Cauchemar en Iran...
Le monde
d¹Ahmadinejad
par Matthias Küntzel
http://www.matthiaskuentzel.de/contents/kategorie/english/
Commentaire de Jared Israel, rédacteur en chef de
ŒEmperor's Clothes¹
[25 Septembre 2006]
Translated from the German by John Rosenthal
Traduit de
l¹anglais en français par Simon Pilczer
En réfléchissant au comportement de Mahmoud
Ahmadinejad, je ne peux m¹empêcher de penser aux 500.000 clefs en plastique que
l¹Iran a importé de Taiwan pendant la guerre Iran – Irak de 1980 –
88. A l¹époque, une loi iranienne imposa que des enfants à peine âgés de 12 ans
pouvaient être utilisés pour nettoyer les champs de mines, même contre les
objections de leurs parents. Avant chaque mission, une petite clef de plastique
était accrochée autour du cou de chaque enfant. Elle était supposée leur ouvrir
les portes du paradis.
³Dans le passé², a écrit le quotidien
iranien semi-officiel Ettela¹at,
« nous avions des enfants volontaires : de 14, 15 à 18 ans. Ils
allaient dans les champs de mines. Leurs yeux ne voyaient rien, leurs oreilles
n¹entendaient rien. Et puis, quelques instants plus tard, on voyait des nuages
de poussière. Quand la poussière se redéposait, il n¹y avait plus rien à voir
d¹eux. Quelque part, largement dispersés dans le paysage, reposaient des petits
morceaux de chair brûlée et des fragments d¹os ». De telles scènes devaient
dorénavant être évitées, assurait Ettela¹at à ses lecteurs. »Avant d¹entrer dans les champs
de mines, les enfants s¹enroulaient désormais dans des couvertures, et ils
roulaient sur le sol, de sorte que les parties de leur corps restent ensemble
après l¹explosion des mines, et que l¹on puisse les porter dans les tombes »
[1]
Les enfants qui roulaient ainsi vers leur
mort formaient une partie du mouvement de masse des ³Basiji² qui a été appelé à
naître par l¹ayatollah Khomeiny en 1979. Les Basiji Mostazafan – la
«mobilisation des opprimés » - était faite de milices volontaires à court
terme. La plupart des membres des Basiji n¹avait pas encore 18 ans. Ils
partaient dans l¹enthousiasme et par milliers vers leur propre destruction.
« Les jeunes hommes nettoyaient les mines avec leurs propres corps »,
rappelait un vétéran de la guerre Iran – Irak, « c¹était parfois
comme une course. Même sans les ordres du commandant, chacun voulait être le premier ». [2]
Les medias Occidentaux ont montré peu
d¹intérêt pour les Basiji – peut-être parce que les journalistes ne
pouvaient pas être présents pendant les hostilités, ou peut-être parce ils ne
croyaient pas les reportages. Un tel désintérêt a persisté jusqu¹à aujourd¹hui.
Les 5.000 morts de Saddam Hussein empoisonnés par une attaque au gaz sur les
Kurdes de Halabja sont restés dans nos mémoires. L¹histoire a oublié les
enfants des champs de mines.
Aujourd¹hui cependant, Ahmadinejad apparaît
en public dans son uniforme de Basiji. Pendant la guerre, il a servi comme l¹un
des instructeurs de Basiji qui ont transformé les enfants en martyrs. La
génération qui a combattu pendant la guerre Iran – Irak est venue au
pouvoir avec Ahmadinejad. Il a dû son élection de l¹été 2005 au mouvement
Basiji de l¹époque. A l¹automne, il annonça « une semaine Basiji ».
Selon un reportage du journal ŒKayan¹, quelques 9 millions de Basiji ont
répondu à l¹appel, « formant une chaîne humaine de quelques 8.700
kilomètres de longŠ A Téhéran seulement, quelques 1.250.000 de personnes
vinrent » [3] Dans ses discours, Ahmadinejad fait l¹éloge de la
« culture Basiji », et du « pouvoir Basiji » avec lequel
l¹Iran d¹aujourd¹hui fait sentir sa présence sur la scène diplomatique et
internationale ». L¹ayatollah Ahmad Janati, président du Conseil des
Gardiens, en vient à décrire l¹existence même du programme nucléaire iranien
comme un triomphe de ces Iraniens qui « servent le mouvement Basiji, et
possèdent la psyché Basiji et la culture Basiji ». [4]
Loin d¹être sujet à la critique, le
sacrifice des Basiji fait pendant la guerre contre l¹Irak est célébré de nos
jours plus que jamais auparavant. Déjà, dans un de ses premiers entretiens
télévisés, le nouveau président s¹enflamma : « y-t-il un art qui soit
plus beau, plus divin, plus éternel que l¹art de la mort en
martyr ? » [5] Le leader suprême Ali Khamenei, soutint la guerre
contre l¹Irak, en s¹appuyant sur les Basiji sans peur, comme un modèle de
futurs conflits.
Cela serait déjà une raison suffisante pour
nous intéresser à l¹histoire des Basiji. Mais il y a une autre raison. Le
déploiement des Basiji dans la guerre Iran – Irak est le crime primordial
de l¹islam politique : c¹est ici que le culte des attaques suicide
motivées religieusement trouve son origine. Si nous voulons comprendre pourquoi
une femme siège au Parlement palestinien, honorée, par-dessus tout, parce
qu¹elle envoyé trois de ses cinq fils à des morts de martyrs, si nous voulons
savoir pourquoi, encore aujourd¹hui, 50.000 jeunes Iraniens sont volontaires
pour des missions suicide – on ne peut faire abstraction des Basiji.
Les Enfants - Basiji à la guerre
En 1980, l¹ayatollah Khomeiny a appelé
l¹invasion irakienne de l¹Iran « une bénédiction divine ». La guerre
apporta la parfaite opportunité pour islamiser aussi bien la société iranienne
et les institutions de l¹Etat iranien. En peu de temps, les Gardiens de la
Révolution fanatiquement dévoués à Khomeiny - les Pasdaran – ont été transformés en une armée de
leur propre initiative, complétée avec la marine et la force aérienne. Au même
moment, le régime a précipité le développement d¹une milice populaire :
les Basiji Mostafazan.
En quelques semaines seulement, des
adolescents entre 12 et 18 ans – aussi bien que des hommes de plus de 45
ans – ont été préparés à la guerre. Pendant la formation, le manque
d¹armes a été compensé par un surplus de propagande religieuse. Quand leur
formation a été achevée, chaque Basiji a reçu un bandeau de couleur rouge sang
qui le désignait comme « volontaire pour le martyr ».
Sur le champ de bataille, les Basiji
représentaient 30 % des forces armées comme telles, constituant la plus grande
partie de l¹infanterie. Les Pasdarans représentaient quelques 40 % des forces
armées et l¹armée régulière les 30 % restant. [6] Les membres des Pasdarans
avaient généralement un niveau d¹éducation plus élevé que les Basiji, qui pour
la plupart venaient de la campagne, et étaient souvent illettrés. Quand les
Basiji furent envoyés sur le front, les Pasdarans se tenaient à l¹arrière... en
règle, les Pasdarans étaient envoyés à la bataille après que des vagues
successives de Basiji avaient déjà été tuées. [7]
La tactique de la vague humaine était exécutée
comme suit : les enfants et les adolescents à peine armés devaient avancer de
façon continue en rangs parfaitement rectilignes. Il n¹importait pas qu¹ils
tombent comme de la chair à canon au feu ennemi, ou fassent exploser les mines
avec leurs corps : la chose importante était que les Basiji continuent
d¹avancer par-dessus les restes déchiquetés et mutilés de leurs camarades
tombés, allant vers leur mort vague après vague. [8] La tactique produisait
quelques succès initiaux indéniables du côté iranien. ³Ils viennent vers nos
positions en hordes immenses en brandissant leurs poings », se plaignait
un officier irakien à l¹été 1982 ; « Vous pouvez tirer sur la première
vague, et puis la seconde. Mais à un moment donné, les cadavres s¹empilent
devant vous, et tout ce que vous voulez faire, c¹est de hurler et de jeter
votre arme. Ce sont des êtres humains, après tout » [9] Au printemps 1983,
les Pasdarans avaient envoyé quelques 450.000 Basiji par périodes vers le
front. Après trois mois, celui qui survivait à son déploiement était renvoyé à
l¹arrière à son école ou à son travail. [10]
Comment étaient recrutés les Basiji ? Principalement
dans les écoles : les Pasdarans envoyaient des éducateurs ³spéciaux² qui
désignaient à la main leurs martyrs pour les exercices paramilitaires
obligatoires. Des films de propagande – comme le film de télévision en
1986 « une contribution à la guerre » - faisaient l¹éloge de
l¹alliance entre les étudiants et le régime contre ces parents qui essayaient
de sauver la vie de leurs enfants. [11]
Ensuite, le régime employait des
incitations. Ainsi, dans une campagne appelée ³Sacrifiez d¹un enfant pour
l¹imam », chaque famille qu avait perdu un enfant sur le champ de bataille
se voyait offrir un crédit sans intérêt et d¹autres avantages généreux. De
plus, l¹enrôlement dans les Basiji donnait au plus pauvre parmi les pauvres une
chance d¹avancement social. Les réservistes des Basiji sont encore aujourd¹hui
traités comme les protégés du régime des mollahs. [12]
Troisièmement, le régime employait des mesures
coercitives. L¹histoire suivante du jeune Hossein, qui a été documentée par
l¹hebdomadaire allemande ŒDer Spiegel¹ en 1982, est simplement l¹une parmi des milliers
:
[L¹extrait de ³der Spiegel² commence ici]
« Pourquoi
vous être enrôlé » ? Le jeune en tenue de camouflage, avec les deux
manches et jambes du pantalon roulées, ne répond pas. « Son nom est Hossein.
Il ne connaît pas son nom de famille », dit le traducteur. Le garçon a
douze ans au plus. Son visage est décharné, son corps est courbé en avant, il
respire en hoquetant. On peut voir qu¹il a des difficultés à se tenir sur ses
jambes. « Polio », dit le traducteurŠ Hossein vient de Mostallar, un
petit lieu quelque part entre Shiraz et Bandar AbbasŠ Un jour, quelques imams
inconnus sont venus dans le village. Ils ont appelé toute la population sur la
place devant le poste de police, et ils ont annoncé qu¹ils venaient avec de
bonnes nouvelles de l¹imam Khomeiny : l¹Armée islamique d¹Iran avait été
choisie pour libérer la cité sainte d¹Al Qods – Jérusalem – des
infidèlesŠ Hossein n¹avait pas le choix. Le mollah local avait décidé que
chaque famille ayant des enfants devrait fournir un soldat de Dieu. Parce que
Hossein était le plus facilement sacrifiable pour sa famille, et parce que, du
fait de sa maladie, il ne pouvait pas attendre beaucoup de bonheur dans cette
vie de toute façon, il fut choisi par son père pour représenter la famille dans
la lutte contre les démons infidèles. [13]
[L¹extrait de Œder Spiegel¹ se termine ici]
Sur les vingt enfants qui allèrent à la
bataille avec Hossein, seuls lui et deux autres survécurent.
En 1982, lors de la reprise de la ville de Khorramshahr,
10.000 iraniens moururent. Après « l¹Opération Kheiber », en février
1984, les cadavres de quelques 20.000 Iraniens tombés furent laissés sur le
champ de bataille. L¹offensive des
« quatre Kerbala » en 1986 coûta la vie à plus de 10.000 iraniens. Au
total, quelques 100.000 hommes et garçons ont été tués pendant les opérations
Basiji. [14] Pourquoi les Basiji se précipitaient-ils avec une telle ferveur
vers leur propre destruction ?
Les Martyrs de Kerbala
Au tout début, les Mollahs n¹envoyaient pas des
êtres humains sur les champs de mines, mais plutôt des animaux : des ânes,
des chevaux, et par-dessus tout, des chiens. Mais la tactique se montra
inutile : « après que quelques ânes aient explosé, le reste
s¹enfuyait de terreur », rapporte Mostafa Arki dan son livre Acht Jahre
Krieg im Nahen Osten [Huit ans de
guerre au Moyen-Orient.[15] Les
ânes réagissaient normalement. La peur de la mort est naturelle. Les Basiji,
d¹un autre côté, marchaient sans peur et sans se plaindre – comme guidés
par une main invisible – vers leur mort. Les curieux slogans qu¹ils
entonnaient en entrant sur les champs de bataille sont importants à
noter : « Contre le Yazid de notre temps », « La Caravane
de Hussein va en avant ! », «Un nouveau Kerbala Nous Attend ».
