Revue de la presse israélienne du Congrès Juif Européen 


Jérusalem, le 3/5/07                                                                                                       Numéro 363



 


Les manchettes 

Yediot Aharonot-Maariv : "La manifestation de la Place Rabin: examen crucial pour Olmert". La principale question : combien d'Israéliens se rendront ce soir à cette manifestation pour exiger la démission du Premier Ministre?. 

Haaretz: Olmert a maté la rébellion au sein de Kadima. Le Premier Ministre se prépare à un remaniement ministériel 

 

Développements des titres principaux

 

Deux titres  liés aux conclusions de la Commission Vinograd sont développés, dans la presse de ce matin: Le comportement inattendu de Tzipi Livni hier, et la manifestation de protestation prévue ce soir sur la place Rabin à Tel-Aviv

 

Le comportement de Tzipi Livni

Tous les quotidiens reviennent  en détail sur les développements de la journée d'hier. Les journaux insistent sur les rumeurs d'une démission de Tzipi Livni et d'Amir Peretz qui ont surgi  en matinée, sur la réunion du conseil des ministres au cours de laquelle Olmert a confié au général(rés.) Lipkin Shahak le soin de mettre en application, dans les trente prochains jours, les conclusions opérationnelles de la Commission Vinograd; sur la rencontre Livni-Olmert au cours de laquelle la chef de la diplomatie a suggéré (et non exigé) la démission du Premier Ministre. 

Les journaux reviennent en particulier sur la conférence de presse au cours de laquelle Tzipi Livni a expliqué qu'elle avait suggéré à Olmert de démissionner avant de préciser qu'elle n'avait pas elle-même l'intention de quitter le gouvernement: "Il serait illogique que moi qui n'ait pas été incriminée par le rapport Vinograd soit la première à démissionner"aurait affirmé Livni à ses conseillers pour justifier ce qui est perçu dans l'ensemble par la presse de ce matin, comme une malheureuse volte-face qui affecte le leadership de la chef de la diplomatie israélienne. 

Tous les quotidiens: Le groupe parlementaire Kadima, à l'exception du Président de la Coalition, Avigdor Itzhaki a fait acte d'obédience et de loyauté à Olmert. 

Yediot Aharonot titre: "La rébellion(contre Olmert) n'a pas eu lieu". Itzhaki s'est retrouvé seul hier dans son opposition au Premier Ministre. Il a démissionné et a été remplacé à son poste par Tzahi Hanegbi, un fidèle d'Ehud Olmert. 

Les journaux : Olmert a prouvé qu'il conservait quasiment intacte toute son autorité. Hier soir, l'un des conseillers d'Olmert est même passé à la contre-attaque et lui a suggéré de limoger Livni . Mais Olmert a choisi de patienter et de ne pas provoquer de remous supplémentaires. Pour l'instant.

Tous les quotidiens reviennent aussi sur les hésitations du ministre de la Défense, Amir Peretz qui hier matin envisageait de démissionner mais qui lui aussi a préféré rester en fonction pour pouvoir "mettre en application les conclusions de la commission Vinograd". 

Haaretz: Cependant, la manifestation de ce soir, et la proximité des élections travaillistes pourraient  conduire Peretz à annoncer sa démission. 

 

La manifestation

Tous les quotidiens reviennent sur ce grand rassemblement organisé par les familles de soldats tués durant la guerre, les réservistes qui avaient lancé le mouvement de protestation contre le gouvernement tout de suite après la guerre, mais aussi les étudiants israéliens qui ont de sérieux griefs contre Ehud Olmert et plusieurs mouvements qui prônent un régime politique plus intègre..

Haaretz: Aucun politicien n'y prendra la parole. Les intervenants seront: Ouzi Dayan, un représentant des familles endeuillées, un représentant des réservistes de Tzahal, un intellectuel et le président du mouvement pour un régime politique intègre. Le slogan de cette manifestation est sans équivoque: "Que ceux qui ont échoué s'en aillent." 

Haaretz: Ouzi Dayan a "briefé" des jeunes marcheurs qui se rendent à pied à Tel Aviv pour protester contre Olmert et Peretz: "Il est important  de ne pas dire à la presse que Bibi doit remplacer Olmert", leur a dit Dayan. 

