir les conséquences des subventions accordées par les nations industrialisées à leurs filières en favorisant le maintien de la production dans des pays où les coûts moyens de production sont supérieurs aux prix du marché. »
La conséquence pour Jean-François Bayart en est l’exode rural vers les villes.

Et ce sont bien les villes du nord du Mali que les islamistes ont investies et où ils ont imposé la charia et voilé les femmes maliennes peu enclines à des vêtements imposés.

Les femmes, particulièrement ciblées, sont l’objet de viols collectifs dénoncés dès avril 2012 sur le site africanouvelles.com.
Les hommes soupçonnés de vol ont, quant à eux, la main sciée au couteau de boucher.

Nous apprenons de Jean-François Bayart que les djihadistes maliens se fournissent en carburant en Algérie, et que l’arsenal qui a accueilli les troupes françaises provient de Lybie où la France l’a généreusement laissé sans contrôle !

Enfin, il évoque le désengagement social français laissant la voie libre à la générosité toute intéressée des réseaux islamistes radicaux dans les banlieues, financée par le Qatar et l’Arabie Saoudite, comme le dénonçait Yves Bonnet, ancien chef de la DST, dans un article du journal Le Monde du 8 octobre 2012.

Comment s’étonner alors que de nombreux français, d’origine arabe, figurent au sein des groupes djihadistes au Mali et ailleurs ?
Et avant de critiquer les interventions américaines, certes parfois mercantiles, la France ferait bien de s’interroger sur les conséquences de sa politique et de celle de l’Europe.



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