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Analyse de la chute du président Summers à Harvard
Par Jeff Jacoby - Jewish World Review - Adaptation française de Cathy Josse
Article mis en ligne le 10 mars 2006

Etats-Unis : Le président de Harvard démissionne pour cause de patriotisme, de dénonciation du nouvel anti-sémitisme de gauche et de remise en cause des dogmes féministes.

« Rien ne montre autant la corruption intellectuelle et morale de l’élite que cet homme s’immolant pour des affirmations qui seraient du simple bon sens pour la plupart des Américains. »

Le 27ème président de l’Université de Harvard a annoncé sa démission la semaine dernière mais la perte de l’état grâce de Lawrence Summers avait en fait commencé le 26 octobre 2001, moins de quatre mois après sa nomination. C’est le jour où, pendant un discours pour le banquet annuel des récompenses pour services rendus au public de la « Kennedy School of Government » de Harvard, il eût la témérité de parler favorablement du patriotisme américain - et, encore plus audacieusement, d’exprimer de l’admiration pour les hommes et les femmes de nos forces armées américaines.

« Patriotisme » est un mot « utilisé trop rarement » sur des campus comme celui de Harvard, a déclaré Summers, et trop d’universitaires considèrent ceux qui portent l’uniforme avec « désapprobation ». Il a souligné « l’importance d’exprimer clairement notre respect et notre soutien pour les militaires » et a ostensiblement émis « l’espoir que, lors des prochaines récompenses l’année prochaine, parmi celles qui seront reconnues se trouveront des personnes qui ont servi leur pays sous les drapeaux. »

Summers a poursuivi ce message en écrivant dans une lettre à l’occasion du Veteran’s Day aux cadets et aspirants de Harvard, que lui « et beaucoup d’autres admirent profondément ceux d’entre vous qui ont choisi de servir la société de cette manière. » Et, à la Faculté des Arts et des Sciences, il a décrit le service sous les drapeaux comme « vitalement important pour la liberté qui rend possible des institutions comme Harvard ».

Dans la quasi-totalité de l’Amérique, de telles vues sont courantes. Mais, à Harvard - où les formations d’officiers de réserve sont interdites depuis plus de 30 ans -, elles étaient sûres d’être insupportables aux yeux de nombreux membres du corps enseignant. Même avec le temps, ces vues ne passaient pas. C’est suggéré par le fait, que le jour même où Summers a démissionné, l’un des ses opposants les plus virulents - le professeur d’anthropologie J. Lorand Matory - a déclaré à un journaliste que, parmi les choses qui rendaient ce président d’université si imbuvable, était « qu’il nous a dit que nous devrions être plus patriotes ».

Mais, ceci n’est que l’un de ses péchés. Comme il croyait qu’un président d’université se doit de s’intéresser à la qualité du travail académique, Summers a dit à Cornel West, une personnalité importante de la section des études afro-américaines (en privé, mais cette conversation a été répétée à la presse), qu’enregistrer des CDs de hip-hop et faire la promotion de la campagne présidentielle d’Al Sharpton ne figuraient pas parmi les sortes d’activités que Harvard attendait de ses étudiants. Sur ce, West partit furieux pour l’Université de Princeton - mais pas sans avoir jouer la « carte raciale » et déclaré qu’il ne pouvait pas supporter un « tel manque de respect et d’être ainsi déshonoré » puisque que c’est « la seule chose que l’on possède en tant qu’être humain, surtout quand on est noir en Amérique. »

Summers indigna les dictateurs du campus de nouveau en septembre 2002 quand il a déplora les « vues profondément anti-Israël... qui trouvent de plus en plus de soutien dans nos communautés intellectuelles soi-disant progressistes », comme le mouvement qui tient à l’écart Israël pour l’étrangler économiquement et l’expulsion des étudiants israéliens des conseils des revues académiques. L’anti-sémitisme était associé autrefois avec des incultes de droite, a déclaré Summers, mais maintenant, c’est à gauche que « des gens sérieux et réfléchis soutiennent et font des actions dont l’effet, sinon l’intention, sont antisémites. » Pour ces paroles, il fût accusé de tout et de n’importe quoi, du Mc Carthysme à la paranoïa. « Accuser ceux avec qui nous ne sommes pas d’accord d’intolérance, écrivit un critique dans le Boston Globe, est le dernier refuge des lâches. » Sauf, bien sûr, si ceux que l’on décrit ainsi sont effectivement coupables d’intolérance.

Mais, rien n’a autant nourri le feu des critiques anti-Summers que sa suggestion l’année dernière que des différences innées entre les sexes pourraient avoir quelque chose à voir avec la rareté des femmes dans les hautes sphères des maths, de la science et de l’ingénierie. Il accompagna son hypothèse de nombreuses mises en gardes et ajouta « qu’il n’aimerait rien plus que d’avoir tort ». Mais, rien de tout cela ne comptait aux yeux de ses inquisiteurs qui l’accusèrent d’être un sexiste avec une attitude méprisante envers les femmes. Une réaction typique fût celle de Mary C. Waters, la présidente du département de sociologie de Harvard, qui affirma que ces remarques démontraient « que le président de Harvard ne pensait pas que les femmes scientifiques étaient aussi bonnes que les hommes. » Summers n’avait rien dit de semblable, mais cela ne fit aucune différence pour ceux qui demandaient sa tête.

La devise de Harvard est « Veritas », le mot latin pour « vérité ». Mais, à Harvard, ainsi que dans la quasi-totalité du monde académique, c’est l’idéologie, pas la vérité, qui a la pus grande valeur. Rien ne montre autant la corruption intellectuelle et morale de l’élite de la culture académique que la vue du président de Harvard s’immolant pour le crime d’avoir prononcé des affirmations que la grande majorité des Américains considéreraient comme du simple bon sens.

« Je préférerais être gouverné par les 2000 premiers noms de l’annuaire de téléphone de Boston, a avoué William F. Buckley Jr il y a plus de 40 ans, que par les 2000 membres de la faculté de Harvard ». Il y a eu une époque où les paroles de Buckley semblaient exagérées. Plus maintenant.


Jeff Jacoby est éditorialiste au Boston Globe


Anatomy of Summers’s fall http://jewishworldreview.com/jeff/jacoby022706.php3



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