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Convoi de navires de guerre à travers le Canal de Suez, pour protéger contre elle-même une Europe vindicative,... mais sans défense patente contre les missiles iraniens
Par Marc Brzustowski pour http://lessakele.over-blog.fr et www.aschkel.info
Article mis en ligne le 21 juin 2010

Des sources maritimes de la ville de Suez ont révélé au journal al Qods al-Arabi, basé à Londres, qu’elles ont observé un vaste mouvement de 12 navires de guerre, 11 américains et un douzième, identifié comme israélien, franchir le canal vers la Mer Rouge, ce vendredi 18 juin. Le trafic régulier, la pêche et la circulation d’une rive à l’autre ont été interrompus pour permettre le passage de cette flotte menée par l’USS Harry Truman, ses 60 avions de chasse et 600 marins. Les témoins ont évoqué l’une des armadas les plus étoffées aperçues depuis des années. Les personnalités de l’opposition au régime Moubarak en Egypte ont vivement protesté contre cette coopération avec les Etats-Unis et Israël, alors que l’Iran, épaulé par Erdogan, poursuit ses provocations contre la Communauté Internationale.

La veille, jeudi 17, Robert Gates, le Ministre américain de la Défense, annonçait que les USA devaient réviser drastiquement leurs plans de défense anti-missiles du continent Européen. Des renseignements lui sont parvenus, selon lesquels l’Iran pourrait chercher, dès aujourd’hui, à tirer des « salves de missiles » par centaines contre l’Europe. Cette option pour la démultiplication de tirs simultanés rompt avec les perspectives développées jusqu’à présent par les stratèges américains, de devoir contenir des menaces graves, mais limitées à quelques tirs d’ogives isolées. Les Etats-Unis ne pourront réellement parer à un tel danger éventuel qu’à partir de 2018-2020. L’OTAN ne dispose pas, à cette heure, de défense efficace contre ce genre d’agression préméditée.

A très court terme, l’Europe se trouve donc dans la ligne de mire de l’Iran, sans doute de façon moins « prioritaire », mais non moins exposée qu’Israël, vivant à portée de missiles et roquettes diverses en constante augmentation au cours des dernières années.

Le lien s’établit naturellement entre cette mise en garde de la hiérarchie américaine et le déploiement actuel en Mer rouge. De son côté, Téhéran a rétorqué de l’emploi « défensif », c’est-à-dire dissuasif de ces missiles pointés. L’Europe ne menace l’Iran qu’à travers des sanctions économiques, d’ailleurs remises à juillet prochain. Il s’agit donc d’intimider Bruxelles, Paris, Berlin, Rome…, tout en promettant des représailles, en cas de frappes des installations nucléaires iraniennes.

Ce constat dramatique intervient à l’issue de deux crises récentes :

  • l’affaire des missiles Scuds présumés transmis ou en voie de l’être, par la Syrie au Hezbollah, sans qu’aucune mesure tangible ait été arrêtée.
  • Et, d’autre part, le net retournement de tendance diplomatique d’un membre de l’OTAN, la Turquie, favorable à la progression de l’influence iranienne à Gaza et au Levant.

L’affaire de la « flottille pour Gaza » et le large écho consensuel contre Israël qui en a résulté, notamment en Europe, apparaît, ici, jouer contre les intérêts du vieux continent, à portée de missiles chimiques ou biologiques, demain, nucléaires, tirés par les alliés de l’Iran ou par lui-même.

D’après Jean Tsadik, de Menapress (http://www.menapress.org/ ) , seul le Hetz III israélien, largement opérationnel et répandu dans les unités de Tsahal, serait en mesure de contrer des tirs de salves simultanées du type d’engins en possession des affiliés à Téhéran. A force d’abonder dans le sens des agressions diplomatiques turques contre Jérusalem, l’Europe ne se met à l’abri que de façon purement conjuratoire contre les nouvelles menaces qu’elle ignorait largement la veille. L’alerte lancée par l’ancien premier ministre espagnol, José Maria Aznar, dès le jeudi 17, selon laquelle si Israël tombe, ses alliés occidentaux le suivraient de près dans cet effondrement, est, dans ce cadre, saisissante d’à propos.

