Bandeau
DESINFOS.COM
Slogan du site

Depuis Septembre 2000, DESINFOS.com est libre d’accès et gratuit
pour vous donner une véritable information indépendante sur Israël

La tuerie de Toulouse : réflexions de Nicole Guedj, qui a accompagné avec Alain Juppé les corps et les familles des victimes à Jérusalem
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 29 mars 2012

C’est très marquée par la mise en terre à Jérusalem des quatre victimes franco-israéliennes du tueur de Toulouse, tout comme l’a été le ministre français des Affaires étrangères français, que l’ancien ministre Nicole Guedj livre ses réflexions sur les attentats terroristes de Toulouse et Montauban et leurs suites.

Une effroyable douleur partagée par tous et par la France dans ce cimetière de Jérusalem

L’émotion de Nicole Guedj, ancien Secrétaire d’État aux Droits des Victimes, Présidente de la Fondation France-Israël, est palpable lorsqu’elle évoque « ces petits corps recouverts d’un linceul dans le cimetière de Jérusalem ». « C’était effroyable » dit-elle et « nous avons vécu cette douleur physiquement, moralement et psychologiquement ». Des images qui « sont gravées dan son sang ».

Cette même émotion a été ressentie par le ministre des Affaires étrangères et ministre d’État français, ajoute-t-elle, rappelant qu’Alain Juppé a déclaré dans ce cimetière que leur famille a choisi de les enterrer en Israël mais qu’ils restent aussi en France, France qui ne les oublierait pas. Nicole Guedj souligne d’ailleurs que « c’est la France que représentait ce ministre aux hautes responsabilités dans ce cimetière de Jérusalem ».

Pour Nicole Guedj « il est impossible d’associer l’image de Myriam, un tel ange, à une telle atrocité », et elle évoque le père de la petite Myriam, s’adressant à elle à plusieurs reprises, répétant son nom pendant la cérémonie, lui disant qu’il l’aimait plus que jamais, des appels qui, dit-elle « ont déchiré l’air, l’espace, le ciel de Jérusalem ».

Dignité des familles et valeurs de la Torah

L’ancien Secrétaire d’État souligne aussi la dignité dont ont fait preuve les familles des victimes qui « n’ont prononcé aucune parole de haine, n’ont lancé aucun appel à la vengeance, s’appuyant sur leur foi et la prière pour survivre ». Et met en parallèle d’un côté les valeurs de la Torah des victimes et de leur famille et de l’autre certains qui se référent au Coran.

Alain Juppé et Nicole Guedj avaient accompagné les corps des victimes juives du tueur de Toulouse et Montauban et leur famille en Israël pour leur inhumation à Jérusalem. On rappelle que ces victimes sont Aryeh, 6 ans, son frère Gabriel, 3 ans, leur père Jonathan Sandler, 30 ans, Miriam Monsonego, 7 ans, la fille du directeur de l’école Ozar Hathorah, le rabbin Yaacov Monsonego, où l’assassin l’avait poursuivie pour lui tirer une balle dans la tête à bout touchant. Bryan Bijaoui, âgé de 17 ans a été grièvement blessé.

Des soldats tués ou blessés pour avoir voulu servir leur pays

Par ailleurs, « il me tient à cœur », souligne Nicole Guedj, « de parler aussi de ces soldats qui ont été pris pour cible au seul motif qu’ils servent leur pays, ce qui est inadmissible ».

Les médias et leur rôle : un difficile équilibre

Quant aux suites de ces tueries, Nicole Guedj estime que si « l’écho médiatique donné à tous ces événements est nécessaire pour informer, pouvoir s’opposer et se battre, il est également extrêmement dangereux par son côté incitatif ». Ce n’est pas un hasard, dit-elle « qu’au lendemain du jour où on a entendu tellement de propos antisémites, de menaces et même de passages à l’acte, un petit enfant juif a été victime d’une agression ». Il s’agit d’un élève de Ozar Hathorah à Paris dans le XIIIème, âgé de 12 ans. Il a été frappé et insulté le 26 mars par « trois jeunes individus décrits comme d’origine africaine et nord africaine, âgés d’environ 14 à 15 ans » selon le BNVCA qui dénonce l’agression. Une plainte a été déposée. Ceci est un cas extrême mais on enregistre une multiplication préoccupante des actes antisémites dans la foulée de cette tuerie.

Un dosage difficile, reconnaît-elle, entre une communication nécessaire et une publicité faite « à des monstres dénués de valeurs humaines ». Mais un élément auquel il faut réfléchir. A ce propos on peut s’interroger sur le bienfondé de la diffusion d’une vidéo achetée et diffusée dans un premier temps par France2, puis très largement reprise, montrant le tueur sous les traits d’un jeune homme souriant et, somme toute, sympathique...

