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La femme est l’avenir de l’Unesco
Gérard Huber
Article mis en ligne le 23 septembre 2009

Voici l’article que Julia Kristeva, écrivain, psychanalyste, professeur à l’Institut universitaire de France, Augusto Forti, géophysicien, ancien Conseiller spécial auprès de Federico Mayor, ancien Directeur Général de l’Unesco et moi-même, écrivain, psychanalyste, ancien vice-Président du Comité des Sciences Fondamentales et appliquées de la Commission Française pour l’Unesco, avons écrit au sujet de l’élection de Mme Irina Bokova, à la tête de l’Unesco (Cet article a été refusé par Libération).

Mme Irina Bokova, Ambassadeur de Bulgarie à Paris, est élue Directrice Générale de l’Unesco. Nous nous en réjouissons. Elle appartient à la génération d’hommes et de femmes politiques en Europe de l’Est qui s’est forgée dans l’âpre processus d’accès à la démocratie après la chute du Mur de Berlin. Respectueuse des diversités culturelles dans son propre pays (où cohabitent chrétiens orthodoxes, agnostiques, juifs et musulmans) et à travers le monde, cette femme politique d’expérience et diplomate de carrière aborde les conflits internationaux dans un esprit de tolérance, d’humanisme et de dialogue en vue d’une gouvernance multipolaire.

Démocrate convaincue, Irina Bokova représente les forces qui œuvrent pour un véritable redressement économique, social et culturel de son pays d’origine, engagé dans une restructuration indispensable au sein de l’Union européenne dont Irina Bokova porte les valeurs avec énergie et talent. La « vieille » et la « nouvelle » Europe pourraient trouver avec elle une impulsion pour procéder à cette réévaluation de l’héritage culturel européen dont a besoin l’identité politique de l’Europe elle-même, mais qui devrait aussi clarifier et consolider la voix de l’Europe dans le contexte de la globalisation. Francophone et francophile convaincue, Irina Bokova contribue activement à affirmer le nouveau visage de la francophonie institutionnelle (OIF) dont la Bulgarie fait désormais partie intégrante, avec d’autres pays qui n’ont pas le français en partage, mais qui partagent les idéaux de la République. Et qui retrouvent le chemin vers la langue et la culture française, pour autant que celles-ci portent au monde un message universel soucieux de réhabiliter la culture dans la recherche d’un modèle social alternatif et de développer la vocation interculturelle de l’Unesco.

Très attentive à la défense des droits des femmes partout dans le monde, elle s’engage avec enthousiasme et sans sectarisme pour l’éducation et la promotion des femmes dans tous les domaines de la vie sociale, politique et culturelle, dans un esprit de respect de la mémoire culturelle aussi bien que de l’évolution des mentalités. Esprit éclairé et responsable, Mme Bokova est donc la première femme Directrice générale de l’Unesco. Son action, qu’elle s’engage à mener en harmonie avec les valeurs fondatrices de cette organisation prestigieuse et essentielle en temps de crise, est un formidable signal de liberté pour les femmes et les hommes sur toute la planète, et ceci depuis Paris où Simone de Beauvoir- dont nous célébrons cette année le 60e anniversaire du Deuxième sexe- écrivait : « la liberté doit contester en son propre nom les moyens dont elle use pour se conquérir ».

Quant à l’échec de M. Farouk Hosni, c’est une bonne nouvelle. Certains peuvent penser que cet échec portera atteinte à la stratégie du projet de l’Union pour la Méditerranée. Mais est-ce si évident ? D’autre part, la mission de l’Unesco n’est pas de se soumettre à un projet politique quel qu’il soit.

Enfin, ce candidat était mû par un esprit belliqueux et intolérant qui ne fait pas respecter la liberté d’opinion dans son pays, ce qui est contraire au profil d’un Directeur Général de l’Unesco. Dans la constitution, il est clairement précisé que c’est dans l’esprit des hommes que naît la guerre et donc que c’est dans l’esprit des hommes qu’il faut la combattre et construire la paix. Or, devenu Directeur Général, ce candidat aurait mis en péril cette mission, ainsi, d’ailleurs, que la survie de l’Unesco, qui ressemble de plus en plus à un grand corps malade invisible, situation qui n’est pas seulement due à la crise du système, mais à l’immobilisme.

Pour autant, au-delà de cette satisfaction, l’inquiétude demeure. Comment Mme Irina Bokova va-t-elle relancer l’Unesco, étant donné que l’organisation est en proie à une crise interne sans précédent ? C’est à propos de cette question que nous nous permettons d’apporter quelques éléments de réflexion.

Comme on sait, tout le système des Nations Unies est en crise ; or c’est justement le rôle de l’Unesco de le sortir du labyrinthe par la mise en mouvement d’une intense vie de l’esprit. Comment faire ? Nous faisons quatre propositions :

  • Ouvrir un chantier de transition
    L’Unesco doit changer. Le nouveau Directeur Général doit donc mobiliser toutes les ressources internes et externes (de la communauté internationale), afin de redéfinir et de réactualiser les axes principaux de la mission.
  • Redynamiser le noyau dur
    L’Unesco doit redevenir la Maison Ouverte pour les acteurs décisifs de la Science, de l’Education, de la Culture et de la Communication, autour de ses valeurs fondamentales.
  • Faire retour à un Comité Exécutif composé de grands esprits, comme à l’origine.
    L’Unesco doit retrouver une autorité morale, afin de contrebalancer les tendances financières, économiques et sociales mortifères qui se développent aujourd’hui dans le monde.
  • Reprendre prise sur la réalité
    Les programmes doivent être mis en œuvre sur le terrain par les communautés locales et l’évaluation des résultats doit être faite par des organismes indépendants.


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