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L’Union européenne et les négociations de paix
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 7 octobre 2010

Recevant, récemment, à Paris, Mahmoud Abbas, le président de la République française a regretté que l’Union européenne ne soit pas associée aux négociations de paix. Certes, l’Union est au même titre que l’ONU, les Etats-Unis et la Russie membre du Quartet chargé de réaliser une médiation dans le processus de paix israélo-palestinien. Son envoyé spécial dans la région est actuellement, l’ancien Premier ministre britannique Tony Blair.

A part quelques communiqués, sans grand intérêt, publiés au lendemain de rencontres des représentants de ces Etats et Organisations, la contribution de cette instance informelle au règlement du conflit n’a guère été marquante.

Elle permet, du moins, que les deux principales puissances politiques mondiales, d’une part, et deux des plus importantes organisations internationales, d’autre part, puissent être tenues informées de la situation et puissent échanger des idées, mais guère plus.

A 192 Etats, pratiquement manipulés par le camp arabo-musulman, dont le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’est guère favorablement disposé à l’égard d’Israël, comme en témoignent les dizaines de résolutions anti-israéliennes adoptées à longueur d’années par l’Assemblée générale, on ne peut guère attendre de contribution positive de la part d’ l’ONU.

Pour notre part, nous aurions la même vision à l’égard de l’Union européenne que nous nous permettions de traiter de « nain politique », dans un de nos premiers points de vue sur ce site (v. 28 juillet 2004), et cela malgré l’élargissement important qu’elle venait de connaître quelques semaines auparavant, en admettant 10 nouveaux membres. L’entrée de la Bulgarie et de la Roumanie, en 2007, n’a pas modifié notre façon de voir les choses.

Pour nous, l’Union européenne est marquée par le « péché originel » de la Communauté européenne, telle qu’on l’appelait alors, qui, par sa déclaration dite de Venise, adoptée, en juin 1980, au cours d’un Sommet (réunion du président de la République française et des chefs de gouvernement des 8 autres Etats membres) se permit de reconnaître officiellement l’O.L.P., qui se considérait en guerre contre l’ « entité sioniste ».

Par la suite, après un aménagement des compétences de la Communauté, la mise en place d’un poste de Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune, poste qu’occupa l’espagnol Javier Solana d’octobre 1999 à décembre 2009, ne « brilla » guère par des prises de position équilibrée à l’égard des deux Parties, israélienne et palestinienne. Il est, certes, encore trop tôt pour « jauger » l’action de son successeur, la britannique Catherine Ashton, même si, par sa place dans l’organigramme de l’Union européenne, elle occupe une place privilégiée.

Mais, une récente prise de position de l’intéressée à propos d’un incident ne laisse rien augurer de bon.

Nous voulons parler de l’esclandre provoqué par une déclaration faite, il y a quelques semaines, par le commissaire Karel de Gucht, ancien ministre des affaires étrangères de Belgique, actuellement en charge du commerce au sein de la Commission qui, se fit remarquer par des propos scandaleux.

Le fait que l’intéressé soit coutumier de déclarations fracassantes n’excuse en rien ces propos, même si, en cela, il se montrait un digne émule d’un camarade de parti, Louis Michel, qui, le précéda à la fois comme ministre des affaires étrangères de son pays, puis comme membre de la Commission, et qui se fit remarquer par des propos tendancieux, lors d’une visite dans les Territoires (v. notre point de vue ici même le 29 avril 2007).

Les mânes de Jean Gol, grand homme politique belge du même parti (libéral) doivent s’en retourner dans la tombe…..

Interviewé par une radio belge, Karel de Gucht pouvait certes, à titre personnel, afficher son scepticisme sur les chances de succès des nouvelles négociations directes entre Palestiniens et Israéliens, mais de là à déclarer, notamment, que « le lobby juif au Capitole ne doit pas être sous-estimé » et que le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou n’était « certainement pas une colombe » dépassait les bornes que toute personnalité exerçant des fonctions officielles se devait de ne pas franchir.

Et que dire de ce commentaire complémentaire : « Ne sous-estimez pas non plus l’avis du juif moyen en dehors d’Israël », chez qui il existe « la croyance d’avoir raison », a ajouté Karel De Gucht. « Il n’est pas facile, même avec un juif modéré, d’avoir une conversation rationnelle ».

Et que croyez-vous que fit Madame Ashton ?

Elle estima devoir défendre son collègue en se déclarant « persuadée » (sic) que Karel De Gucht « n’avait aucune intention d’offenser quiconque », selon un communiqué diffusé par ses services.

Avec une telle conception du devoir de réserve des membres de la Commission, il n’y a guère à espérer rien de bon de la part de celle qui, par ailleurs, première vice-présidente de la Commission, préside, également, le Conseil des affaires étrangères et conduit la politique étrangère et de sécurité commune.

Alors de là à voir l’Union européenne jouer un rôle actif dans les négociations directes, il vaut mieux s‘abstenir.



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