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Des frontières-passoires
par David Ruzié, professeur émérite des universités, spécialiste de droit international
Article mis en ligne le 10 septembre 2008

C’est par un euphémisme (« Liban : progrès trop lents dans la sécurisation des frontières ») que des experts se sont exprimés, dans un rapport remis par le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, au Conseil de sécurité et rendu public mardi.

Ces spécialistes ne pouvaient être plus clairs : « même en tenant compte de la situation politique difficile qu’a connue le Liban l’année passée, et malgré le travail accompli ......le rythme est trop lent. Tout au plus y a-t-il eu des progrès épars, mais ils n’ont pas eu d’effet décisif sur la sécurité générale de la frontière ».

Ce qui, ainsi exprimé en termes diplomatiques, signifie que la frontière syro-libanaise continue à être une passoire, ce que répètent à l’envi les dirigeants israéliens depuis deux ans.

Or, dans la fameuse résolution 1701 qui a, en quelque sorte, mis fin à la guerre du Liban-sud en 2006, le Conseil de sécurité avait demandé au gouvernement libanais, comme le rappellent les experts, « de sécuriser ses frontières et les autres points d’entrée de manière à empêcher l’entrée au Liban sans son consentement d’armes ou de matériel connexe ».

Le Secrétaire général de l’ONU avait déjà envoyé au Liban, en 2007, une équipe d’experts de la sécurité des frontières, chargée de faire une évaluation détaillée du contrôle de la frontière entre le Liban et la République arabe syrienne.

Et Ban-Ki-moon a, donc, envoyé cette année une deuxième équipe d’experts, chargée d’entreprendre une évaluation de suivi. Cette équipe s’est rendue du 15 au 31 juillet 2008 au Liban, où elle a notamment visité plusieurs postes frontière et s’est également rendue à un certain nombre d’endroits le long de la Frontière au nord et à l’est du pays, « notamment en divers lieux faisant l’objet d’un différend territorial entre le Liban et la Syrie et dans des zones transfrontalières sous contrôle palestinien ».

Or, le constat est sans appel : « aux points de passage de la frontière, en particulier le long de la Frontière verte, à l’est, peu de progrès ont été observés, en dépit du fait qu’un certain nombre des recommandations auraient facilement pu être appliquées sans incidences politiques, structurelles ou financières ». De sorte que « la situation générale est telle que les frontières libanaises demeurent aussi perméables qu’elles l’étaient il y a un an, au moment de la première évaluation », ont jugé les experts (souligné par nous). Aussi, ont-ils réitéré les recommandations formulées dans le rapport précédent, « qui demeurent aussi valables qu’elles l’étaient il y a un an ». Ils suggèrent, à titre de recommandation supplémentaire, que le gouvernement libanais entreprenne sans délai de formuler un plan stratégique énonçant les objectifs qu’il recherche et les moyens envisagés pour y parvenir.

Car, de fait, il y a une mauvaise volonté évidente de la part des autorités officielles libanaises à vouloir veiller au respect de leur souveraineté sur leur territoire, et notamment aux frontières.

Certes, la responsabilité de la Syrie est tout aussi importante. Car, ainsi que l’a rappelé, tout récemment, la ministre des Affaires étrangères Tsipi Livni, qui a déclaré qu’empêcher la contrebande d’armes vers le Liban était une mise à l’épreuve pour la Syrie.

« Je n’ai pas besoin de rencontrer les Syriens pour leur expliquer qu’une décision internationale interdit (la contrebande d’arme) » a-t-elle expliqué à la chaîne de télévision Al-Arabiya » ( Guysen.International.News).

Certes, les autorités officielles libanaises ne veillent pas à l’arrêt de la contrebande d’armes, mais s’il n’y avait pas de fournisseur, il n’y aurait pas de contrebande.

Et, comme chacun sait, le bénéficiaire de cette contrebande est le Hezbollah qui, pourtant, comme le prévoyait également - sans le nommer explicitement - la résolution 1701 précité, aurait dû être désarmé, en tant que milice.

Que ce mouvement terroriste soit partie prenante à la vie politique libanaise (étant présent au Parlement et au gouvernement) est une chose, mais sa capacité d’armement (ou plutôt de réarmement, après l’été 2006) - donc de nuisance - en est une autre.

Et, malheureusement, ici, encore, l’absence de volonté ou plutôt la mauvaise volonté des autorités officielles libanaises est évidente.

Il suffit pour s’en convaincre de relever le fait que « le président Michel Sleimane a annoncé son intention de réunir la semaine prochaine les leaders des différentes factions libanaises pour discuter de la place du Hezbollah au pays du Cèdre ». ( Guysen.International.News).

On aura noté la formule : le nouveau président libanais a « annoncé son intention » de provoquer une réunion des leaders politiques, « pour discuter », ce qui signifie : « hâtons nous lentement ».

Car, nul besoin de discuter d’un rappel à l’ordre d’un mouvement qui, malgré sa participation à la vie politique libanaise, met en danger l’exercice de la souveraineté du pays sur son territoire.

Inutile de rappeler qu’heureusement, l’aviation israélienne par ses vols de reconnaissance au-dessus du territoire libanais, veille, malgré les condamnations répétées des autorités libanaises et onusiennes, à ce que cette contrebande ne s’emballe pas.....

Mais, après tout ce n’est pas à Israël de veiller au respect de la souveraineté libanaise.

Et il ne suffit pas que les dirigeants libanais se réclament de cette souveraineté. Encore faut-ils qu’ils agissent en conséquence.

Si récemment, nous rappelions, à propos d’Israël, que « gouverner c’est prévoir », aujourd’hui - autre vérité première - nous serions tenté de dire : « gouverner c’est agir ».....

Or à voir les gesticulations des dirigeants officiels libanais, on serait plutôt tenté de penser que pour eux, selon la formule qu’on attribue à Machiavel : « gouverner c’est faire croire ».....



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