 

Tous les quotidiens: Le cheik Hassan Nassarala a adopté intégralement les conclusions de la commission Vinograd! Dans un discours télévisé, il a déclaré: "Déjà durant la guerre j'avais annoncé que la direction israélienne était inexpérimentée et qu'elle ne parviendra pas à nous battre". Nassarala s'est moqué du ministre israélien de la Défense qui avait déclaré au début de la guerre qu'il se souviendrait longtemps du nom d'Amir Peretz: "C'est vrai, je n'ai pas oublié votre nom. Vous m'avez menacé et vous avez été défait". Nassarala s'est moqué également de la manière dont "les Israéliens ont traité leur défaite militaire".

 

Les commentateurs: 

Ils consacrent leurs éditoriaux à la volte-face de Livni et à la manifestation de ce soir à Tel-Aviv. 

 

Haaretz:Yossi Werther: "Aucune étoile politique n'est née hierL'instant où Tzipi Livni est descendue, hier de la tribune, restera gravé comme un instant de ratage  pour ne pas dire de profond embarras. A propos de Livni, on peut dire après ce qui s'est passé hier que la peur ne forge pas un leadership". 

 

Haaretz: Dans un éditorial intitulé,"Ségolène Livni", Gidéon Lévy salue la réaction de Tzipi Livni et lui rend hommage:" Certes, le fait qu'elle reste dans le gouvernement Olmert est problématique. Certes, on aurait pu s'attendre à un geste plus courageux  mais finalement, elle a eu le mérite de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas". 

 

Haaretz: Alouf Ben ecrit: " Le rapport Vinograd a présenté Olmert comme un échec cuisant mais lui a offert aussi une opportunité très chère: celle de se doter d'un agenda politique  pour la première fois depuis que son plan de repli a été abandonné.  Désormais, Olmert va retrousser ses manches et se consacrer à la mise en application des conclusions de la commission: "Nous avons commis des erreurs, nous allons les réparer" à dit Olmert hier à ses ministres Cependant, les instants de satisfaction  d'hier ne garantissent pas à  Olmert la sérénité: "Il lui reste plusieurs défis à relever: est-ce que la manifestation de ce soir sera le début d'une vague de protestation publique?". Olmert a peut-être échoué comme leader mais il a prouvé hier qu'il comprenait parfaitement ce qui se passait en politique". 

  

Haaretz: Ary Shavit écrit: L'opinion publique israélienne, a été le véritable héros de ces sept dernières années: elle a soutenu l'initiative de paix de Barak en 2000, elle a fait face aux attentats terroristes de 2001-2004, elle a soutenu le retrait israélien de Gaza e 2005 et elle a a tenu le choc du Hizbollah durant l'été dernier. Mais durant l'année dernière, l'opinion publique a échoué dans ses tentatives d'imposer son jugement au gouvernement. ..Ce soir sur la place Rabin, l'opinion publique israélienne et la démocratie israélienne se trouvent face à un défi: il ne s'agit plus de chasser le Hizbollah, de lutter contre le terrorisme mais de veiller à doter l'état d'Israël d'un gouvernement  souhaitable et ramener Israël vers lui-même". 

 

Yediot Aharonot: Sima Kadmon compare Tzipi Livni à un lapin qui tente de traverser une autoroute et se fait éblouir par les phares d'un camion: "Au lieu de continuer a avancer sur la voie dangereuse qu'elle a choisi, Tzipi Livni a soudain prispeur et est restée figée au beau milieu de la route, condamnée à se faire écraser Pour la première fois, depuis son ascension météorique, la faiblesse de Tzipi Livni s'est étalée au grand jour. Certains diront que sa faiblesse a été sa crainte et son incapacité de prendre une décision et d'aller jusqu'au bout. En d'autres termes, écrit Sima Kadmon, Livni n'a pas le courage politique nécessaire et elle a prouvé hier qu'elle était bien loin d'être mure pour la fonction de Premier Ministre". 

 

Maariv: Ben Caspit écrit: "Livni a prouvé qu'elle avait tout au plus l'étoffe d'une présidente de la WIZO Mondiale. Elle aurait pu remporter le gros lot hier. Mais au lieu de cela, elle l'a dilapidée à moindre prix. L'espoir le plus sérieux de la classe politique israélienne est apparu hier pâle hésitante, affligé, repenti. Elle reste certes une femme politique intègre, droite et pleine de bonnes intentions. Mais là s'arrêtent ses qualités Elle s'est demandée pourquoi serait-elle la seule à payer le prix de la Commission Vinograd. Et elle n'a pas compris qu'en tant que "phare" d'intégrité et de droiture politique, c'était effectivement ce que le public attendait d'elle."