Yazid, Hussein, et Kerbala : trois références
essentielles de la religion shiite. Le mythe primordial de la Shia concerne la
bataille de Kerbala en 680 qui opposa les fondateurs de l¹Islam sunnite et shiite. La figure clé dans
la doctrine shiite est l¹imam Hussein, le petit-fils du prophète Mohammed.
Hussein conduisit une révolte contre le calife « illégitime » Yazid.
Mais la révolte de Hussein fut trahie par
les personnes mêmes qui avaient juré de le servir fidèlement. La honte
de ce « pêché original » de la Shia engendre une loyauté
inconditionnelle à la direction religieuse jusqu¹à nos jours. Dans la plaine de
Kerbala, le dixième jour du mois de Muharram, Hussein et son entourage ont été
attaqués et vaincus par une force numériquement supérieure sous la conduite de
Yazid. Le cadavre de Hussein portait les marques de 33 piqûres de lance et de
34 coups d¹épée. Sa tête fut coupée, et le tronc restant de son cadavre fut
piétiné par des chevaux. Depuis lors, le martyr de Hussein porte le c¦ur de la
théologie shiite et la fête de l¹Ashura qui le commémore est le jour le plus
saint de la Shia. Des hommes se battent eux-mêmes avec leurs poings, ou se
flagellent avec des chaînes d¹acier, de façon à approcher les souffrances de
Hussein. Ces rituels sont de nature préislamique : la Shia les a adaptés
de traditions zoroastriennes et païennes. [16]
Dans son étude, « Crowds and Power »
[foules et pouvoir] le prix Nobel
Elias Canetti documente un rapport de première main sur la fête de l¹Ashura
comme il s¹en produisait autour des années 1850 à Téhéran. Ce rapport préfigure
une partie de ce que nous trouvons si incompréhensible dans le comportement des
Basiji :
[L¹extrait de Foules et pouvoir commence ici]
500,000
personnes, aux prises avec le délire, couvrent leur tête de cendres et frappent
leur front contre le sol. Ils veulent se soumettre eux-mêmes à des
tourments : commettre des suicides en masse, se mutiler avec raffinementŠ
Des centaines d¹hommes en chemise blanche participent, leur visage radieusement
tourné vers le ciel. Parmi eux, plusieurs seront morts ce soir, beaucoup seront
estropiés et mutilés, et les chemises blanches, teintes en rouge, seront des
linceuls d¹enterrement.
Š D¹autres, qui
n¹étaient pas parmi les premiers volontaires pour le sacrifice de soi, découvrent
soudain leur soif de sang au milieu du tumulte général. Ils demandent des
armes, déchirent leurs vêtements, et déchirent leur chairŠ Il n¹y a pas de plus
belle destinée que de mourir pendant la fête de l¹Ashura. Les portes des huit
paradis sont grandes ouvertes pour le saint et tous essaient de les traverser. [17]
[L¹extrait de Foules
et pouvoir se termine ici]
Même si les excès sanglants de la sorte
décrits ici sont interdits dans l¹Iran contemporain, Khomeiny s¹est emparé de
l¹essence du rituel comme un acte symbolique et l¹a politisé. Il a pris la
ferveur tournée vers l¹intérieur et l¹a canalisée vers l¹ennemi extérieur. Il a
transformé la lamentation passive en protestation active. Il a fait de la
bataille de Kerbala le prototype de la révolte contre les tyrannies. Déjà,
pendant les manifestations contre le Shah en 1978, de nombreux protestataires
portaient des linceuls funéraires de manière à relier le culte de l¹Ashura aux
luttes politiques actuelles. Dans la guerre contre l¹Irak, les allusions à
Kerbala ont reçu une signification encore plus grande : d¹un côté, le
gredin Yasid sous la forme de Saddam Hussein ; de l¹autre, Hussein le
petit fils du prophète pour qui le temps de la revanche de la Shia était
finalement arrivé.
Mais pourquoi les Basiji devraient perdre la
vie dans cette lutte contre le mal ? C¹est là que la théologie de Khomeiny
apporte la clé. Selon sa vision théologique du monde, la vie est sans valeur,
et la mort est le commencement de la vraie existence. « L e monde
naturel », expliquait Khomeiny en 1980, « est l¹élément le plus bas,
l¹écume de la création ». Ce qui est décisif est au-delà : le
« monde divin qui est éternel » [18] c¹est ce dernier monde qui est
accessible aux martyrs. Leur mort n¹est pas la mort, mais seulement la
transition de ce monde vers le monde de l¹au-delà, où ils vivront éternellement
dans la splendeur. Que le guerrier gagne la bataille ou la perde en martyr
– dans les deux cas, sa victoire est assurée : soit matérielle, soit
spirituelle.
Cette attitude a une implication fatale pour
les Basiji : qu¹ils aient survécu ou non était indifférent. L¹utilité de leur
sacrifice n¹importait même pas. Les victoires militaires sont secondaires,
expliquait Khomeiny en septembre 1980. Le Basiji doit « comprendre qu¹il
est Œun soldat de D.ieu¹ pour qui ce n¹est pas tant le résultat du conflit que
sa simple participation à celui-ci qui procure épanouissement et récompense ».
[19] L¹antipathie de Khomeiny pour la vie pouvait-elle avoir autant d¹effet
dans la guerre contre l¹Irak sans le mythe de Kerbala ? Probablement pas.
Avec le mot « Kerbala » sur leurs lèvres, les Basiji allaient au
comble de l¹allégresse à la bataille. Et une bonne part de la société iranienne
y allait avec eux. Ali Khamenei, l¹actuel dirigeant suprême, a fait l¹éloge des
mères iraniennes qui acceptaient des félicitations au lieu de condoléances pour
la perte de leurs fils. [20] Rafsandjani, l¹actuel numéro deux en Iran, a
raconté l¹histoire des enfants de soldats tués à Kerbala : « les
enfants tiraient sur leur linceul funéraire, prenaient les épées de leur père,
et ils étaient prêts à sacrifier leur vie ». Puis ils tournaient en
ridicule les commandants de l¹armée régulière iranienne, parce que ces derniers
voulaient interdire aux familles d¹envoyer leurs enfants au front. Mais les
enfants, selon Rafsandjani, n¹étaient pas d¹accord. Rafsandjani demanda au
public si, à la lumière de cette attitude « adulte », on pouvait
vraiment considérer ces enfants comme des mineurs. [21]
Le Mythe de l¹Imam
Cependant, quand le courage face à la mort
des Basiji semblait vaciller, le régime mit en place un spectacle. Un
mystérieux cavalier sur un magnifique destrier apparaissait soudain sur le
front. Son visage – recouvert de phosphore – brillait. Son costume
était celui d¹un prince médiéval. L¹enfant soldat Reza Behrouzi, dont
l¹histoire a été documentée en 1985 par Freidoune Sehabjam en France, rapporte
que les soldats réagissaient dans un mélange de panique et de ravissement.
[L¹extrait de
l¹histoire Reza Behrouzi commence ici]
Chacun voulait courir vers le cavalier. Mais
il les renvoyait au loin. « Ne venez pas vers moi » criait-il »,
« Chargez dans la bataille contre les infidèles :Š Prenez la revanche
de notre imam Hussein et frapper la progéniture de Yazid ! ». Quand
la silhouette disparaît, les soldats crient : « Oh imam Zaman, où
es-tu ? » Ils se jetaient sur leurs genoux, priaient et gémissaient.
Quand la silhouette apparaît de nouveau, ils se dressent sur leurs pieds comme
un seul homme. Ceux dont les forces ne sont encore épuisées chargent les lignes
ennemies. [22]
[L¹extrait de
l¹histoire Reza Behrouzi se termine ici]
L¹apparition mystérieuse capable de
déclencher de telles émotions, c¹est « l¹Imam Caché », une figure
mythique qui influence la pensée et l¹action d¹Ahmadinejad jusqu¹à ce jour. La
Shia appelle les descendants mâles du prophète Mohammed « Imams », et
leur assigne un statut quasi divin. Hussein, qui fut tué à Kerbala par Yasid,
était le troisième imam. Ses fils et petit fils étaient les quatrième et cinquième.
A la fin de cette lignée, il y a le « Douzième imam », nommé
Mohammed. Certains l¹appellent le Mahdi (« celui qui est divinement
guidé »), d¹autres l¹imam Zaman (de sahib Zaman : « le Maître du
Temps »). Il est né en 869, c¹est le seul fils du onzième imam. Il disparut en 874 sans laisser de trace.
Depuis lors, la lignée de Mohammed s¹est terminée. Dans la mythologie shiite,
cependant, elle se poursuivit. La Shia croit que le douzième imam s¹est
seulement retiré de la vue en public quand il avait cinq ans, et qu¹il émergera
tôt ou tard de son « occultation », de façon à libérer le monde du
mal.
Le prix Nobel V.S. Naipaul a montré
combien est profondément enracinée
la croyance dans l¹arrivée du messie shiite parmi la population iranienne. Dans
son livre « Among the Believers: An Islamic Journey [Parmi les croyants : un voyage islamique,
Ndt] », il décrit ce qu¹il a vu sur des posters dans le Téhéran
post-révolutionnaire, portant des motifs similaires à ceux de la Chine
maoïste : des masses par exemple, qui lèvent des fusils et des pistolets
automatiques en l¹air comme s¹ils saluaient. Les posters portaient toujours la
même phrase : « Douzième imam, nous t¹attendons ». Naipaul écrit
qu¹il peut saisir intellectuellement la vénération pour Khomeiny. « Mais
l¹idée de la révolution comme quelque chose de plus, comme une offrande au
douzième imam, l¹homme qui s¹est évaporéŠ et est resté en Œoccultation¹, était
plus difficile à saisir ». [23] Selon la tradition shiite, la loi
islamique légitime ne peut être établie qu¹après la réapparition du douzième
imam. Jusqu¹à cette date, la Shia doit seulement attendre, rester en paix avec
la loi illégitime, et se souvenir dans le chagrin du petit fils du prophète
Hussein. Khomeiny cependant, n¹avait pas l¹intention d¹attendre. Il investit le
mythe avec un sens entièrement nouveau : le douzième imam n¹émergera que
quand les croyants auront vaincu le mal. Pour accélérer le retour du Mahdi, les
Musulmans devaient secouer leur torpeur et se battre.
Cet activisme a plus en commun avec les
idées révolutionnaires des Frères Musulmans en Egypte qu¹avec les traditions
shiites. Khomeiny était familier des textes des « Frères Musulmans »
depuis les années 1930, et il était d¹accord avec la conception des Frères de
ce qu¹il fallait considérer comme le « mal » : a savoir, toutes
les réalisations de la modernité affirmant la vie qui remplaçaient la
providence divine par l¹auto - détermination individuelle, la foi aveugle par
le doute, et la sévère moralité de la Sharia par les plaisirs sensuels. Selon
la légende, Yazid était l¹incarnation de tout ce qui était interdit : il
buvait du vin, aimait la musique et les chansons, et jouait avec des chiens et
des singes. [24] Et Saddam Hussein n¹était-il pas exactement le même ?
Dans la guerre contre l¹Irak, le « mal » était clairement défini et
vaincre le mal était la pré condition pour hâter le retour du bien
aimé douzième imam. Quand à la fin il se laissait apercevoir quelques
minutes chevauchant son blanc destrier, l¹empressement à mourir en martyr augmentait
exponentiellement.
La perte de l¹instinct de préservation de
soi au sein des Basiji restera un mystère pour nous. Il y a, néanmoins,
certains facteurs qui aident à l¹expliquer : d¹abord, la doctrine
religieuse de Khomeiny, qui élève « l¹après la vie » au-dessus de la
vie dans ce monde ; ensuite, la tradition de vénération des martyrs,
particulière à la Shia ; troisièmement, l¹attente du salut en liaison avec
la doctrine du douzième imam ; et finalement, le mélange du lavage de
cerveau et de matériels incitatifs avec lesquels le régime des mollahs a été
capable d¹instrumentaliser cet héritage culturel pour atteindre ses objectifs
militaires.
Pendant des centaines d¹années, la variante
shiite de l¹Islam demeura en faveur du quiétisme et de la non-violence. Khomeiny
a soumis la tradition à une réinterprétation jihadiste radicale. Le mythe du
sacrifice de soi a renforcé l¹idée du salut, et vice-versa : plus le
sacrifice était désintéressé, plus l¹advenue de l¹imam était imminente ;
et plus s¹approchait la rédemption par le Mahdi, plus l¹empressement pour le
martyr croissait...
