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Les diplomates ont-ils du cœur ?
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 18 juillet 2008

Les médias non-juifs ne se sont guère étendus pour souligner le geste plus que généreux accompli par les Israéliens, qui ont accepté d’échanger au moins un assassin contre le corps de deux soldats, enlevés au mépris des règles du droit international et dont on ignore, encore, les conditions de la mort.

Mais, après tout, on a pris l’habitude de voir les médias, s’intéresser davantage au sort des Autres qu’à celui des Israéliens.

L’AFP n’est-elle pas allée jusqu’à souligner, de façon indécente, que l’enlèvement de Ehud Goldwasser et Eldad Regev avait provoqué la mort de 1 800 « civils » ( ?) libanais, en 2006.

Mais, nous avouons avoir été choqué par la façon, dont Ban-Ki-moon, secrétaire général des Nations Unies voyait, lui-même, les choses.

Dans un communiqué, diffusé par son service de presse, hier, il s’est déclaré « encouragé par l’échange de prisonniers entre Israël et le Hezbollah ».

Où diable l’ancien diplomate sud-coréen a-t-il vu des prisonniers israéliens échangés contre des prisonniers libanais ?

Il est vrai que Ban-Ki-moon, sans doute encore étourdi par la réception que lui a réservée Nicolas Sarkozy, il y quelques jours, a même lu dans les textes ce qui n’y figure pas.

C’est ainsi qu’il a, certes, heureusement espéré la libération du caporal Gilad Schalit (lui aussi, d’ailleurs, enlevé en violation des lois de la guerre) en prenant soin d’englober également la libération de prisonniers palestiniens (qui, eux ont été arrêtés dans le cadre des responsabilités des autorités israéliennes pour le maintien de l’ordre public dans les Territoires) mais en replaçant cet échange au titre de l’ « aspect humanitaire important de la résolution 1701 du Conseil de sécurité ».

Or, rappelons que cette résolution adoptée, à l’automne 2006, après la guerre du Liban-sud, ne concerne que la situation au Liban, mis à part la référence finale et très vague au fait « qu’il importe et qu’il est nécessaire d’instaurer une paix globale, juste et durable au Moyen-Orient, sur la base de toutes ses résolutions pertinentes, y compris ses résolutions 242 (1967) du 22 novembre 1967, 338 (1973) du 22 octobre 1973 et 1515 (2003) du 19 novembre 2003 ».

A croire qu’il suffit pour Ban-Ki-moon de se référer aux litanies des Nations Unies pour que, miraculeusement, « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil »...

Mais que dire de l’impassibilité du nouveau porte-parole du Quai d’Orsay, Eric Chevallier, docteur en médecine, qui, a longtemps œuvré dans l’humanitaire, en dirigeant les missions internationales de l’ONG Médecins du monde, avant de rejoindre le cabinet de Bernard Kouchner lors de la nomination de ce dernier au Quai d’Orsay en mai 2007, en tant que « conseiller spécial pour les crises et les conflits » ?

On aurait pu penser que, par sa formation humaniste, ce nouveau diplomate, depuis à peine un mois, aurait à cœur de souligner la générosité du geste accompli par Israël.

Nenni point.....Il a préféré, de lui-même, évoquer une situation déjà ancienne.

Alors qu’Israël venait de récupérer le corps des deux otages enlevés et les restes de plusieurs autres combattants, en échange, non seulement, des restes d’un certain nombre de militants palestiniens et libanais, mais de la libération d’un assassin et de plusieurs militants, dont l’innocence n’avait pas pu être établie, le nouveau porte-parole a préféré indiquer que « l’Union européenne est profondément préoccupée par la décision israélienne de lancer un appel d’offres pour la construction de 920 logements dans la colonie de Har Homa, au sud de Jérusalem et de 884 logements dans la colonie de Pisgat Zeev, au nord de Jérusalem » en précisant que « cette décision contribue à affaiblir la crédibilité du processus diplomatique en cours ».

Poursuivant sur cette voie, avec sans doute un ton d’autant plus solennel que, pour 6 mois, la France peut prétendre également s’exprimer au nom de l’Union européenne (mais les 26 autres gouvernements ont-ils la même perception des choses ?) notre nouveau diplomate a tenu à indiquer que « l’Union européenne rappelle que l’implantation des colonies où que ce soit dans les Territoires palestiniens occupés, y compris à Jérusalem-Est, est illégale au regard du droit international » (souligné par nous).

Ce qui est totalement faux. Comme nous l’avons déjà écrit, à différentes reprises, ici même, il n’y existe aucune norme internationale qui interdise cela. Ce qui ne veut pas dire - mais c’est autre chose - que ce n’est sans doute pas opportun.

Il ne suffit pas de répéter à l’envi une contre-vérité pour en faire une règle de droit.

Il eut été préférable de se placer, effectivement, sur le plan de l’opportunité que de persister à soutenir qu’Israël viole le droit international, alors que - et c’est précisément tout le problème - il n’y a toujours pas de frontières définies avec les Palestiniens.

On ne répétera jamais assez que l’avis consultatif émis par la Cour internationale de justice voici 4 ans, n’a aucune force juridique.

Depuis 60 ans, il y a des « Territoires disputés », dont le statut juridique reste à fixer.

Nous nous permettrons, au passage, de ne pas partager,toutefois, l’analyse plus empreinte d’idéologie que de considérations juridiques exactes, publiée par ailleurs sur ce site (www.desinfos.com/article.php?id_article=10715).

Il nous paraît d’autant plus difficile de contester, à l’heure actuelle, la légitimité d’un Etat palestinien que cette existence avait été admise en 1947 par les responsables du Yichouv et reconnue, depuis plusieurs années, par les dirigeants israéliens depuis Ariel Sharon jusqu’à l’actuel chef de l’Etat.

Mais l’exagération des uns ne doit pas nous amener à tolérer l’aveuglement des autres.



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