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Damas serait dangereusement à court d’arguments
Contrairement à ses habitudes sournoises, Damas enlève ses gants de velours et attaque frontalement l’Union européenne
Khaled Asmar - Beyrouth ] Mediarabe.info
Article mis en ligne le 19 mars 2008

Après avoir tenté, en vain, de diviser le « front occidental » qui exerce des pressions colossales sur la Syrie pour la contraindre à cesser de prendre le Liban en otage, et après l’échec de son chantage exercé sur les pays arabes, la Syrie semble avoir opté pour la confrontation directe. C’est la seule lecture valable de l’article publié par le journal syrien « Al Watan », ce mardi.

En effet, comme chaque moment a ses exigences, la Syrie a pensé bon d’attendre la fin du mandat de Jacques Chirac pour renouer avec son successeur. Peine perdue, Nicolas Sarkozy a fini par comprendre le jeu de Damas, son double langage et ses manœuvres.

Il a annoncé, depuis le Caire (décembre 2007), l’arrêt de tous les contacts avec le régime syrien en attendant que celui-ci s’acquitte de la facture et cesse de prendre la présidence du Liban en otage. La même politique a été tentée avec d’autres pays de l’Union européenne. La Syrie comptait sur l’Espagne, l’Italie et l’Allemagne pour infléchir la position européenne.

L’échec était au rendez-vous car Madrid, comme Rome, Berlin et Paris, refusent le chantage syrien et menacent de renforcer la FINUL au Sud-Liban, périodiquement intimidée par des menaces à peine voilées.

Leur mémoire n’est pas assez courte pour oublier la mort de six Espagnols en juin 2007, ni les 58 parachutistes français en octobre 1983. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, Moratinos, a récemment estimé que « l’Europe ne peut rester les bras croisés quand on se bat à sa porte, dans des pays amis comme le Liban ou Israël »...

Les Italiens maintiennent une position semblable et ne cachent pas leur mécontentement de la politique syrienne. Romano Prodi a dû enregistrer une conversation avec Bachar Al-Assad (pendant la guerre de l’été 2006) et a menacé de la rendre publique pour prouver que l’ampleur des mensonges syriens et dévoiler leur double langage. Aussi, en dépit des bonnes relations commerciales entre Damas et Berlin, les Allemands refusent de servir de cheval de Troie aux Syriens, et les déclarations d’Angela Merkel en Israël sont sans concession.

En fait, les Européens se méfient de plus en plus de la Syrie, et ne lui accordent plus de crédit. La preuve est venue cette semaine, quand le haut représentant pour la politique étrangère et de la sécurité commune de l’Union européenne, Javier Solana, a exhorté la communauté internationale à accentuer la pression sur la Syrie afin de résoudre la crise politique au Liban et ainsi permettre l’élection d’un président de la République dans les plus brefs délais, avant la tenue du sommet arabe de Damas (29-30 mars). Pour Solana, la participation au sommet n’aura pas le niveau prévu au cas où la crise libanaise n’est pas résolue.

Cette dernière déclaration a fait perdre la raison à la Syrie.

Historiquement, Damas a toujours usé de deux armes : avec les Arabes, il a longtemps recouru au terrorisme pour les faire plier ; avec les Occidentaux, il a systématiquement contribué à les diviser et à accentuer les divergences entre Européens et Américains, pour surfer habilement sur leurs oppositions. Il a ainsi réussi, durant des décennies, à extorquer politiquement les deux parties, et financièrement les Arabes.

Mais cet exercice ne fonctionne plus. D’une part, les yeux du monde entier sont rivés sur la Syrie et scrutent tous ses faits et gestes afin que le Tribunal pénal international puisse juger tout nouvel attentat terroriste que la Syrie pourrait commanditer ou exécuter. Et d’autre part, les armadas européennes et américaines sont déployées dans la région, et le soutien arabe à la cause syrienne n’est plus qu’un vieux souvenir. Ce qui explique que la Syrie n’a plus que les insultes pour riposter.

C’est ce que le quotidien syrien « Al Watan », proche du pouvoir, a fait ce mardi 18 mars, sous la plume de son correspondant à Paris, Issa Al-Ayyoubi. Celui-ci mène une virulente attaque contre Javier Solana et la diplomatie européenne, accusée de s’être « alignée sur les Etats-Unis, sans jamais posséder les moyens de sa politique ». « C’est une diplomatie creuse, qui ne fait que répéter les déclarations américaines tel un perroquet, et qui n’inspire aucune confiance », dit Al-Ayyoubi. Il ajoute que « ces prises de positions irresponsables font perdre aux Européens la dernière place qu’ils pouvaient espérer garder dans la région... ».

L’auteur n’épargne pas non plus la diplomatie française, et critique violemment la porte-parole du Quai d’Orsay, Pascale Andreani, dont « les propos confirment que le dossier libanais a été rapatrié à l’Elysée ». Al-Ayyoubi va encore plus loin et estime que « la diplomatie française a perdu, sous la responsabilité de Bernard Kouchner, tout le sens de la diplomatie traditionnelle. Elle se contente de répéter, comme un perroquet, des échos dans un endroit creux, où l’on n’entend que les échos... ». L’auteur syrien regrette enfin que « certains Libanais et certains Arabes pensent pouvoir compter sur de telles positions européennes et françaises vides de tout sens. Ils n’ont pas encore compris que ceux qui les lancent n’ont pas les moyens de leurs ambitions... ».

Cette sortie très remarquable dans la presse syrienne, contrôlée par les autorités, est sans nul doute liée à l’ampleur de la crise que vit le régime de Damas. Ce dernier a perdu tous ses appuis. Il est aux abois et commence à distribuer les insultes sans discrimination. Mais la caravane doit passer malgré le bruit.



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