Des Basiji aux attentats Suicide à
la Bombe
Personne ne fut plus surpris par
l¹efficacité de sa propagande que Khomeiny lui-même. « Quand les iraniens
vont à la guerre, ils agissent comme s¹ils allaient à un mariage »,
exultait-il en septembre 1982, « Même aux jours les plus précoces de
l¹Islam, nous n¹avions pas cela » [25] Et en effet, l¹histoire de l¹Islam,
bien que non dépourvue d¹atrocités, n¹a jamais connu des actes comme ceux des
Basiji. De plus, la politique de Khomeiny ne représentait pas seulement une
rupture avec les traditions de l¹Islam, elle était aussi en contradiction avec
le Coran. Ainsi la sourate 2, le verset 195 mentionne : « Ne jette
pas toi-même la destruction de tes propres mains ». A la sourate 4, les
versets 29 – 30 sont encore plus explicites : « Et ne te tue
pas toi-même. En vérité, Allah et très charitable envers toi. Et celui qui fait
cela dans l¹hostilité a tort, en vérité, Nous le laisserons brûler dans le
Feu ».
Alors qu¹il est vrai que dans les années
1930, les Frères Musulmans avaient déjà établi le slogan « La victoire ou
le Martyr », ils voulaient s¹assurer que tout Musulman qui se trouvait
contre sa volonté dans une situation désespérée devrait sacrifier sa vie plutôt
que de capituler. Les Basiji, cependant, se ruaient vers une mort certaine dans
une situation qui n¹était désespérée : une telle pratique était
complètement étrangère aux frères Musulmans. C¹est là l¹héritage le plus
significatif de l¹ayatollah Khomeiny. L¹énergie destructive qui trouverait son
expression la plus condensée dans les attaques du 11 septembre avait son
origine dans le sacrifice des Basiji.
Il est vrai qu¹il y avait déjà eu des
attaques suicides contre des israéliens au milieu des années 1970. Mais elles
étaient l¹¦uvre de groupe à orientation marxiste comme le FPLP-CG [Front Populaire de Libération de la
Palestine, Commandement Général, Ndt]. La
première attaque suicide à motivation islamique contre Israël se produisit au
Sud Liban le 11 novembre 1982. L¹auteur était Ahmad Qusayr, âgé de15 ans :
un partisan de la milice shiite alors tout juste naissante, le Hezbollah. Il
avait été inspiré par le modèle des Basiji. Khomeiny consacra personnellement
l¹acte de ce gamin de 15 ans avec une fatwa. Plus tard, il y eut un mémorial
construit pour Ahmad Qusayr à Téhéran. [26] Suivant la direction du Hezbollah,
en 1993, le Hamas sunnite commença de même à utiliser les attaques suicides à
la bombe. Dans le même temps, l¹innovation de Khomeiny était devenue la carte
de visite des mouvements islamistes à travers le monde.
Jusqu¹en 1982, pour une mère, accepter dans
l¹allégresse les félicitations pour le massacre de son fils paraissait
seulement possible dans la culture islamique de l¹Iran, marquée comme elle
l¹était par la légende de Kerbala. Aujourd¹hui cependant, depuis le début de la
seconde intifada, l¹extinction de toute trace d¹instinct humain normal semble
être devenue aussi une norme culturelle dans les territoires palestiniens. De
plus, toutes les victoires militaires que les islamistes ont pu revendiquer
– le retrait d¹Israël du Liban, l¹évacuation de la bande de Gaza, la
destruction du Sud de Manhattan, ou bien les séries de massacres en Irak
– ont été obtenues en utilisant l¹arme conçue par Khomeiny. « Les
Palestiniens disent que leur réveil populaire a suivi l¹enseignement de l¹imam
Khomeiny », expliquait le
successeur de Khomeiny, Ali Khamenei, en 2004, « les libanais disent
qu¹ils attribuent leurs victoire contre les sionistes à l¹école de l¹imam.
Toute l¹élite islamiqueŠ conduit ses batailles victorieuses sur le fondement
établi par l¹école politique de l¹imam ». [27]
Et de fait, les germes répandus par Khomeiny
portent leurs fruits aujourd¹hui. Ces germes cependant, sont contaminés par le
crime de Khomeiny : envoyer délibérément des milliers d¹enfants à leur
mort dans les désert de l¹Ouest iranien. Chaque attaque suicide à ce jour porte
les traces de ce crime. En premier lieu, il faut se rappeler que les Basiji
n¹étaient pas conduits à leur mort pour des objectifs défensifs ; ensuite,
que les vagues d¹attaques suicide servaient seulement à tuer d¹autres
Musulmans ; et troisièmement, qu¹en propageant systématiquement la passion
de l¹autodestruction, Khomeiny a donc violé les préceptes du Coran.
Du Désert au Laboratoire : La « Seconde Révolution » d¹Ahmadinejad
Aujourd¹hui, les Basiji sont présents en
Iran dans chaque ville, dans chaque voisinage, et dans mosquée. Les groupes de
Basiji sont divisés en unités paramilitaires et en unités « spéciales ».
Ils sont placés sous la direction du chef suprême, Ali Khamenei, à qui ils ont
juré une absolue loyauté. L¹armée de Basiji, forte d'un million d¹hommes, est
recrutée dans les régions les plus conservatrices et les plus pauvres, qui
profitent des programmes sociaux des Basiji. Depuis 1998, les Basiji ont été
déployés, surtout, comme une escouade de substitution, et leurs unités
spéciales ont été utilisées comme troupes de choc contre les forces
d¹opposition – per exemple aussi bien en 1999 et en 2003, pendant la
répression du mouvement étudiant.
Pendant les élections présidentielles de
l¹été 2005, les classes moyennes urbaines ont voté pour Rafsandjani.
Ahmadinejad est venu au pouvoir comme candidat des Basiji. Sa « Seconde
Révolution » [28] a pour objectif d¹éradiquer la corruption et d¹éliminer
les influences occidentales de la société iranienne. Elle est dirigée, en
particulier, contre les fractions de la jeunesse iranienne qui, pendant la
présidence de Khatami, ont profité de la saveur de libertés individuelles. Dans
cette révolution, on attend des Basiji qu¹ils jouent le rôle d¹espèces de SA
iraniens [S.A. :
sections d¹assaut hitlériennes, Ndt]
E puis les élections présidentielles,
l¹influence des Basiji a continuellement grandi. A la fin de juillet 2005, le
mouvement a annoncé des plans pour augmenter le nombre de ses membres de 10 à
15 millions d¹ici 2010. Les « unités spéciales » sont censées
comprendre quelques 150.000 personnes jusqu¹à présent. Par conséquent, le
budget du mouvement des Basiji a été considérablement augmenté. [29] De plus,
les Basiji ont reçu de nouveaux pouvoirs dans leur fonction de divisions
officieuses de la police. Ce que cette fonction officieuse signifie en pratique
a été éclairci en février 2006 quand les Basiji ont attaqué le chef du syndicat
des conducteurs d¹autobus, Massoud Osanlou. Ils ont détenu Osanlou prisonnier
dans son appartement, et ils lui ont coupé la pointe de la langue, de façon à
le convaincre de se tenir tranquille. [30] Aucun membre du mouvement des Basiji
n¹a à craindre d¹être tenu pour responsable de tels actes de terreur devant une
cour de justice.
Le sommet de cette nouvelle offensive a été
atteint avec la « semaine Basiji » en novembre 2005. Environ 9 millions
de personnes, 12 % de la population de 70 millions d¹habitants, sont venus pour
manifester. A peine mentionnée dans les médias occidentaux, cette mobilisation
atteste la détermination d¹Ahmadinejad à imposer sa « seconde
révolution » à tout prix, contre l¹opposition interne. Cette
« révolution » démontre clairement des traits fascistes et a pour but
d¹éteindre les premières étincelles de liberté en Iran. Et qu¹a fait l¹Occident
pour soutenir les forces de la liberté en Iran ? Jusqu¹à présent, très
peu. Les européens en particulier ont donné la priorité à leurs intérêts
commerciaux sur la défense des droits de l¹homme.
La seconde fonction des Basiji est
d¹apporter une publicité de masse au martyr. Il n¹y a pas de « commission
de la vérité » en Iran pour enquêter les suicides collectifs planifiés au
niveau de l¹Etat, qui ont eu lieu de 1980 à 1988. Au lieu de cela, on enseigne
à chaque Iranien depuis l¹enfance les vertus du martyr. Chacun connaît le nom
de Hussein Fahmideh, qui en 1982, quand il avait 13 ans, s¹est fait sauter
devant un char irakien. Son image accompagne des iraniens toute la
journée : qu¹il s¹agisse de timbres poste ou de billets de banque. Si vous
placez un billet de 500 rials dans la lumière, c¹est son visage que vous
apercevrez en filigrane. L¹auto destruction de Hussein Fahmideh est dépeinte
comme un modèle de foi profonde par les médias iraniens. Elle a été le sujet,
par exemple, aussi bien d¹un film d¹animation et d¹un épisode des séries télé
« Enfants du Paradis » [31] Comme symbole de leur empressement à mourir pour la révolution, les
groupes de Basiji portent des linceuls funéraires sur leurs uniformes pendant
leurs apparitions publiques.
Pendant la fête de l¹Ashura cette année, ces
classes d¹école ont de nouveau été emmenées en excursion vers les
« cimetières des martyrs ». « Leurs fronts sont ceints de
bandeaux portant le nom de Hussein », rapportait le ŒNew York Times¹, et
marchent sous des bannières qui indiquent « Se souvenir des martyrs
aujourd¹hui est aussi important que de devenir un martyr » et « La
nation pour laquelle le martyr signifie bonheur, sera toujours
victorieuse ». [32] Depuis 2004, la mobilisation des iraniens pour les
brigades suicide s¹est intensifiée, avec des recrues formées pour des missions
à l¹étranger. Ainsi, une unité militaire spéciale a été créée, portant le nom
de « Commando des Martyrs Volontaires ». Selon ses propres statistiques,
ce commando a jusqu Œà présent recruté quelques 52.000 iraniens pour la
cause du suicide. Il a pour objectif de former une « Unité Martyre »
dans chaque province iranienne. « L¹ennemi est effrayé que cette culture
ne se développe comme une culture mondiale », se vante le chef du
commando, Mohammad Resa Jafari.
[33] La ferveur pour la mort comme « culture mondiale » ? Pur
délire ou modèle de l¹Islam ?
Bien sûr, les nombreux iraniens qui admirent
les modes de vie à l¹occidentale rejetteraient ne pareille imputation, comme la
majorité des Musulmans à travers le monde. Mais là aussi, l¹Occident a échoué.
Au lieu de condamner les attentats suicide à la bombe sans exception comme un
crime contre l¹humanité, et de pousser vers une résolution aux Nations Unies à
cet effet, les réactions occidentales ont à cet égard été également marquées
par l¹opportunisme. La condamnation internationale du terrorisme suicide est
cependant, une condition essentielle pour l¹isolement de l¹Iran.
Dans le contexte du programme nucléaire de
l¹Iran, le culte Basiji de l¹auto destruction équivaut à un détonateur allumé.
Même un bref regard sur la constitution iranienne montre clairement qu¹il ne
peut y avoir aucun doute sur la limitation par l¹Iran de son programme à des
fins pacifiques. L¹article 151 repose sur l¹autorité du coran :
« Prépare contre eux toute force que tu puisses rassembler, et des chevaux
prêts pour la bataille, frappant de crainte l¹ennemi de D.ieu et ton
ennemi ».
Aujourd¹hui, les Basiji ne sont pas envoyés
dans le désert, mais plutôt au laboratoire. Les étudiants Basiji sont
encouragés à s¹enrôler dans des disciplines techniques et scientifiques. Selon
un porte-parole des gardes de la Révolution, le but est d¹utiliser le
« facteur technique » de façon à augmenter la « sécurité
nationale ». [34] Mais quelle est l¹implication d¹armes atomiques dans les
mains de ceux qui interprètent la mort sur le champ de bataille comme un triomphe
spirituel ?