L’action de l’OTAN se trouve doublement verrouillée par deux de ses alliés supposés :

  • à cause des incertitudes qui émanent d’Ankara, depuis que la Turquie s’aligne de façon ostentatoire sur la politique décidée par les Mollahs
  • et par celles résultant d’un récent rapport quant aux manipulations des Talibans Afghans par l’ISI pakistanais.

La semaine passée, un exposé de la London School of Economics accusait l’Armée, les Services de renseignement et même les membres du gouvernement pakistanais d’apporter leur soutien aux insurgés afghans. Cette interdépendance y serait si puissante que plusieurs conseils ou Shuras talibanes, dont celle de Quetta, seraient sous le contrôle direct de l’ISI. Cela concernerait aussi bien des officiers d’active que des retraités disposant d’une autonomie considérable pour agir à leur guise. Le Premier Ministre en personne, Ali Zardari aurait promis leur libération prochaine à des dirigeants emprisonnés, dès que « cela serait politiquement possible ». C’est-à-dire, dès que les Occidentaux auront les yeux tournés ailleurs. Et ce ne sont pas les sujets de « distraction » qui manquent, si l’on peut dire. On se souvient que l’ISI a été in-directement impliqué, par l’entremise du Lashkar e-Taïba, dans les attentats anti-indiens, comme ceux de Mumbaï en 2008.

Le même Pakistan est soupçonné d’avoir trahi le chef légendaire du Jundallah, Abdelmalek Rigi. Il avait été arrêté dans un avion détourné en provenance de Dubaï et en direction du Kirghizistan, par un commando iranien, en février dernier. Après des mois d’interrogatoire et des aveux obtenus sous la torture. Rigi a été pendu pour avoir organisé des attentats mortels contre le haut du panier de crabes des Pasdaran et fortement déstabilisé, durant des années le régime des Ayatollahs. Le Kirghizistan recèle une base d’approvisionnement américaine importante pour les forces présentes en Afghanistan. Les troubles ethniques qui s’y déroulent sont une source permanente d’inquiétude pour le devenir de cette source de ravitaillement. La construction récente d’un tronçon ferroviaire traversant l’Ouzbékistan, doit, précisément, permettre de contourner les voies pakistanaises et afghanes du Khyber, devenues dangereuses... et pour cause.

Les chefs de l’état-major de l’Otan en Afghanistan ont démontré, photos d’armements à l’appui, que l’Iran arme, finance et entraîne des Talibans. De l’autre côté, ceux-ci bénéficient de la bienveillance de l’armée et de l’establishment pakistanais. Encore ce mois-ci, un contrat gazier est signé, ce mois-ci, entre l’Iran et le Pakistan pour la livraison de 21, 5 millions de m3 par jour, à partir de 2014. On est saisi de vertige, face à cette complicité à peine dissimulée, n’attendant que la défaite des forces coalisées. Quand elle ne l’alimente pas directement, lors d’attentats qualitatifs particulièrement meurtriers contre les troupes stationnées ou leurs moyens logistiques.

Durant ce temps, plus au nord, dans la sphère d’influence américaine, l’armée turque prend pour cible les villages kurdes de la région d’Irbil, en plein Kurdistan irakien. Lors d’un bombardement de plus de 90 minutes, une jeune adolescente a été tuée, ce jour, alors que sa mère et son petit frère de 3 ans étaient blessés. Ankara prétend ainsi -en prenant les villages civils pour cible- répliquer aux attaques du PKK, qui se multiplient ces dernières semaines. L’une d’entre elles s’est soldée par la perte de 12 soldats de l’armée régulière turque et de dix membres du groupe insurrectionnel kurde. La stratégie suivie consiste, quant à elle, à faire place nette pour permettre la montée en puissance d’un marché commun entre la frontière sud-est de la Turquie, bassin des populations kurdes, le nord-Ouest de l’Iran et le Kurdistan irakien, bientôt débarrassé des Américains… et de leurs alliés, qui refuseront de se soumettre aux intérêts souverains du nouvel empire du Levant ?

Force est de constater que la stratégie de repli préconisée par l’Administration Obama au Moyen-Orient et son incapacité structurelle à triompher en Asie centrale, tant que ses « alliés » à géométrie variable ne joueront pas selon les règles du jeu élaborées à la Maison Blanche, est menacée de bien des craquements. Elle risque même de tourner au fiasco, dont on est encore loin d’imaginer les conséquences désastreuses, si Obama ne révise pas radicalement son approche de « l’alliance des civilisations »...



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