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A quoi joue l’ambassade de France en Israël ?
Hélène Keller-Lind
Article mis en ligne le 30 mai 2010

Étrange ce « Forum de la Démocratie 2010 » organisé par l’Ambassade de France à Tel Aviv...Ou plutôt son organisation à la tonalité pour le moins hostile au pays hôte... et qui fait déraper la traditionnelle politique du bon et du méchant diplomatique instaurée de longue date par la France vis-à-vis de l’État hébreu par le biais de deux de ses représentations.

Le bon et le méchant

Il y a « le bon, » l’Ambassadeur de France à Tel Aviv. Une manière de ne pas reconnaître la capitale que s’est choisie Israël et qui est la règle générale d’ailleurs. Et « le mauvais, » c’est-à-dire le Consul général de France à Jérusalem qui, de fait, est l’Ambassadeur de France auprès des Palestiniens et donc très nettement hostile à Israël. Pour preuve les programmes culturels mis en place par la France dans les Territoires, avec, par exemple, un groupe violemment anti-israélien pour fêter les 100 ans de la municipalité de Ramallah. Un exemple parmi tant d’autres...

C’est d’ailleurs un de ces Consuls qui a contribué à mener à sa disparition l’Alliance Française de Jérusalem avant de la fermer et de la remplacer par un Centre Culturel à l’Ouest.

Il était en effet intolérable pour le Quai d’Orsay d’avoir à Jérusalem un établissement culturel franco-israélien en plus du centre culturel français de la rue Sala Al-din de l’Est de la ville, fréquenté par Arabes israéliens et où l’anglais est largement utilisé. Franco car sous l’égide du ministère, avec des fonds du ministère, israélien car ayant, comme dans toute Alliance Française de par le monde, un Président et Conseil d’Administration locaux, donc israéliens. Exit donc cet établissement ouvert par le directeur de l’Alliance française de Paris de l’époque, par la volonté de son beau-frère le Président Mitterrand. Et devant qui le Quai avait dû se plier...attendant son heure et de pouvoir porter un coup mortel à l’établissement dont le premier directeur très prestigieux avait été André Chouraqui.

La conseillère culturelle de l’époque où fut portée l’estocade finale ne cachait d’ailleurs pas son hostilité à Israël, interdisant, par exemple, à son personnel de vivre dans la partie Ouest de Jérusalem...Elle avait fait ses études à Damas, d’ailleurs et situait le Lycée français de Jérusalem dans les Territoires palestiniens dans une exposition à l’université de Bethlehém...Entre autres.
La dernière directrice de l’Alliance française qui était en passe de redonner vie à un établissement culturel français moribond fut donc renvoyée ad patres sous des prétextes fallacieux. Terminée donc une collaboration franco-israélienne à Jérusalem qui indisposait tant le Quai. Mais rien de tout cela ne fit grand bruit...

Aujourd’hui, une autre conseillère culturelle, Annette Levy-Willard, risque de faire les frais de ce que l’Ambassadeur de France en Israël, le « bon, » donc, qualifiera sans doute de faux-pas au vu du tollé que ce « Forum de la Démocratie 2010 » organisé par son ambassade est en train de provoquer en Israël même dans le monde francophone. Pourtant il est impossible qu’un feu vert n’ait pas été donné au plus haut échelon pour la tenue de ce Forum tel qu’il a été conçu.

Là où le bat blesse

Beaucoup dérange fortement dans l’organisation de ce Forum même si des ministres israéliens en poste actuellement font partie des orateurs, même si on trouve dans la liste des participants d’indéniables amis d’Israël tel que Claude Goasguen ou Pascal Bruckner.
Le partenaire privilégié de ce Forum et qui y est surprésenté est le journal Haaretz, très critique du gouvernement israélien. Ce qui serait légitime, le journal étant israélien, si une autre opinion, majoritaire, elle, était représentée aussi d’une manière équilibrée par d’autres médias.

Autre choix plus que gênant : en vedette Bernard-Henri Lévy qui a apposé sa signature sur la pétition de Jcall accusant notamment Israël de « faute morale... » Ou encore la présence de Charles Enderlin qui avait accusé sans preuves des soldats israéliens d’avoir tué le petit Mohammed Al-Dura, ce qui avait provoqué une énorme flambée d’antisémitisme et avait été l’un des déclencheurs de la seconde Intifada...Un journaliste étonnamment resté en poste alors que Arlette Chabot, la directrice de l’information de sa chaîne, France 2, a dit à plusieurs reprises, notamment sur Radio J avec Michel Zerbib, ou lors d’une conférence de presse donnée à France 2, que l’on ne pouvait accuser ces soldats ainsi. On pourrait continuer l’énumération....

Pour enfoncer le clou

Le 27 mai Haaretz publie un article entretien avec Bernard-Henri Levy à la veille du colloque Après des considérations futiles on en vient finalement à sa signature du soi-disant « Appel à la Raison » - comme le déplore Shmuel Trigano -. Selon Haaretz il exprime des « réserves » quant à l’expression « faute morale, » - au passage Haaretz édulcore le mot « faute » en en faisant en anglais une simple « error =erreur », est-ce délibéré ou pas ? On peut supposer que Bernard-Henri Levy a relu....- mais se dit « heureux d’avoir signé le texte. » Il persiste et signe donc.

Suivent un passage où est fait l’éloge de Barack Obama puis des commentaires sur le Premier ministre israélien qui ont dû ravir Haaretz. « Il a mûri, » dit le philosophe qui l’avait traité de « catastrophe » lors de son premier mandant - ce que rappelle le quotidien - poursuivant : « il est intelligent, logique et sobre... » Quel satisfécit.... sauf que la chute... « A Paris il comprend ces choses mais ça cesse à Jérusalem. Il redevient un homme politique « petty » on a le choix...mesquin, minable, à la petite semaine...allez savoir ce qu’il a dit en français, si c’est en français qu’il s’est exprimé. Bref un pauvre type, pas à la hauteur....que s’est pourtant choisi la majorité d’un pays démocratique et qui a multiplié les gestes en faveur des Palestiniens pour tenter d’établir une paix économique

Et, en réponse à une question, il déclare qu’il dira à Tzipi Livni qu’il est dommage qu’elle n’ait pas rejoint le gouvernement Netanyahou car alors, « ils n’auraient pas donné à Biden la claque qu’il a reçue... » Quel raccourci !

Puis il critique les hommes politiques israéliens en général, y compris son ami Shimon Peres, « qui a des moments formidables mais qui à d’autres moments n’a été que l’ombre de lui-même... »

L’article continue....le bouquet final étant l’idée que le philosophe pourrait se tourner vers la politique...en Israël...

Le Colloque promet d’être agité. Il se déroulera à salles fermées car il a fait le plein annonce le site qui lui est dédié. Et on y verra comment « le bon, » l’Ambassadeur de France en Israël, s’est transformé en « méchant, » ou détracteur de l’Etat hébreu...



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