En décembre 2001, le président iranien
d¹alors, Hachemi Rafsandjani aborda cette question. Il expliqua que
« l¹utilisation d¹une seule bombe nucléaire sur Israël détruirait
tout ». D¹un autre côté, même dans le cas d¹une réponse nucléaire de la
part d¹Israël, « cela ne ferait que du mal au monde islamique. Il n¹est
pas irrationnel d¹envisager une telle éventualité ». [35] Rafsandjani émit
ainsi les termes d¹une analyse
coût – bénéfices. Il ne sera pas possible de détruire Israël sans souffrir
de dommage en retour. Mais pour l¹islam, le niveau de dommages que la réponse
nucléaire d¹Israël pourrait infliger est, néanmoins, supportable. Quelque cent
mille martyrs supplémentaires environ pour l¹islam – le prix à payer
n¹est pas trop élevé.
Le décompte de Rafsandjani sur une centaine
de milliers de morts peut apparaître au premier coup d¹¦il comme un scénario du
pire. Mais ce n¹est pas le cas. Car Rafsandjani est un représentant de l¹aile
« pragmatique » de la révolution iranienne. A l¹opposé de l¹aille
apocalyptique des gardes de la Révolution qui voulaient, en 1988, poursuivre la
guerre contre l¹Irak quoiqu¹il en coûtât, les « pragmatiques » sont
préoccupés de ce que toute guerre devrait avoir un résultat « qui en
vaille la peine ». Ce que pourrait signifier des armes atomiques entre les
mains de la faction « apocalyptique » est virtuellement
inimaginable.
Ahmadinejad cependant, est clairement
prédisposé au mode de penser apocalyptique. Le pilier de sa stratégie politique
est le mythe de l¹Imam Caché. En septembre 2005, il a conclu son premier
discours devant les nations Unies en implorant D.ieu de faire revenir le Douzième
Imam. Il finance un institut de recherche à Téhéran dont le seul objectif est
d¹étudier, et si possible d¹accélérer la venue de l¹Imam. « La tâche la
plus importante de notre révolution est de préparer la voie au retour du
Douzième Imam », a-t-il souligné dans une conférence théologique en
novembre 2005. [36]
Une politique poursuivie en association avec
une force surnaturelle devient nécessairement imprévisible. Pourquoi un
président iranien prendrait-il en compte le principe de réalité quand son
hypothèse est que dans trois ou quatre ans, le Sauveur prendra le contrôle de
toutes façons ? Dans l¹attente de l¹arrivée du Messie, qui accepterait un
compromis ? Dans tous les cas, jusqu¹à présent, Ahmadinejad a conservé son
choix de la confrontation avec un plaisir évident.
L¹Occident a été déclaré l¹ennemi, et la
musique occidentale – de Mozart à Madonna – bannie des ondes. Avec
ses menaces contre l¹existence d¹Israël, l¹éventualité d¹un nouveau crime
contre les Juifs à notre époque a été élevée au rang de politique
gouvernementale. Dans la mesure où Ahmadinejad déclare que le Douzième Imam est
une réalité, mais l¹Holocauste un mythe, il prend congé de la communauté
internationale connue comme les « Nations unies ». Quiconque se moque
d¹Auschwitz comme d¹un mythe doit donc transformer les Juifs en ennemi
universel, qui pour un Veau d¹Or répugnant a trompé l¹humanité pendant 60 ans,
et qui contrôle les médias dans le monde et les universités.
L¹antisémitisme d¹Ahmadinejad comporte une
ressemblance avec celui des nazis, même si il remplace le terme
« Juif » par « Sioniste » : les Sionistes ont conçu les
caricatures danoises ; les Sionistes ont organisé les attaques contre les
places de la sainte Shia en Irak ; les Sionistes ont depuis soixante ans
fait chanter « tous les gouvernements occidentaux » ; les
Sionistes ont réduit en esclavage
le gouvernement allemand. [37]
Ce serait une erreur de rejeter Ahmadinejad
comme un fanatique. Bien que ses objectifs puissent être déments, il les
poursuit avec une évidente intelligence. Il se projette lui-même dans le rôle
d¹un populiste mondial. Ses discours s¹adressent aux « opprimés » à
travers le monde. Il cultive de bonnes relations avec Fidel Castro et le
président du Venezuela Hugo Chavez, et il a annoncé son intention de participer
au sommet des Etats non alignés en septembre 2006 à la Havane [l¹article de M. Küntzel fut rédigé
avant ce sommet, où Ahmadinejad reçut un accueil triomphal, Ndt] [38]
La conduite de la guerre de l¹Iran avec
l¹Irak entre 1980 et 1988 a fourni un aperçu des évènements à venir. Ce qui a
commencé par le nettoyage des champs de mines par des détonateurs humains est
devenu, sous la forme d¹attentats suicide à la bombe, l¹arme la plus puissante
du mouvement islamiste dans le monde entier. Les spectacles kitsch dans le
désert, avec la participation d¹acteurs dans le rôle de l¹Imam Caché, ont
évolué vers un affrontement entre un président iranien zélé et le monde
occidental. Le Basiji qui autrefois errait dans le désert armé seulement d¹une
canne, travaille aujourd¹hui comme chimiste dans une installation
d¹enrichissement de l¹uranium.
Notre regard rétrospectif sur l¹histoire des
Basiji nous montre que l¹on doit s¹attendre aux plus graves monstruosités dans
l¹évolution du régime iranien actuel. A présent, l¹isolement politique de
l¹Iran est une nécessité. Aussi longtemps que la direction politique iranienne
refusera de reconnaître la réalité et la tragédie de l¹Holocauste, la
participation de l¹Iran à l¹ONU devra être suspendue.
Complément 1 : la
guerre Iran –Irak
En
février 1979, la révolution de Khomeiny triomphe en Iran. A côté en Irak,
Saddam Hussein devient président en juillet 1979. Khomeiny appelle les shiites
en Irak « à se lever contre le meurtrier criminel Saddam Hussein et son
clan ». Des organisations clandestines en Irak reçoivent un financement de
Téhéran. A des fins de propagande, des retransmetteurs de la radio iranienne
sont installés près de la frontière irakienne.
La réponse de Saddam arrive en septembre
1980 avec l¹invasion de l¹Iran. Des villes comme Abadan sont occupées par les
troupes irakiennes. Quatre mois plus tard, la contre-attaque iranienne
commence. En mars 1982, l¹Iran déploie pour la première fois les commandos
Basiji. A l¹été 1982, l¹Irak offre de négocier une trêve. L¹Iran refuse l¹offre.
En août 1988, Khomeiny abandonne finalement après plusieurs années de guerre d¹attrition.
750.000 Iraniens ont perdu la vie pendant la guerre, 1.200.000 sont blessés. L¹Irak
enregistre quelques 340.000 morts et 700.000 blessés.
Complément 2: Les
Pasdarans comparés à l¹Armée régulière
Dans la guerre contre l¹Irak, Khomeiny ne
pouvait pas agir sans les forces armées régulières qui avaient été organisées
sous le Shah. Mais il n¹avait pas confiance en elles et essaya de limiter leur
influence. A cette fin, Les gardes de la Révolution (Pasdarans) ont été
développés en une seconde armée. Jusqu¹à 1980, les tâches de l¹organisation
forte de 25.000 hommes consistaient à appliquer les vertus prescrites de la
sharia, et à assassiner les opposants au régime. Mais en 1985, les forces des
Pasdarans, dont Ahmadinejad était membre, disposaient déjà de quelques 450.000
soldats plus puissants que les forces armées comprenant 350.000 hommes.
A l¹été 1982, les tensions entre les approches
militaires Œrévolutionnaires² et celles ³conventionnelles » culminèrent.
Après un déploiement de Basiji, l¹Iran avait fait battre en retraite l¹offensive
irakienne, et restauré le statu quo d¹avant la guerre. A ce moment-là, l¹armée
régulière voulait mettre fin à la guerre, accepter l¹offre de Saddam de
négociations, et éviter d¹autres déploiements des Basiji. Sur les trois points,
Khomeiny et les Pasdarans résistèrent et prévalurent. Commencée en 1982, leur
guerre fut poursuivie comme une guerre de conquête.
En 1988, les mêmes différences vinrent au
premier plan. Malgré la situation militaire désespérée, les Pasdarans voulaient
à tout pris accroître leurs efforts de guerre révolutionnaire. Cette fois-ci
cependant, Hachemi Rafsandjani, comme commandant en chef des forces armées unifiées,
accepta la trêve. Khomeiny se tint du côté de Rafsandjani. Quand, à l¹été 2005,
Ahmadinejad vainquit son ancien et actuel concurrent Rafsandjani avec l¹aide de
ses amis parmi les Pasdarans, cela représentait aussi la revanche des Pasdarans
sur leur défaite de 1988 dans leur lutte pour le pouvoir.
Translated from the German by John Rosenthal
Traduit de l¹anglais en français
par Simon Pilczer
==============================================
Notes
==============================================
Matthias Küntzel, né en 1955,
est un auteur et chercheur en Sciences Politiques et dispose d¹un poste
d¹enseignant à temps partiel dans ce domaine.
Il travaille dans un collège technique
de Hambourg en Allemagne. Son livre le plus récent est
Djihad und
Judenhass. Über den neuen antijüdischen Krieg (Jihad et nouvelle haine antisémite. Sur la
nouvelle guerre antijuive), Freiburg
: Ca ira pubs. Publié en 2002.
³Ahmadinejad's
World², cet article en anglais est repris de son site web en anglais à l¹URL : http://www.matthiaskuentzel.de/contents/kategorie/english/
Ce site dispose aussi d¹articles en français à l¹URL :
http://www.matthiaskuentzel.de/contents/kategorie/francais/
et en allemand à l¹URL :
http://www.matthiaskuentzel.de/contents/
* * *
[1] Cited in Baham Nirumand, Krieg, Krieg, bis zum Sieg, in: Anja
Malanowski und Marianne Stern, Iran-Irak. ,Bis die Gottlosen vernichtet sind¹,
Reinbek (Rowohlt) 1987, p. 95-6.
[2] Cited in Christiane Hoffmann, Vom elften Jahrhundert zum 11.
September. Märtyrertum und Opferkultur sollen Iran als Staat festigen,
Frankfurter Allgemeine Zeitung, May 4, 2002.
[3] Wahied Wahdat-Hagh, Bassiji: die revolutionäre Miliz des Iran, in:
MEMRI Berlin, Special Dispatch, December 20, 2005.
[4] MEMRI, Inquiry and Analysis Series – No. 262, February 1,
2006.
[5] MEMRI, Special Dispatch Series – No. 945, July 29, 2005.
[6] Sepehr Zahib, The Iranian Military In Revolution And War, London and
New York: Routledge, 1988, p. 241.
[7] Katzman, Kenneth, The Warriors of Islam. Iran¹s Revolutionary Guard,
Boulder et. al.: Westview Press, 1993, p. 64.
[8] Freidune Sahebjam, “Ich habe keine Tränen mehr³. Iran: Die
Geschichte des Kindersoldaten Reza Behrouzi, Reinbek: Rowohlt, 1988.
[9] Cited in Erich Wiedemann, Mit dem Paradies-Schlüssel in die
Schlacht, in: Der Spiegel, No. 31/1982, p. 93.
[10] Dilip Hiro, The Longest War. The Iran-Iraq Military Conflict,
London et al.: Grafton Books, 1989, p. 290.
[11] Möller, Harald, Der Krieg zwischen dem Irak und dem Iran: Endogene
und exogene Bestimmungsfaktoren – ein Beitrag zur
Kriegsursachendiskussion, Dissertation, Berlin 1995, p.154-6.
[12] Amir Taheri, Holy Terror. The Inside Story of Islamic Terrorism,
London et. al.: Hutchinson, 1987, p. 81 and 33.
[13] Cited in Wiedemann, op. cit., p. 93.
[14]Anthony H. Cordesman and Abraham R. Wagner, The Lessons of Modern
War. Volumne II: The Iran-Iraq War, Boulder et al.: Westview Press, 1990, p.
181, p. 247; Wiedemann, op. cit.; Möller, op. cit., p.151.
[15] Arki, Mostafa, Iran-Irak. Acht Jahre Krieg im Nahen Osten, Berlin:
VWB-Verlag für Wissenschaft und Bildung, 1989, p. 87.
[16] Ehsan Yarshater, Ta¹ziyeh and Pre-Islamic Mourning Rites in Iran,
in: Peter J. Chelkowski, Hg., Ta¹ziyeh: Ritual and Drama in Iran, New York :
New York University Press,1979, pp. 88-94.