Un dossier qui sera sur la table du prochain Président de la République.

A propos des menaces d’attentats de ce type auxquelles la France est confrontée, l’ancien Secrétaire d’État estime que « le prochain Président de la République, quel qu’il soit, aura ce sujet sur sa table ».Or, dit-elle, « les outils existent » et « la France est bien organisée pour riposter ». Mais, « ces outils doivent être réactualisés et le public doit être informé de leur existence ».A ce propos, Nicole Guedj souligne qu’elle refuse de se situer « dans la condamnation permanent ou la condamnation de tout ce qui n’a pas été fait ».

Outils du gouvernement pour lutter contre racisme et antisémitisme. Point du ministère de l’Intérieur

Parmi ces outils permettant de lutter contre le racisme et l’antisémitisme, Nicole Guedj cite le Comité Interministériel contre le Racisme et l’Antisémitisme, créé pour une action concertée des ministères concernés par ces phénomènes transversaux. Cette juriste, aujourd’hui Conseiller d’État, avait d’ailleurs participé à sa création lorsqu’elle était aux affaires en 2005 et 2006. Certes, précise-t-elle, ce Comité ne doit pas se réunir lorsqu’il n’y a aucune raison pour qu’il le soit. Elle note toutefois qu’il a été réactivé l’an dernier lorsqu’elle avait suggéré qu’il le soit.

On apprend d’ailleurs à ce propos que « Le plan national d’action contre le racisme et l’antisémitisme 2012-2014 a été présenté lors du Conseil des ministres du mercredi 15 février 2012, sur proposition de Claude Guéant.
Ce plan fixe le programme d’actions des pouvoirs publics pour la période 2012-2014 et prévoit notamment la création d’un poste de délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Le délégué aura pour mission d’assurer au quotidien l’animation du travail interministériel et la cohérence de l’action de l’Etat sur le terrain et de jouer un rôle d’impulsion, de proposition et d’évaluation. Placé auprès du ministre de l’intérieur, il sera chargé de préparer les réunions du comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme et d’assurer la mise en œuvre du plan national d’action. Il rendra compte de ses travaux au ministre de l’intérieur et au Premier ministre. Le ministre a rappelé que la lutte contre le racisme et l’antisémitisme constituait une priorité essentielle de l’action du Gouvernement.
Sur le plan répressif, la France s’est progressivement dotée d’un dispositif pénal, exemplaire au niveau international, et d’une politique éducative, culturelle, sportive qui aborde tous les aspects de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et promeut concrètement l’égalité des chances.
Le 29 février 2012, en Conseil des ministres, Régis Guyot a été nommé délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, sur proposition du ministre de l’intérieur ». http://www.interieur.gouv.fr/sections/a_la_une/toute_l_actualite/ministere/plan-national-d-action-contre-racisme
Autre outil utile mis en place sur une initiative du monde associatif que cite Nicole Guedj : la création de postes de référents auprès des Préfets ou des Procureurs de la République. Référents également auprès des recteurs d’Académie pour les enfants victimes du racisme et de la xénophobie dans le cadre de l’École nommés à l’initiative de l’Observatoire des Écoles qu’elle avait créé.

Elle accepte l’idée que d’autres mesures soient mises en place mais souligne pourtant qu’Internet est incontrôlable.

Hommage aux services de police, au RAID et autres services de sécurité et condamnation d’un éventuel dépôt de plainte d’une avocate algérienne contre les services français

Nicole Guedj tient à rendre hommage aux services de police, au RAID, et autres services qu’elle a côtoyés lorsqu’elle était Secrétaire d’État aux Droits des Victimes « car ces hommes s’exposent au péril de leur vie pour accomplir leur mission et servir leur pays et certains sont blessés ».

Elle s’indigne, par ailleurs, du dépôt de plainte contre les services de sécurité français que veut déposer une avocate algérienne, Zahia Mokhtari, pour le compte du père du tueur, la qualifiant de « juridiquement obscène ». Rappelant qu’elle connaît bien l’Algérie d’où elle est originaire, Nicole Guedj estime que « cette avocate salit l’image de son pays en essayant de faire penser qu’en Algérie les codes et les lois ne respectent pas la notion de légitime défense.Une notion qui fait partie des valeurs fondamentales de toute démocratie ».



Haut de page
Réalisé sous SPIP
Habillage ESCAL 4.5.87
Hébergeur : OVH