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Fatah et Hamas n’en finissent pas de se réconcilier…..
Par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 8 février 2012

Quelqu’un qui n’aurait pas suivi l’actualité entre le 4 mai 2011 et le 6 février 2011 serait certainement surpris en lisant les nouvelles d’apprendre que les deux fractions du peuple palestinien, le Fatah et le Hamas, se sont réconciliées…. Car c’est la même information que diffusent les agences de presse à près de 9 mois d’intervalle….

D’aucuns vous expliqueront que l’accord de Doha (capitale du Qatar), signé il y a 48 heures, entre le président de l’Autorité (sic) palestinienne et du Fatah Mahmoud Abbas et Khaled Mechaal, chef du Bureau politique du Hamas, n’est que la mise en œuvre du principe de réconciliation posé par l’accord signé au Caire, au printemps 2011, par les deux mêmes responsables.

Certes, le dernier texte prévoit la mise en place d’un gouvernement de transition présidé par Mahmoud Abbas, qui remplacerait la « bête noire » du Hamas, l’actuel Premier ministre palestinien Salam Fayyad, qui a pour lui – ou plutôt contre lui – d’être plus un technicien qu’un politique.

Neuf mois pour en arriver là……Quelle gestation difficile !!!!

Il est vrai que la tâche assignée à ce gouvernement qui devrait être composé d’ « experts indépendants » est importante, car de plus en plus urgente : préparer les élections, présidentielle et législatives, qui auraient, déjà dû avoir lieu en 2010, car, à la fois, le mandat de Mahmoud Abbas et celui du Conseil législatif palestinien, élus en 2006 est expiré depuis la fin 2009.

Les élections plusieurs fois annoncées par Mahmoud Abbas – et contestées par le Hamas – ont été au moins deux fois reportées depuis lors.

Il est vrai que le succès du Hamas aux élections législatives de 2006 avaient déjà fragilisé Mahmoud Abbas, qui, en tant que successeur de Yasser Arafat avait succédé à celui-ci à la fois à la tête du Fatah puis comme président de l’Autorité (sic) palestinienne. Et la prise du pouvoir du Hamas sur la Bande de Gaza, en juin 2007, avait, en quelque sorte, consacré le « schisme » du peuple palestinien, à la fois sur le plan idéologique et sur le plan géographique.

Nous ne nous étendrons pas sur les modalités d’organisation des élections envisagées déjà pour le mois de mars prochain et relèverons seulement que les questions de fond restent encore à régler.

Et c’est là que l’incidence éventuelle de cette réconciliation sur le règlement du conflit avec Israël doit être envisagée.

Depuis le « schisme » interpalestinien, il est évident qu’un tel règlement, qui supposait, évidemment, l’ouverture de négociations, avait peu de chances d’intervenir.

D’une part, Mahmoud Abbas, seul interlocuteur possible pour Israël, n’était pratiquement pas en mesure de s’engager pour l’ensemble du peuple palestinien et Israël ne pouvait, de son côté, faire confiance à l’un des protagonistes, minoritaire de surcroît, pour tenir les engagements qu’il accepterait de prendre.

Or, la « réconciliation » confirmée des deux protagonistes palestiniens est sans effet sur le devenir de la paix, dès lors que les positions du Hamas sont régulièrement répétées et s’avèrent incompatibles avec une paix avec Israël.

Comme Israël l’a, à juste titre, régulièrement réaffirmé – et sur ce point non seulement les Etats-Unis, mais également l’Union européenne le soutiennent – cela suppose que le ou les partenaires palestiniens renoncent officiellement à la violence, reconnaissent Israël et s’engagent à respecter les accords déjà passés.

Mais, apparemment – et du moins officiellement – le Hamas n’a, pour l’instant, que renoncé pratiquement au recours à la violence – tout en se montrant quelque peu laxiste à l’égard d’initiatives d’irréductibles, comme l’attestent les nombreux tirs de roquettes depuis la Bande de Gaza.

En revanche, les responsables du Hamas ne manquent aucune occasion de rappeler que leur mouvement ne reconnaîtra jamais Israël.

En l’occurrence, il ne s’agit même pas de reconnaître la vocation d’Israël à être l’Etat des Juifs, ce que même le Fatah refuse, mais le Hamas refuse même de reconnaître la légitimité du droit d’Israël d’exister, se contentant – quelle magnanimité ! – de lui proposer une houdna (trêve) de 10 ans.

Au lendemain de la signature de l’accord de Doha, le porte-parole du Quai d’Orsay déclarait que « la France soutient le processus de réconciliation palestinienne engagée par le président Abbas », tout en précisant qu’« avec nos partenaires européens….nous sommes prêts à travailler avec tout gouvernement palestinien engagé en faveur de la non-violence et d’une solution à deux États et qui accepterait les accords et obligations passés, y compris le droit d’Israël à exister ».

Et c’est là tout le problème, puisque le Hamas se refuse énergiquement à accepter ces conditions.

De telle sorte que si Israël ne pouvait pas, sérieusement, s’engager, jusqu’à présent, uniquement avec le Fatah, même si celui-ci semble en mesure de « gouverner » en Cisjordanie, il ne peut pas, davantage, maintenant, accepter le principe d’une négociation avec un gouvernement palestinien, qui n’adopterait pas clairement les conditions rappelées par le porte-parole du Quai d’Orsay.

Autrement dit la recherche de la paix ne peut se fonder sur une simple réconciliation de façade.

On ne peut discuter avec des gens qui veulent votre mort – même si c’est à moyen terme seulement….

C’est ce que vient de rappeler le Premier ministre israélien et sur ce point on ne peut le critiquer.

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les problèmes de fond n’intéressent pas seulement les deux protagonistes palestiniens, mais Israël et la société internationale sont également concernés.

Mais si Israël ne peut certes pas intervenir, il n’en est pas de même de la société internationale.

Malheureusement, celle-ci est actuellement « empêtrée » dans les soubresauts du « printemps arabe », ce qui lui laisse peu de latitude pour essayer de faire comprendre aux pays arabo-musulmans qu’ils ont intérêt à amener à la raison le Hamas.

Il ne peut y avoir de paix durable au Moyen-Orient, sans un règlement du problème palestinien.

Or, si la situation actuelle en Syrie est préoccupante au regard de la protection des libertés fondamentales du peuple syrien, il ne faut pas perdre de vue que ce pays est également un facteur d’instabilité, dans la région, par le soutien qu’il apporte au Hamas, en facilitant, notamment, le transit des armes fournies par l’Iran et en soutenant le Hezbollah libanais, autre ennemi irréductible d’Israël.

Nous pensons que la « mise au pas » de la Syrie, voire celle de son soutien iranien, par des sanctions économiques adéquates permettront d’affaiblir son rôle malfaisant sur le plan international.

Et on ne peut que regretter que la Russie et la Chine, mus par des intérêts égoïstes à courte vue, rendent cette tâche plus difficile.

En tout cas, le problème que posent, actuellement, à la société internationale tant la Syrie que l’Iran prouve que c’est à tort que certains font d’Israël, par un réflexe de facilité, le bouc émissaire de l’instabilité dans cette région du monde.



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