[17] Elias Canetti, Masse und Macht [Crowds and Power], Frankfurt/M.
1996, pp. 172-4.
[18] Cited in Daniel Brumberg, Khomeini¹s Legecy. Islamic Rule and
Islamic Social Justice, in: Appleby, R. Scott, Spokesmen for the Despised.
Fundamental Leaders of the Middle East, Chicago & London: University of
Chicago Press, 1997, p. 56.
[19] Cited in Dawud Gholamasad and Arian Sepideh, Iran: Von der
Kriegsbegeisterung zur Kriegsmüdigkeit. Hannover: Internationalismus Verlag,
1988, p. 15.
[20] Saskia Gieling,, The Sacralization of War in the Islamic Republic
of Iran, Ridderkerk: Ridderprint, 1998, p. 66.
[21] Gieling, op. cit., pp. 125-6.
[22] Sehabjam, op. cit., pp.136-8. [Note from Emperor's Clothes: There's
apparently a typographical error here, since Freidoune Sehabjam's work is not
identified. We'll try to get this clarified.]
[23] V.S. Naipaul, Eine islamische Reise. Unter den Gläubigen [Among the
Believers: An Islamic Journey], Berlin: List Taschenbuch, 2002, p. 23.
[24] Möller, op. cit., p. 153.
[25] Cited in Gholamasad and Sepideh, op. cit., p. 15.
[26] Joseph Croitoru, Der Märtyrer als Waffe. Die historischen Wurzeln
des Selbstmordattentats, München: Hanser, p. 132.
[27] MEMRI Berlin, Special Dispatch, June 9, 2004: Iran –
Freiwillige Märtyrer und Feiern zu Khomeinis 15. Todestag.
[28] Cf. Ayelet Sayvon, The ,Second Islamic Revolution¹, MEMRI, Inquiry
and Analysis Series, No. 253, November 17, 2005.
[29] IranReloaded, July, 31, 2005 and Wahied Wahdat-Hagh, Europäische
Diplomatie in der Sackgasse. Warum der kritische Dialog
mit dem Iran scheitern musste, in: Internationale Politik, March 2006,
p. 72..
[30] Colin Freeman and Philip Sherwell, Iranian fatwa approves use of
nuclear weapons, in: The Sunday Telegraph, February 19, 2006.
[31] Hoffmann, op. cit.
[32] Michael Slackman, Invoking Islam¹s Heritage, Iranians Chafe at
'Oppression' by the West, in: New York Times, February 6, 2006.
[33] MEMRI Special Dispatch, 18. August 2005.
[34] Iranfocus, 12. August 2005.
[35] Cited in Daniel Jonah Goldhagen, Iran Bares ,Genocidal Intent¹, in:
The Sun, November 3, 2005 and MEMRI, Special Dispatch Series – No. 325,
January 3, 2002.
[36] Paul Huges, Iran president paves the way for arabs¹ imam return,
reuters, November 17, 2005.
[37] MEMRI, Special Dispatch Series, No. 1091, February 14, 2006, sowie
MEMRI – Special Dispatch, 15. Februar 2006.
[38] Ahmadinedschad reist nach Kuba, in: Junge Welt, February 9, 2006.
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Pourquoi TENC vous adresse ³Le monde d¹Ahmadinejad »
Jared Israel
rédacteur en chef de ŒEmperor's Clothes¹
J¹entrevois deux principaux
problèmes dans la couverture d¹ensemble des médias sur le président Mahmoud Ahmadinejad.
Le premier est la tendance à accepter l¹image favorite de lui-même d¹Ahmadinejad, qui serait celle d¹un
populiste tiers-mondiste, quoique avec des opinions islamistes, que les médias
encensent avec des signes supposés de modération. Cette approche évite
d¹examiner l¹idéologie d¹Ahmadinejad et ses racines dans la vie politique de
l¹Iran après 1979 (c.a.d. islamiste).
Le dossier de Matthias
Küntzel, « le Monde d¹Ahmadinejad », va en profondeur pour remplir
les vides de l¹ignorance sur la façon dont cet homme pense. Il s¹avère que non
seulement Ahmadinejad nie l¹Holocauste, parraine le Hezbollah, et incite au
meurtre du Peuple juif autour du monde, mais il a pris part au meurtre jamais
révélé et organisé par le gouvernement de milliers d¹enfants iraniens, et il
promeut désormais un culte d¹Etat glorifiant ce meurtre.
Le second problème est que
les médias – les principaux, ceux d¹extrême-droite, d¹extrême-gauche, les
alternatifs, les pro- israéliens et les anti-israéliens – font avancer
l¹opinion, sans la remettre en cause, encouragée par les gouvernements
américain et iranien, que ceux-ci sont tels qu¹ils apparaissent : des
opposants féroces. La preuve qui contredit cette opinion est écartée ; par
exemple, je n¹ai pas pu trouver un seul journal en langue anglaise ou un
programme de télévision qui ait simplement noté la remarque suivante, que
Ahmadinejad fit pendant son discours à l¹ONU il y a une semaine :
³Les occupants sont
incapables d¹établir la sécurité en Irak. Malgré l¹établissement du gouvernement légal et de l¹Assemblée Nationale en Irak,
il y a des efforts cachés et ouverts pour augmenter la sécurité, amplifier et
aggraver les différences dans la société irakienne, et soulever des conflits
civils (mis en gras par JI).
--Transcription du discours
d¹Ahmadinejad à l¹ONU :
http://www.un.org/webcast/ga/61/pdfs/iran-e.pdf
Deux choses sont
importantes ici :
D¹abord, Ahmadinejad n¹a
pas, dans cette citation ou n¹importe où ailleurs dans son discours, exiger que
les USA évacuent l¹Irak. Il a plutôt critiqué les forces d¹occupation pour
« leur incapacité à établir la sécurité ».
Ensuite, Ahmadinejad se
réfère au gouvernement irakien actuel comme au ³Gouvernement légal et à l¹Assemblée Nationale
d¹Irak ». Mais il dit que le gouvernement est la créature des forces
d¹occupation, d¹abord et avant tout les USA. Par exemple, l¹ambassadeur des USA
Zalmay Khalilzad a supervisé la rédaction de la constitution irakienne.
Depuis trois ans, on nous a
dit que les USA sont sur le point de donner un assaut militaire contre l¹Iran.
Pourtant le président iranien est ici, commentant la présence en Irak de forces
américaines et alliées massives, et au lieu de dénoncer cette force d¹attaque
multinationale à sa porte, au lieu de dire : « Bien sûr, nous avons
besoin d¹armes nucléaires ; des milliers de soldats des USA et d¹autres
infidèles sont prêts à notre frontière !» - au lieu de cela, il réprimande
les USA pour n¹être pas assez durs, et loue le gouvernement irakien créé par
les USA pour son caractère « légal ». Cela ne signifie-t-il pas que
les relations USA - Iran sont différentes de ce qu¹elles semblent être ?
Que les dénonciations mutuelles et les menaces faites par les gouvernements
Bush et Ahmadinejad pourraient être du théâtre politique ? Mais cela et
beaucoup d¹autres preuves que, comme ŒEmperor's Clothes¹ [nom du site où est
paru ce dossier, Ndt] l¹a prédit avant que les USA n¹aillent en Irak –
ces preuves sont tout simplement ignorées. (1)
Des aliments pour la
réflexion, sur lesquels nous reviendrons plus tard. D¹abord, voilà le
compte-rendu de Matthias Küntzel de ce que la président Ahmadinejad a fait et
ce qu¹il soutient. En, le lisant, gardez à l¹esprit ce que signifie pour
Ahmadinejad de dire que le gouvernement irakien est « légal ».
Ahmadinejad's World
By
Matthias Küntzel *
In
pondering the behavior of Mahmoud Ahmadinejad, I cannot help but think of the
500,000 plastic keys that Iran imported from Taiwan during the Iran-Iraq War of
1980-88. At the time, an Iranian law laid down that children as young as 12 could be used to clear
mine fields, even against the objections of their parents. Before every
mission, a small plastic key would be hung around each of the children¹s necks.
It was supposed to open for them the gates to paradise.
³In the
past,² wrote the semi-official Iranian daily Ettela¹at, ³we had
child-volunteers: 14-, 15-, and 16-year-olds. They went into the mine fields.
Their eyes saw nothing. Their ears heard nothing. And then, a few moments
later, one saw clouds of dust. When the dust had settled again, there was
nothing more to be seen of them. Somewhere, widely scattered in the landscape,
there lay scraps of burnt flesh and pieces of bone.² Such scenes could
henceforth be avoided, Ettela¹at assured its readers. ³Before
entering the mine fields, the children [now] wrap themselves in blankets and
they roll on the ground, so that their body parts stay together after the
explosion of the mines and one can carry them to the graves.²[1]
The
children who thus rolled to their deaths formed part of the mass ³Basiji²
movement that was called into being by the Ayatollah Khomeini in 1979. The
Basiji Mostazafan – the ³mobilization of the oppressed² – consisted
of short-term volunteer militias. Most of the Basiji members were not yet 18.
They went enthusiastically and by the thousands to their own destruction. ³The
young men cleared the mines with their own bodies,² a veteran of the Iran-Iraq
War has recalled, ³It was sometimes like a race. Even without the commander¹s
orders, everyone wanted to be first.²[2]
The
western media showed little interest for the Basiji – perhaps because
journalists could not be present during the hostilities or perhaps because they
did not believe the reports. Such disinterest has persisted to this day. The
5000 dead of Saddam Hussein¹s poison gas attack on the Kurds of Halabja have
remained in our memory. History has forgotten the children of the minefields.
Today,
however, Ahmadinejad appears in public in his Basiji uniform. During the war,
he served as one of the Basiji instructors who turned children into martyrs.
The generation that fought in the Iran-Iraq War has come to power along with
Ahmadinejad. He owed his election in Summer 2005 to the contemporary Basiji
movement. In Fall, he announced a ³Basiji Week.² According to a report in the
newspaper Kayan, some 9 million Basiji heeded the call, ³forming a
human chain some 8,700 kilometers longŠ . In Tehran alone, some 1,250,000
people turned out.²[3] In his
speeches, Ahmadinejad praises the ³Basiji culture² and the ³Basiji power² with
which ³Iran today makes its presence felt on the international and diplomatic
stage.² Ayatollah Ahmad Jannati, Chair of the Guardian Council, goes so far as
to describe the very existence of Iran¹s nuclear program as a triumph of those
Iranians who ³serve the Basiji movement and possess the Basiji-psyche and
Basiji-culture.²[4]
Far from
being the subject of criticism, the sacrifice made of the Basiji in the war
against Iraq is celebrated nowadays more than ever before. Already in one of
his first television interviews, the new President enthused: ³Is there an art
that is more beautiful, more divine, more eternal than the art of the martyr¹s
death?²[5]
The Supreme Leader, Ali Khamenei, held up the war against Iraq, on account of
the fearlessness of the Basiji, as a model for future conflicts.
This
would already be reason enough for us to be interested in the history of the
Basiji. But there is another reason. The deployment of the Basiji in the
Iran-Iraq War is the primordial crime of political Islam: here the cult of the
religiously-motivated suicide attack finds its origins. If we want to
understand why a woman sits in the Palestinian parliament who is honored, above
all, because she sent three of her five sons to martyrs¹ deaths, if we want to
know why still today 50,000 young Iranians volunteer for suicide missions
– there is no avoiding the Basiji.
The
Child-Basiji in War
In 1980,
the Ayatollah Khomeini called the Iraqi invasion of Iran a ³divine blessing.²
The war provided the perfect opportunity to Islamize both Iranian society and
the institutions of the Iranian state. Within no time, Khomeini¹s fanatically
devoted Revolutionary Guard – the Pasdaran – had been transformed
into a proper army in its own right, complete with navy and air force. At the
same time, the regime hastened to develop a popular militia: the Basiji
Mostazafan.
Within
just a few weeks, teenage boys between 12 and 17 – as well as men over 45
– had been prepared for war. During training, lack of weaponry was
compensated by a surplus of religious propaganda. When their training was done,
each Basiji received a blood-red headband that designated him a ³Volunteer for
Martyrdom.²
On the
battlefield, the Basiji, representing 30% of the armed forces as such,
constituted the greater part of the infantry. The Pasdaran represented some 40%
of the armed forces and the regular army the remaining 30%.[6] The
members of the Pasdaran had generally obtained a higher level of education than
the Basiji, who mostly came from the countryside and were often illiterate.
