Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur l’échange des prisonniers qui s’est déroulé entre Israël et le Liban mercredi 16 juillet à la frontière israélo-libanaise. Deux ans et quatre jours après leur enlèvement par le Hezbollah en territoire israélien, Ehoud Goldwasser et Eldad Reguev ont été rapatriés dans des cercueils.
Après que des tests ADN aient permis l’authentification des corps des soldats israéliens, le criminel libanais Samir Kountar et les quatre terroristes palestiniens ont été rapatriés au Liban, vivants, suivis du transfert des corps des terroristes du Hezbollah, tués au cours de l’été 2006.
Au passage de Rosh Hanikra, autrefois « bonne frontière » entre Israël et le Liban, les journalistes postés depuis l’aube ont espéré qu’ils se feraient cette fois les porteurs d’une bonne nouvelle. Vivants, morts ? Le Hezbollah a laissé planer le doute sur le sort des soldats kidnappés jusqu’au dernier moment. Les deux cercueils, noirs et cubiques, découverts à l’ouverture de la porte d’un véhicule de la Croix Rouge, ont mis fin au rêve que caressaient leurs familles ; Ehoud Goldwasser et Eldad Reguev, bien que blessés, avaient été capturés vivants.
Le monde ne s’est pas ému d’apprendre que Nasrallah a ordonné leur exécution, dans des conditions que l’on n’ose imaginer. La couverture médiatique de l’événement reste bien faible, tandis qu’aucun représentant politique occidental n’a condamné l’assassinat par le Hezbollah des soldats israéliens, voire le cynisme de ses auteurs. C’est la mort seule que l’on déplore, et non sa cause.
Si l’échange des prisonniers clôt le dernier chapitre de la deuxième guerre du Liban, les déclarations des responsables libanais qui ont suivi le retour triomphal des prisonniers libanais et palestiniens ne montrent pas la voie de la paix, ni ne tracent le chemin de la raison.
Belliqueux, le Président libanais Michel Suleiman à qui Nicolas Sarkozy avait donné l’accolade le 14 juillet dernier, n’a pas hésité à affirmer qu’il emploierait la force contre Israël pour récupérer les fameuses fermes de Sheeba, toujours revendiquées par la Syrie. Triomphal, Nasrallah a réussi à créer un semblant d’unité libanaise autour de « sa victoire ». Tous les officiels libanais étaient présents, dont le Premier ministre Fouad Siniora et le leader druze Walid Joumblatt, pour accueillir chaleureusement Samir Kountar, vêtu de l’uniforme des combattants terroristes du Hezbollah...
Après avoir passé 29 années en prison pour l’assassinat de quatre israéliens à Nahariyya, Samir Kountar a affirmé qu’il ne regrettait rien de « l’opération » qu’il avait menée en 1979... et a promis qu’il retournerait en Palestine pour y mourir en martyre.
Force est de reconnaître que la stratégie de la terreur conduite par Hassan Nasrallah a fonctionné. Eldad Reguev et Ehoud Goldwasser avaient été enlevés pour libérer un assassin. C’est chose faite. Nasrallah avait juré aux Libanais qu’il libèrerait Samir Kountar.
Non, la cérémonie organisée en l’honneur d’un assassin n’engage pas le Moyen Orient dans la voie de la paix. C’est l’armée terroriste du Hezbollah qui a fait le salut nazi pour accueillir son leader, entouré de l’ensemble de la classe politique libanaise.
A la lecture des banderoles en l’honneur d’un Nasrallah « libérateur », les propos tenus par Bernard Kouchner au nom de la présidence du Conseil de l’Union européenne frisent le surréalisme. En quoi ce que l’on appellera bientôt l’affaire de l’échange des prisonniers permettra-t-elle de « diminuer les tensions entre les parties » ou de « poursuivre la mise en œuvre de la résolution 1701 » ? Pourquoi parle-t-il de conflit israélo-libanais, et non d’une histoire qui intéresse le Hezbollah au premier chef ?
Grâce à cet échange de prisonniers, Hassan Nasrallah aurait-il désormais voix au chapitre, surtout s’il parvenait à inspirer d’autres leaders terroristes. Ismaïl Haniyeh par exemple, le leader du Hamas qui depuis Gaza a demandé la libération des 11 000 prisonniers palestiniens en échange de la restitution d’un caporal israélien retenu en otage.
Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, enlevé et retenu par le Hamas depuis 755 jours. Nous pensons à ses parents, nous remercions son père, Noam, qui a accordé mercredi 15 juillet, une interview exclusive à Guysen TV, pour répondre au message de solidarité que Fabrice Delloye, l’ex-mari d’Ingrid Betancourt, lui avait lancé sur notre chaîne.
Dignes, pudiques, les parents d’Ehoud Goldwasser, enterré jeudi 17 juillet en milieu de matinée au cimetière militaire de Nahariyya, dignes et pudiques, les parents d’Eldad Reguev, enterré quelques heures plus tard au cimetière militaire de Haïfa, ont dit qu’ils poursuivraient le combat pour la libération du dernier soldat d’Israël vivant.
Ce soir, nous pensons à Karnit Goldwasser. Ses larmes ont aujourd’hui coulé sur les joues de toutes les femmes.
Depuis deux ans qu’Ehoud Goldwasser et Eldad Reguev ont été capturés par le Hezbollah, la rédaction de Guysen a rappelé chaque semaine dans son éditorial l’enlèvement des deux soldats israéliens, assassinés par le Hezbollah.
Que leur mémoire devienne notre histoire.