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Arithmétique de la douleur
Par Alan M. Dershowitz, Wall Street Journal
Article mis en ligne le 5 août 2006
dernière modification le 8 août 2006

Aucune démocratie au monde ne tolèrerait que des missiles soient tirés sur ses villes sans prendre toutes les mesures raisonnables pour faire cesser ces attaques.

La grande question soulevée par les actions militaires israéliennes au Liban est de savoir ce qui est « raisonnable ». La réponse, selon les lois de la guerre, est qu’il est raisonnable d’attaquer des cibles militaires dans la mesure où tous les efforts sont faits pour réduire le nombre des victimes civiles. Si les objectifs ne peuvent être atteints sans faire de victimes civiles d’un côté, celles-ci doivent être « proportionnelles » aux victimes civiles épargnées par l’action militaire de l’autre.

Ceci est bel et bien pour les nations démocratiques qui placent exprès leurs bases militaires loin des centres de population civile. Israël a sa force aérienne, ses installations nucléaires et son armée aussi éloignés qu’ils peuvent être [de la population civile] dans ce pays. Il est possible pour un ennemi d’attaquer les cibles militaires israéliennes sans infliger de « dommage collatéral » sur sa population civile. Le Hezbollah et le Hamas, au contraire, place délibérément leurs ailes militaires dans des zones densément peuplées. Ils lancent des missiles anti-personnel contenant des billes métalliques, et conçus par la Syrie et l’Iran pour maximiser les victimes civiles, puis se cachent des représailles parmi les civils. Si Israël décide de ne pas répliquer par peur de toucher des civils, les terroristes seront gagnants et continueront d’avoir le champ libre pour attaquer les civils avec des roquettes. Si Israël réplique, et cause des victimes civiles, les terroristes remportent une victoire sur le terrain de la propagande : la communauté internationale s’empresse de condamner la réponse « disproportionnée » d’Israël. Ce chœur de condamnations en fait encourage les terroristes de continuer d’agir depuis des zones civiles.

Tandis qu’Israël fait tout ce qui est raisonnablement possible pour minimiser les victimes civiles - pas toujours avec succès -, le Hezbollah et le Hamas veulent faire le maximum de victimes civiles, de chaque côté. Les terroristes islamiques, comme le disait un diplomate il y a quelques années, « sont devenus maître dans la rude arithmétique de la douleur (...) Les victimes palestiniennes jouent en leur faveur et les victimes israéliennes jouent en leur faveur. » Ce sont des groupes qui envoient leurs enfants mourir en bombe-humaine, quelquefois à leur insu. Il y a deux Ans, un enfant de 11 ans a été payé pour transporter un paquet au-delà des services de sécurité israéliens. Il ne le savait pas, mais le sac contenait une bombe qui devait exploser actionnée à distance (heureusement, l’attentat a été déjoué).

Cet abus des civils utilisés comme boucliers et épées requiert un réexamen des lois de la guerre. La distinction entre combattants et civils - facile entre combattants en uniforme et armées qui combattent sur des champs de bataille éloignés des centres civils - est plus difficile dans le présent contexte. Maintenant, il y a un continuum civil : à l’extrémité la plus civile de ce continuum, il y a de purs innocents - bébés, otages et autres personnes totalement non impliquées ; à l’extrémité la plus combattante, il y a des civils qui volontairement hébergent des terroristes, fournissent des moyens et servent de bouclier humain ; au milieu de ce continuum, il y a ceux qui soutiennent politiquement les terroristes, ou spirituellement.

Les lois de la guerre et les règles de moralité doivent être adaptées à ces réalités. Une analogie avec les lois criminelles est instructive : un voleur dans une banque qui prend un caissier comme otage et tire sur la police en se protégeant derrière son bouclier humain est coupable de meurtre si les policiers, dans leur effort d’empêcher le voleur de tirer, tuent accidentellement l’otage. Il devrait en être de même pour les terroristes qui utilisent les civiles comme boucliers derrière lesquels ils tirent leurs roquettes. Les terroristes devraient être tenus légalement et moralement responsables pour les morts de civils, même si la cause physique directe était un tir israélien visant ceux qui prennent pour cibles les civils israéliens.

Israël devrait être autorisée à finir le combat contre le Hamas et le Hezbollah, même si cela implique des victimes civiles à Gaza et au Liban. Une démocratie a le droit de préférer les vies de ses propres citoyens innocents à celles des civils d’un pays agresseur, spécifiquement si ce dernier comporte de nombreux groupes complices du terrorisme. Israël prendra - et devra prendre -toutes les précautions pour minimiser les victimes civiles de l’autre côté. Le 16 juillet, Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah, a annoncé qu’il y aurait de nouvelles « surprises », et les Brigades des martyrs al-Aqsa ont dit qu’elles avaient développé des armes chimiques et biologiques qui pourraient être ajoutées aux roquettes. Est-ce qu’Israël ne devrait pas être autorisé à contrecarrer leur utilisation ?

Israël a quitté le Liban en 2000 et Gaza en 2005. Ce ne sont pas des territoires « occupés ». Cependant, ils servent de base de lancement pour des attaques contre des civils israéliens. L’occupation ne cause pas le terrorisme, alors que le terrorisme semble causer l’occupation. Si l’on attend d’Israël qu’il ne réoccupe pas ces territoires pour empêcher le terrorisme, alors le gouvernement libanais et l’Autorité Palestinienne doivent faire en sorte que ces régions cessent d’être des havres sûrs pour les terroristes.


Alan M. Dershowitz est Professeur de droit à Harvard



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