While the Basiji were sent to the frontlines, the Pasdaran brought up the rear.
As a rule, the Pasdaran would be sent into battle when successive waves of
Basiji had already been killed off.[7]
The human
wave tactic was implemented as follows: the barely armed children and teenagers
had to move continuously forward in perfectly straight rows. It did not matter
whether they fell as canon fodder to enemy fire or detonated the mines with
their bodies: the important thing was that the Basiji continued to move forward
over the torn and mutilated remains of their fallen comrades, going to their
deaths in wave after wave.[8] The tactic
produced some undeniable initial successes for the Iranian side. ³They come
toward our positions in huge hordes with their fists swinging,² an Iraqi officer
complained in Summer 1982, ³You can shoot down the first wave, and then the
second. But at some point the corpses are piling up in front of you, and all
you want to do is scream and throw away your weapon. Those are human beings, after
all!²[9] By
Spring 1983, the Pasdaran had sent some 450,000 Basiji in shifts to the front.
After three months, whoever survived his deployment was sent back to his school
or workplace.[10]
How were
the Basiji recruited? Principally, in the schools: the Pasdaran sent ³special²
educators who hand-picked their martyrs from the obligatory paramilitary exercises.
Propaganda films – like the 1986 television film ³A Contribution to the
War² – praised this alliance between students and the regime against
those parents who tried to save their children¹s lives.[11]
Secondly,
the regime employed incentives. Thus, in a campaign called ³Sacrifice a Child
for the Imam², every family that lost a child on the battle field was offered
interest-free credit and other generous benefits. Moreover, enrollment in the
Basiji gave the poorest of the poor a chance for social advancement. Basiji
reservists are still today treated as protégés of the Mullah-regime.[12]
Thirdly, the
regime employed coercive measures. The following story of young Hossein, which
was documented by the German weekly der Spiegel in 1982, is merely one among
thousands:
[Excerpt from der Spiegel starts here]
³Why did you enlist?² The youngster in the camouflage
fatigues, with both sleeves and pants legs rolled up, doesn¹t answer. ³His name
is Hossein. He doesn¹t know his family name,² the translator says. The boy is
twelve at most. His face is gaunt, his body is bent forward, he breathes in
spurts. One can see that he has trouble staying on his feet. ³Polio,² the
translator says. ŠHossein comes from Mostalbar, a tiny spot somewhere between
Shiraz and Bandar Abbas. ŠOne day some unknown Imams turned up in the village.
They called the whole population to the plaza in front of the police station
and they announced that they came with good news from Imam Khomeini: the
Islamic Army of Iran had been chosen to liberate the holy city Al-Quds –
Jerusalem – from the infidels. ŠHossein had no choice. The local Mullah had
decided that every family with children would have to furnish one soldier of
God. Because Hossein was the most easily expendable for his family and because,
in light of his illness, he could in any case not expect much happiness in this
life, he was chosen by his father to represent the family in the struggle
against the infidel devils.[13]
[Excerpt from der Spiegel ends here]
Of the
twenty children that went into battle with Hossein, only he and two others
survived.
In 1982,
during the retaking of the city of Khorramshahr, 10,000 Iranians died.
Following ³Operation Kheiber², in February 1984, the corpses of some 20,000
fallen Iranians were left on the battle field. The ³Karbala Four² Offensive in
1986 cost the lives of more than 10,000 Iranians. All told, some 100,000 men
and boys are said to have been killed during the Basiji operations.[14] Why did
the Basiji rush with such fervor to their own destruction?
The
Martyrs of Karbala
At the
very outset, the Mullahs did not send human beings into the mine fields, but
rather animals: donkeys, horses, and, above all, dogs. But the tactic proved
useless: ³After a few donkeys had been blown up, the rest ran off in terror,²
Mostafa Arki reports in his book Acht Jahre Krieg im Nahen Osten [Eight Years of
War in the Middle East].[15] The
donkeys reacted normally. Fear of death is natural. The Basiji, on the other
hand, marched fearlessly and uncomplaining – as if guided by an invisible
hand – to their deaths. The curious slogans that they chanted while
entering the battle fields are worthy of note: ³Against the Yazid of our
time!², ³Hussein¹s Caravan is Moving On!², ³A New Karbala Awaits Us².
Yazid,
Hussein, and Karbala: three essential references of the Shia religion. The
primordial myth of the Shia concerns the Battle of Karbala of 680 that opposed
the founders of Sunni and Shia Islam. The key figure in Shia doctrine is the
Imam Hussein, the grandson of the Prophet Muhammad. Hussein led an uprising
against the ³illegitimate² Caliph Yazid. But Hussein¹s uprising was betrayed by
the very persons who had sworn to serve him faithfully. The shame of this
³original sin² of the Shia generates unconditional loyalty to the religious
leadership to this day. On the plain of Karbala, on the tenth day of the month
of Muharram, Hussein and his entourage were attacked and defeated by a
numerically superior force under the leadership of Yazid. Hussein¹s corpse bore
the marks of 33 lance punctures and 34 blows of the sword. His head was cut off
and the remaining trunk of his body was trampled by horses. Ever since, the
martyrdom of Hussein provides the core of Shia theology and the Ashura Festival
that commemorates it is the holiest day of the Shia. Men beat themselves with
their fists or flagellate themselves with iron chains, in order to approximate
the sufferings of Hussein. These rituals are pre-Islamic in nature: the Shia
adapted them from Zoroastrian and pagan traditions.[16]
In his
study, Crowds and Power, the Nobel-Prize winner Elias Canetti documents a
first-hand report on the Ashura Festival as it occurred in around 1850 in
Tehran. This report prefigures some of what we find so incomprehensible in the
behavior of the Basiji:
[Excerpt from Crowds and Power starts here]
500,000 people, in the grip of delirium, cover their
heads with ashes and beat their foreheads against the ground. They want to
subject themselves voluntarily to torments: to commit suicide en masse, to mutilate themselves with
refinement. ŠHundreds of men in white shirts come by, their faces ecstatically
raised toward the sky. Of these, several will be dead this evening, many will
be maimed and mutilated, and the white shirts, dyed red, will be burial
shrouds. ŠOthers, who were not at first among the volunteers for
self-sacrifice, suddenly discover their thirst for blood amidst the general
uproar. They demand weapons, rip off their clothes, and tear their flesh.
ŠThere is no more beautiful destiny than to die on the Festival of Ashura. The
gates of the eight Paradises are wide open for the holy and everyone tries to
get through them.[17]
[Excerpt from Crowds and Power ends here]
Even if
the bloody excesses of the sort here described are prohibited in contemporary
Iran, Khomeini took over the essence of the ritual as a symbolic act and
politicized it. He took the inward-directed fervor and channeled it toward the
external enemy. He transformed the passive lamentation into active protest. He
made the Battle of Karbala the prototype of the uprising against tyranny.
Already during the demonstrations against the Shah in 1978, many protestors
wore funeral shrouds in order to tie the Ashura-Cult to current political
struggles. In the war against Iraq, the allusions to Karbala were given still
greater significance: on the one hand, the scoundrel Yazid in the form of
Saddam Hussein; on the other, the Prophet¹s grandson Hussein, for whose
suffering the time of Shia revenge had finally come.
But why
should the Basiji lose their lives in this struggle against evil? Here the
theology of Khomeini provides the key. According to his theological worldview,
life is worthless and death is the beginning of genuine existence. ³The natural
world,² Khomeini explained in October 1980, ³is the lowest element, the scum of
creation.² What is decisive is the beyond: the ³divine world, that is eternal.²[18] This
latter world is accessible to martyrs. Their death is no death, but merely the
transition from this world to the world beyond, where they will live on
eternally and in splendor. Whether the warrior wins the battle or loses it and
dies a martyr – in both cases, his victory is assured: either a mundane
or a spiritual one.
This
attitude had a fatal implication for the Basiji: whether they survived or not
was a matter of indifference. Not even the usefulness of their sacrifice
mattered. Military victories are secondary, Khomeini explained in September
1980. The Basiji must ³understand that he is a Œsoldier of God¹ for whom it is
not so much the outcome of the conflict as the mere participation in it that
provides fulfillment and gratification.²[19] Could
Khomeini¹s antipathy for life have had as much effect in the war against Iraq
without the Karbala myth? Probably not. With the word ³Karbala² on their lips,
the Basiji went elatedly into to battle. And much of Iranian society went with
them. Ali Khamenei, the current Supreme Leader, praised Iranian mothers who
accepted congratulations instead of condolences for the loss of their sons.[20]
Rafsanjani, the current number two man in Iran, recounted the story of the
children of soldiers killed in Karbala:
³the children pulled on their funeral shrouds, took the swords of their
fathers, and they were ready to sacrifice their lives.² And then he ridiculed
the commanders of the regular Iranian Army, because the latter wanted to
prohibit the families from sending their children to the front. But the
children, according to Rafsanjani, did not agree. Rafsanjani asked the public
whether, in light of this ³adult² attitude, one could really still consider
such children as minors.[21]
The
Myth of the Imam
Nevertheless,
when the courage in face of death of the Basiji seemed to wane, the regime put
on a show. A mysterious horseman on a magnificent steed would suddenly appear
at the front. His face – covered in phosphorous – would shine. His
costume was that of a medieval prince. The child soldier Reza Behrouzi, whose
story was documented in 1985 by Freidoune Sehabjam in France, reports that the
soldiers reacted with a mixture of panic and rapture.
[Excerpt from story of Reza Behrouzi, starts here]
Everyone wanted to run toward the horseman. But he
drove them away. ³Don¹t come to me!² he shouted, ³Charge into battle against
the infidels! ŠRevenge the death of our Imam Hussein and strike down the
progeny of Yazid!² As the figure disappears, the soldiers cry: ³Oh, Imam Zaman,
where are you?² They throw themselves on their knees, and pray and wail. When
the figure appears again, they get to their feet as a single man. Those whose
forces are not yet exhausted, charge the enemy lines.[22]
[Excerpt from story of Reza Behrouzi, ends here]
The
mysterious apparition who was able to trigger such emotions is the ³Hidden
Imam², a mythical figure who influences the thought and action of Ahmadinejad
to this day. The Shia call the male descendants of the Prophet Muhammad ³Imams²
and ascribe to them a quasi-divine status. Hussein, who was killed at Karbala
by Yazid, was the third Imam. His son and grandson were the fourth and fifth.
At the end of this line, there is the ³Twelfth Imam,² who is named Muhammad.
Some call him the Mahdi (the ³divinely guided one²), others Imam Zaman (from
sahib-e zaman: ³the Ruler of Time²). He was born in 869, the only son of the
eleventh Imam. In 874 he disappeared without a trace. Thereby, the lineage of
Muhammad came to a close. In Shia mythology, however, it continued. The Shia
believe that the Twelfth Imam merely withdrew from public view when he was five
and that he will sooner or later emerge from his ³occultation² in order to
liberate the world from evil.
The Nobel
Prize winner V.S. Naipaul has shown how deeply rooted the belief in the coming
of the Shia messiah is among the Iranian population. In his Among the
Believers: An Islamic Journey, he describes seeing posters in
post-Revolutionary Tehran bearing motifs similar to those of Maoist China:
masses, for instance, who raise rifles and machine-guns in the air as if in
greeting. The posters always bore the same phrase: ³Twelfth Imam, We are Expecting You². Naipaul writes
that he could grasp intellectually the veneration for Khomeini. ³But the idea
of the revolution as something more, as an offering to the Twelfth Imam, the
man who had vanished Š and remained, in occultation,¹ was harder to seize.²[23]
According to Shia tradition, legitimate Islamic rule can only be established
following the reappearance of the Twelfth Imam. Until that time, the Shia have
only to wait, to keep their peace with illegitimate rule, and to remember the
Prophet¹s grandson Hussein in sorrow. Khomeini, however, had no intention of
waiting. He invested the myth with an entirely new sense: the Twelfth Imam will
only emerge when the believers have vanquished evil. To speed up the Mahdi¹s
return, Muslims had to shake off their torpor and fight.
This
activism had more in common with the revolutionary ideas of Egypt¹s Muslim
Brotherhood than with Shia traditions. Khomeini had been familiar with the
texts of the Muslim Brothers since the 1930s and he agreed with the Brothers¹
conception of what had to be considered ³evil²: namely, all the life-affirming
achievements of modernity that replaced divine providence by individual
self-determination, blind faith by doubt, and the stern morality of the Sharia
by sensual pleasures. According to legend, Yazid was the embodiment of
everything that was forbidden: he drank wine, enjoyed music and song, and
played with dogs and monkeys.[24] And was
not Saddam Hussein just the same? In the war against Iraq, ³evil² was clearly
defined and vanquishing evil was the precondition for hastening the return of
the beloved Twelfth Imam. When he at least let himself be seen for a few
minutes riding his white steed, the readiness to die a martyr¹s death increased
exponentially.