 

Maariv: Nadav Eyal: "Il ne faut pas être trop dur envers Livni. Elle est restée la seule à avoir dit avec courage, haut et fort, ce que tout le monde pense: qu'Olmert doit démissionner. Elle savait qu'elle risquait, pour cela, d'être limogée. Le problème a été dans la manière d'agir. En rentrant dans la salle de conférence de presse du ministère des Affaires Etrangères elle était encore une potentielle Premier Ministre. En sortant, les journalistes présents ont admis qu'elle n'avait pas encore l'étoffe de cette fonction". La conclusion de la journée d'hier est que la campagne se déplace désormais vers la rue et vers l'opinion publique israélienne. Vinograd a expliqué aux Israéliens qu'ils ne devaient rien attendre de leurs politiciens. Reste donc la pression publique et le premier examen sera ce soir, sur la place Rabin. 

 

Maariv: Yossi Beilin; leader de Meretz(gauche idéologique) et Effy Eytam, député Ihoud Leumi(droite idéologique) publient, en première page du Maariv un éditorial inédit qu'ils ont rédigé ensemble: "Nos approches politiques sont diamétralement opposés sur quasiment tous les sujets, écrivent-ils. Jamais nous ne siègerons cote à cote dans la même coalition.  Mais nous sommes tous les deux inquiets pour l'avenir de la société israélienne. Nous écarquillons, tous deux, les yeux avec stupéfaction en regardant le comportement du Premier Ministre. Nous sommes, tous les deux, persuadés qu'Olmert doit s'en aller pour sa responsabilité dans l'échec de la guerre du Liban. Et nous ferons tous, selon les règles de la démocratie, pour que c'est ce qui se produise. Nous appelons tous les citoyens de ce pays  quelle que soit  leur opinion politique,  à venir ce soir sur la place  pour défendre la démocratie israélienne". 

 

Maariv: Yael Paz Melamed considère que les centaines de milliers d'Israéliens qui viendront ce soir place Rabin ne feront rien d'autre que couronner Byniamine Netayaou au poste de Premier Ministre. Et elle leur recommande donc de ne pas venir. 

 

 

D'autres titres dans la presse israélienne

 

Tous les quotidiens: Asmi Bashara est soupçonné de haute trahison et d'espionnage en profit du Hizbollah. Durant la guerre, Bashara aurait selon ces soupçons, aidé le Hizbollah à guider les missiles et roquettes de katiouchas qu'il tirait en direction du Nord d'Israël en général, et de Haïfa en particulier. Il aurait orienté, par téléphone, les tireurs de katiouchas du Hizbollah, en direction des raffineries de pétrole de Haïfa! En échange de ces services Bashara aurait reçu plusieurs centaines de milliers de dollars, en espèces de la part du Hizbollah. Le Shin Beth a expliqué hier: "Nous avons dévoilé la traîtrise de Bashara en écoutant ses communications téléphoniques, des écoutes faites avec le feu vert de la Cour Suprême.  Au sein du parti Balad et de la famille Bashara, on dément catégoriquement ces accusations graves et l'on affirme que les autorités israéliennes ont monté de toutes pièces ce dossier. S'il est capturé par la police israélienne, Bashara risque selon la loi israélienne la réclusion à perpétuité, voir même la peine de mort. Mais il semble peu probable qu'il revienne prochainement défendre son honneur en Israël. C'est la raison pour laquelle la police aurait l'intention de lancer un mandat d'arrêt international contre lui. 

 

Tous les quotidiens: Les avocats du Président Katzav sont sortis encouragés, hier de l'audition  spéciale accordé par le Conseiller Juridique du Gouvernement Meni Mazouz. Il s'avère qu'avant de décider s'il présente un acte d'accusation contre le Président, Meni Mazouz a accorder une seconde audience, pour détailler les preuves de l'innocence du Président dont ils disposent, selon eux. Les avocats affirment en effet détenir des preuves évidentes du manque de crédibilité des plaignantes. Mazouz, lui même a déclaré hier: "J'accorde beaucoup d'importance à cette audition: "Il est arrivé que je change d'avis après cette procédure" affirme Mazouz cité par le Yediot.