The loss
of the instinct for self-preservation among the Basiji will remain a mystery
for us. There are, nonetheless, certain factors that help to explain it:
firstly, Khomeini¹s religious doctrine, which elevates the ³after-life² above
life in this world; secondly, the tradition of veneration of martyrs peculiar
to the Shia; thirdly, the expectation of salvation that is connected to the
doctrine of the Twelfth Imam; and, finally, the mixture of brain-washing and
material incentives with which that Mullah-regime was able to instrumentalize
this cultural heritage toward meeting its military objectives.
For
hundreds of years, the Shia variant of Islam stood for quietism and
non-violence. Khomeini had subjected the tradition to a radical Jihadist
reinterpretation. The myth of self-sacrifice reinforced the idea of salvation
and vice-versa: the more selfless the sacrifice, the more imminent the advent
of the Imam; and the closer redemption by the Mahdi, the greater the readiness
for martyrdom.
From
the Basiji to the Suicide Bomber
Nobody
was more surprised by the effectiveness of his propaganda than Khomeini
himself. ³When Iranians go to war, they act as if they are going to a wedding,²
he exulted in September 1982, ³Even in the earliest days of Islam, we didn¹t
have that.²[25]
And indeed the history of Islam, though not lacking in atrocities, had never
known acts like those of the Basiji. Moreover, Khomeini¹s policy did not only represent a rupture
with the traditions of Islam, it was also at odds with the Quran. Thus Sura 2,
verse 195 reads: ³Cast not yourselves to destruction with your own hands.² Sura
4, verses 29-30 are still more explicit: ³And do not kill yourselves. Verily,
Allah is Most Merciful to you. And whosoever does so in enmity and wrong,
verily, We shall let him burn in Fire.²
While it
is true that in the 1930s, the Muslim Brothers had already established the
motto ³Victory or Martyrdom², they aimed at assuring that every Muslim who
found himself against his will in a hopeless situation would sacrifice his life
rather than capitulate. The Basiji, however, rushed to certain death in a
situation that was not hopeless: such a practice was completely alien to the
Muslim Brothers. This is the most significant legacy of the Ayatollah Khomeini.
The destructive energy that would find its most condensed expression in the
attacks of September 11th had its origin in the sacrifice of the Basiji.
It is
true that there were already suicide attacks against Israelis in the mid-1970s.
But these were the work of Marxist-oriented groups like the PFLP-GC. The first
Islamically-motivated suicide attack against Israel took place in southern
Lebanon on November 11, 1982. The perpetrator was the 15-year-old Ahmad Qusayr:
a follower of the then only just emerging Shia militia, Hizbullah. He had been
inspired by the model of the Basiji. Khomeini personally consecrated the act of
the 15-year old with a Fatwa. Later, he had a memorial built for Ahmad Qusayr
in Tehran.[26]
Following the lead of Hizbullah, in 1993 the Sunni Hamas likewise began to
employ suicide bombings. In the meanwhile, Khomeini¹s innovation has become the
calling card of Islamist movements throughout the world.
Until
1982, for a mother cheerfully to accept congratulations upon the massacring of
her son only seemed possible in the Islamic culture of Iran, marked as it was
by the legend of Karbala. Now, however, since the start of the Second Intifada,
the extinguishing of every trace of normal human instinct seems to have become
a cultural norm also in the Palestinian territories. Moreover, all the military
victories that the Islamists have been able to claim – Israel¹s
withdrawal from Lebanon, the evacuation of the Gaza Strip, the destruction of
southern Manhattan, or the series of massacres in Iraq – have been
achieved by using the weapon devised by Khomeini. ³The Palestinians say that
their popular awakening followed the teaching of the Imam Khomeini,² Khomeini¹s
successor, Ali Khamenei, explained in 2004, ³the Lebanese say that they
attribute their victory over the Zionists to the school of the Imam. The entire
Islamic eliteŠ conducts its victorious battles on the basis established by the
political school of the Imam.²[27]
And, in
fact, the seed spread by Khomeini is bearing fruit today. This seed, however, is
contaminated by Khomeini¹s crime: the deliberate sending of thousands of
children to their deaths in the deserts of western Iran. Every contemporary
suicide attack still bears traces of this crime. In the first place, it should be
remembered that the Basiji were not led to their deaths for defensive purposes;
secondly, that the waves of suicide attacks served only to kill other Muslims;
and thirdly, that in systematically propagating the passion for
self-destruction Khomeini thereby violated the precepts of the Quran.
From
the Desert to the Laboratory: Ahmadinejad¹s ³Second Revolution²
Today,
the Basiji are present in Iran in every town, every neighborhood and every
mosque. Basiji groups are divided into paramilitary units and ³special² units.
They fall under the direction of the Supreme Leader Ali Khamenei and are sworn
to absolute loyalty toward him. The million strong army of the Basiji is
recruited from the more conservative and impoverished parts of the population,
which profit from the Basiji social programs. Since 1998, the Basiji have been
deployed, above all, as a ³vice squad² and their special units have been used
as shock troops against opposition forces – as in both 1999 and 2003, for
instance, during the suppression of the student movement.
In the
summer 2005 Presidential elections, the urban middle classes voted for
Rafsanjani. Ahmadinejad came to power as the candidate of the Basiji. His
³second revolution²[28] aims to
eradicate corruption and eliminate western influences from Iranian society. It
is directed, in particular, against those sections of Iranian youth who during
the Presidency of Khatami enjoyed a taste of individual freedoms. In this
revolution, the Basiji are expected to play the role of a sort of Iranian SA.
Since the
Presidential elections, the influence of the Basiji has continuously grown. At
the end of July 2005, the movement announced plans to increase its membership
from 10 million to 15 million by 2010. The ³special units² are supposed to
comprise some 150,000 persons by then. Accordingly, the budget for the Basiji
movement has been considerably augmented.[29]
Furthermore, the Basiji have received new powers in their function as an
unofficial division of the police. What this unofficial function means in
practice was made clear in February 2006 when the Basiji attacked the leader of
the striking bus drivers union, Massoud Osanlou. They held Osanlou prisoner in
his apartment and they cut off the tip of his tongue, in order to convince him
to keep quiet.[30]
No member of the Basijineed fear being held responsible for such acts of terror
before a court of law.
The
highpoint of this new offensive was reached with the ³Basiji Week² in November
2005. Some nine million people, 12% of Iran¹s population of 70 million, came
out to demonstrate. Barely noticed by the western media, this mobilization
attests to Ahmadinejad¹s determination to impose his ³second revolution² at all
costs against the internal opposition. This ³revolution² shows clearly
fascistic traits and is meant to extinguish the first sparks of freedom in
Iran. And what has the West done to support the forces of freedom in Iran? Up
until now, very little. The Europeans in particular have given priority to
their commercial The Europeans in
particular have given priority to their commercial interests over the defense
of human rights.
The
second function of the Basiji is to provide mass publicity for martyrdom. There
is no ³truth commission² in Iran to investigate the state-planned collective
suicide that took place from 1980 to 1988. Instead, every Iranian is taught
from childhood the virtues of martyrdom. Everyone knows the name of Hossein
Fahmideh, who in 1982, as a 13-year-old boy, blew himself up in front of an
Iraqi tank. His image accompanies Iranians throughout their day: whether on
postage stamps or the currency. If you hold up a 500 Rial bill to the light, it
is his face that you will see in the watermark. The self-destruction of Hossein
Fahmideh is depicted as a model of profound faith by the Iranian media. It has
been the subject, for instance, of both an animated film and an episode of the
TV series ³Children of Paradise².[31] As a
symbol of their readiness to die for the Revolution, Basiji groups wear white funeral
shrouds over their uniforms during public appearances.
During
this year¹s Ashura Festival, school classes were again taken on excursions to a
³Martyrs Cemetery². ³They wear headbands painted with the name Hussein,² The
New York Times reported, ³and march beneath banners that read: ŒRemembering the
Martyrs today is as important as becoming a Martyr¹ and ŒThe Nation for whom
Martyrdom means happiness, will always be Victorious.¹²[32] Since
2004, the mobilization of Iranians for suicide brigades has intensified, with
recruits being trained for foreign missions. Thus, a special military unit has
been created bearing the name the ³Commando of Voluntary Martyrs². According to
its own statistics, this commando has so far recruited some 52,000 Iranians to
the suicidal cause. It aims to form a ³Martyrdom Unit² in every Iranian
province. ³The enemy is afraid that this culture will develop into a global
culture,² boasts the leader of the commando, Mohammadresa Jafari.[33] The
fervor for death as ³global culture²? Pure delirium as the paradigm of Islam?
Of
course, the numerous Iranians who admire Western lifestyles would reject such
an imputation, as would the majority of Muslims throughout the world. But here
too, the West has failed. Instead of condemning suicide bombing without
exception as a crime against humanity and pushing for a United Nations
resolution to this effect, western reactions have in this connection as well
been marked by opportunism. The international condemnation of suicide terror
is, however, an essential condition for the isolation of Iran.
In the
context of the Iranian nuclear program, the Basiji cult of self-destruction
amounts to a lit fuse. Even just a brief look at the Iranian Constitution makes
clear that there can be no question of Iran limiting its program to peaceful
ends. Article 151 lays down on the authority of the Quran: ³Prepare against
them whatever force you are able to muster, and horses ready for battle,
striking fear into God¹s enemy and your enemy.²
Nowadays,
Basiji are sent not into the desert, but rather into the laboratory. Basiji
students are encouraged to enroll in technical-scientific disciplines.
According to a spokesperson for the Revolutionary Guard, the aim is to use the
³technical factor² in order to augment ³national security².[34] But
what is the implication of atomic weapons in the hands of those who interpret
death in the battle field as a spiritual triumph?
In
December 2001, then Iranian President Hashemi Rafsanjani broached this
question. He explained that ³the use of even one nuclear bomb inside Israel
will destroy everything². On the other hand, even in the case of a nuclear
response on the part of Israel, it ³will only harm the Islamic world. It is not
irrational to contemplate such an eventuality.²[35]
Rafsanjani thus spelled out the terms of a macabre cost-benefit analysis. It
will not be possible to destroy Israel without suffering damage in turn. But
for Islam the level of damage that Israel¹s nuclear response could inflict is,
nonetheless, bearable. Some hundred thousand or so additional martyrs for Islam
– the price is not to high to pay.
Rafsanjani¹s
counting on a hundred thousand deaths might seem on first glance like a
worst-case scenario. But it is not. For Rafsanjani is a representative of the
³pragmatic² wing of the Iranian Revolution. In contrast to the apocalyptic wing
of the Revolutionary Guard, who in 1988 wanted to pursue the war against Iraq
no matter the costs, the ³pragmatists² are concerned that any war should have a
³worthwhile² outcome. What atomic weapons could mean in the hands of the
³apocalyptic² faction is virtually unimaginable.
Ahmadinejad,
however, is clearly predisposed toward apocalyptic thinking. The linchpin of
his politics is the myth of the Hidden Imam. In September 2005, he concluded
his first speech before the United Nations by imploring God to bring about the
return of the Twelfth Imam. He finances a research institute in Tehran whose
sole purpose is to study and, if possible, accelerate the coming of the Imam.
³The most important task of our Revolution is to prepare the way for the return
of the Twelfth Imam,² he stressed at a theology conference in November 2005.[36]
A
politics pursued in alliance with a supernatural force necessarily becomes
unpredictable. Why should an Iranian President take into account the reality
principle when his assumption is that in three or four years the Savior will be
taking over the controls in any case? In expecting the advent of the Messiah,
who would be prepared for compromise? In any case, up to now Ahmadinejad has
kept on his course toward confrontation with evident pleasure.
The West
has been declared the enemy and Western music – from Mozart to Madonna
– banned from the airwaves. With his threats against Israel¹s existence,
the option of a new epochal crime against Jews has been elevated to government
policy. Inasmuch as Ahmadinejad declares the Twelfth Imam a reality, but the
Holocaust a myth, he takes his leave from the international community known as
the ³United Nations.² Whoever ridicules Auschwitz as a myth, must thereby
transform Jews into the universal enemy, who for filthy Mammon has deceived
humanity for 60 years and who controls the world¹s media and universities.
Ahmadinejad¹s
anti-Semitism bears resemblance to that of the Nazis, even if he replaces the
term ³Jew² by ³Zionist²: the Zionists fabricated the Danish Muhammad cartoons;
the Zionists brought about the attacks on Shia holy places in Iraq; the
Zionists have for sixty years now blackmailed ³all western governments²; the
Zionists have enslaved the German government.[37]
It would
be an error to dismiss Ahmadinejad as a crank. Though his goals may be
demented, he pursues them with obvious intelligence. He casts himself in the
role of the global populist. His speeches address the ³oppressed² throughout
the world. He cultivates good relations with Fidel Castro and Venezuela¹s
President Hugo Chávez, and he has announced his intention to participate in the
summit of non-aligned states in September 2006 in Havana.[38]
Iran¹s
conduct of its war with Iraq between 1980 and 1988 provided a glimpse of things
to come. What began with the clearing of mine fields by human detonators has
become in the form of suicide bombing the most powerful weapon of the Islamist
movement worldwide. The kitschy shows in the desert, with hired actors in the
role of the Hidden Imam, have evolved into a showdown between a zealous Iranian
President and the western world. The Basiji who once upon a time wandered the
desert armed only with a walking stick is today working as a chemist in a
uranium enrichment facility.
Our look
back at the history of the Basiji shows us that the greatest monstrosities have
to be expected as a matter of course from the current Iranian regime. Today,
the political isolation of Iran is a necessity. So long as the Iranian
leadership refuses to recognize the reality and tragedy of the Holocaust,
Iran¹s membership in the UN should be suspended.
Box 1: The Iran-Iraq War
In
February 1979, Khomeini¹s revolution triumphs in Iran. Next door in Iraq,
Saddam Hussein becomes President in July 1979. Khomeini calls on the Shia of
Iraq ³to rise up against the criminal murderer Saddam Hussein and his clan.²
Clandestine organizations in Iraq receive funding from Tehran. For propaganda
purposes, Iranian radio transmitters are set up close to the Iraq border.
The
response from Hussein comes in September 1980 with the invasion of Iran. Cities
like Abadan are occupied by Iraqi troops. Four months later, the Iranian counterattack
begins. In March 1982, Iran for the first time deploys Basiji commandos. In
Summer 1982, Iraq offers to negotiate a truce. Iran rejects the offer. In
August 1988, Khomeini finally gives in following several years of a war of
attrition. 750,000 Iranians lose their lives in the war, 1,200,000 are wounded.
Iraq suffers some 340,000 dead and 700,000 wounded
Box 2: The Pasdaran vs. the Regular Army
In the
war against Iraq, Khomeini could not do without the regular Iranian armed
forces that had been built up under the Shah. But he mistrusted them and tried
to limit their influence. To this end, the Revolutionary Guard (Pasdaran) were
developed into a second army. Until 1980, the tasks of the 25,000 strong
organization consisted of enforcing the prescribed virtues of the Sharia and
murdering regime opponents. But by 1985, the Pasdaran forces, of which
Ahmadinejad was a member, were already with their some 450,000 troops more
powerful than the 350,000 strong regular armed forces.
In Summer
1982, the tensions between the ³revolutionary² and ³conventional² military
approaches came to a head. Following a Basiji deployment, Iran had beaten back
the Iraqi offensive and restored the pre-war status quo. At this point, the
regular army wanted to end the war, to accept Saddam¹s offer of negotiations,
and to avoid any further deployments of the Basiji. On all three points,
Khomeini and the Pasdaran resisted and prevailed. Starting in 1982, the war was
pursued as a war of conquest.
In 1988,
the same differences again came to the fore. Despite the hopeless military
situation, the Pasdaran wanted at all costs to escalate their revolutionary war
efforts. This time, however, Hashemi Rafsanjani, as Commander in Chief of the
united armed forces, accepted the truce. Khomeini sided with Rafsanjani. When,
in Summer 2005, Ahmadinejad defeated his former and current rival Rafsanjani
with the help of his friends from the Pasdaran, this also represented the
revenge of the Pasdaran for their defeat in the 1988 power struggle.
Translated from the German by John Rosenthal
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Footnotes
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* Matthias Küntzel, born in 1955, is an author and a political scientist
and holds a tenured part-time position as a teacher of political science
at a technical college in Hamburg/Germany. His most
recent book is Djihad und Judenhass. Über den neuen antijüdischen Krieg (Jihad and
Jew-hatred. About the new anti-Jewish war), Freiburg: Ca ira pubs.,
was published in 2002.
³Ahmadinejad's World² is reprinted from his website,
which has articles in English at http://www.matthiaskuentzel.de/contents/kategorie/english/
in French at
http://www.matthiaskuentzel.de/contents/kategorie/francais/
and in German at
http://www.matthiaskuentzel.de/contents/
* * *
[1] Cited in Baham Nirumand, Krieg, Krieg, bis zum Sieg, in: Anja
Malanowski und Marianne Stern, Iran-Irak. ,Bis die Gottlosen vernichtet sind¹,
Reinbek (Rowohlt) 1987, p. 95-6.
[2] Cited in Christiane Hoffmann, Vom elften Jahrhundert zum 11.
September. Märtyrertum und Opferkultur sollen Iran als Staat festigen,
Frankfurter Allgemeine Zeitung, May 4, 2002.
[3] Wahied Wahdat-Hagh, Bassiji: die revolutionäre Miliz des Iran, in:
MEMRI Berlin, Special Dispatch, December 20, 2005.
[4] MEMRI, Inquiry and Analysis Series – No. 262, February 1,
2006.
[5] MEMRI, Special Dispatch Series – No. 945, July 29, 2005.
[6] Sepehr Zahib, The Iranian Military In Revolution And War, London and
New York: Routledge, 1988, p. 241.
[7] Katzman, Kenneth, The Warriors of Islam. Iran¹s Revolutionary Guard,
Boulder et. al.: Westview Press, 1993, p. 64.
[8] Freidune Sahebjam, “Ich habe keine Tränen mehr³. Iran: Die
Geschichte des Kindersoldaten Reza Behrouzi, Reinbek: Rowohlt, 1988.
[9] Cited in Erich Wiedemann, Mit dem Paradies-Schlüssel in die Schlacht,
in: Der Spiegel, No. 31/1982, p. 93.
[10] Dilip Hiro, The Longest War. The Iran-Iraq Military Conflict,
London et al.: Grafton Books, 1989, p. 290.
[11] Möller, Harald, Der Krieg zwischen dem Irak und dem Iran: Endogene
und exogene Bestimmungsfaktoren – ein Beitrag zur
Kriegsursachendiskussion, Dissertation, Berlin 1995, p.154-6.
[12] Amir Taheri, Holy Terror. The Inside Story of Islamic Terrorism,
London et. al.: Hutchinson, 1987, p. 81 and 33.
[13] Cited in Wiedemann, op. cit., p. 93.
[14]Anthony H. Cordesman and Abraham R. Wagner, The Lessons of Modern
War. Volumne II: The Iran-Iraq War, Boulder et al.: Westview Press, 1990, p.
181, p. 247; Wiedemann, op. cit.; Möller, op. cit., p.151.
[15] Arki, Mostafa, Iran-Irak. Acht Jahre Krieg im Nahen Osten, Berlin:
VWB-Verlag für Wissenschaft und Bildung, 1989, p. 87.
[16] Ehsan Yarshater, Ta¹ziyeh and Pre-Islamic Mourning Rites in Iran,
in: Peter J. Chelkowski, Hg., Ta¹ziyeh: Ritual and Drama in Iran, New York :
New York University Press,1979, pp. 88-94.
[17] Elias Canetti, Masse und Macht [Crowds and Power], Frankfurt/M.
1996, pp. 172-4.
[18] Cited in Daniel Brumberg, Khomeini¹s Legecy. Islamic Rule and
Islamic Social Justice, in: Appleby, R. Scott, Spokesmen for the Despised.
Fundamental Leaders of the Middle East, Chicago & London: University of
Chicago Press, 1997, p. 56.
[19] Cited in Dawud Gholamasad and Arian Sepideh, Iran: Von der
Kriegsbegeisterung zur Kriegsmüdigkeit. Hannover: Internationalismus Verlag,
1988, p. 15.
[20] Saskia Gieling,, The Sacralization of War in the Islamic Republic
of Iran, Ridderkerk: Ridderprint, 1998, p. 66.
[21] Gieling, op. cit., pp. 125-6.
[22] Sehabjam, op. cit., pp.136-8. [Note from Emperor's Clothes: There's
apparently a typographical error here, since Freidoune Sehabjam's work is not
identified. We'll try to get this clarified.]
[23] V.S. Naipaul, Eine islamische Reise. Unter den Gläubigen [Among the
Believers: An Islamic Journey], Berlin: List Taschenbuch, 2002, p. 23.
[24] Möller, op. cit., p. 153.
[25] Cited in Gholamasad and Sepideh, op. cit., p. 15.
[26] Joseph Croitoru, Der Märtyrer als Waffe. Die historischen Wurzeln
des Selbstmordattentats, München: Hanser, p. 132.
[27] MEMRI Berlin, Special Dispatch, June 9, 2004: Iran –
Freiwillige Märtyrer und Feiern zu Khomeinis 15. Todestag.
[28] Cf. Ayelet Sayvon, The ,Second Islamic Revolution¹, MEMRI, Inquiry
and Analysis Series, No. 253, November 17, 2005.
[29] IranReloaded, July, 31, 2005 and Wahied Wahdat-Hagh, Europäische
Diplomatie in der Sackgasse. Warum der kritische Dialog
mit dem Iran scheitern musste, in: Internationale Politik, March 2006,
p. 72..
[30] Colin Freeman and Philip Sherwell, Iranian fatwa approves use of
nuclear weapons, in: The Sunday Telegraph, February 19, 2006.
[31] Hoffmann, op. cit.
[32] Michael Slackman, Invoking Islam¹s Heritage, Iranians Chafe at
'Oppression' by the West, in: New York Times, February 6, 2006.
[33] MEMRI Special Dispatch, 18. August 2005.
[34] Iranfocus, 12. August 2005.
[35] Cited in Daniel Jonah Goldhagen, Iran Bares ,Genocidal Intent¹, in:
The Sun, November 3, 2005 and MEMRI, Special Dispatch Series – No. 325,
January 3, 2002.
[36] Paul Huges, Iran president paves the way for arabs¹ imam return,
reuters, November 17, 2005.
[37] MEMRI, Special Dispatch Series, No. 1091, February 14, 2006, sowie
MEMRI – Special Dispatch, 15. Februar 2006.
[38] Ahmadinedschad reist nach Kuba, in: Junge Welt, February 9, 2006.
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Israel
Editor, Emperor's Clothes
[I] See
³Emperor's Clothes Articles on US strategy towards Iraq and Iran,² at
http://emperors-clothes.com/iraq-iran.htm
I see two main problems with the extensive media coverage of Iran's President,
Mahmoud Ahmadinejad. One is the media's tendency to accept Ahmadinejad's
preferred self-image, that of a third world populist, albeit with Islamist
views, regarding whom the media celebrates supposed signs of moderation.
This approach avoids examining Ahmadinejad's ideology and its roots in the
political life of post 1979 (i.e., Islamist) Iran.
Matthias Küntzel's piece, ³Ahmadinejad's World,² goes a long way towards
filling the void of ignorance about how this man thinks. It turns out that not
only does Ahmadinejad deny the Holocaust, sponsor Hezbollah, and incite the
murder of Jewish people around the world, but he took part in the
government-organized murder of untold thousands of Iranian children, and is now
promoting a state cult glorifying that murder.
The second problem is that the media - mainstream, extreme right,
extreme left, alternative, pro-Israel, anti-Israel - unquestioningly propounds
the view, fostered by the US and Iranian governments, that they are what they
appear: fierce opponents. Evidence contradicting this view is
disregarded; for example, I could find no English language newspaper or TV news
program that even noted the following remark, which Ahmadinejad made during his
UN speech a week ago:
³The occupiers are incapable of establishing security in Iraq. Despite
the establishment of the lawful Government and
National Assembly of Iraq, there are covert and overt efforts to heighten
insecurity, magnify and aggravate differences within Iraqi society, and
instigate civil strife.² (My emphasis - JI)
--Transcript of Ahmadinejad's UN speech
http://www.un.org/webcast/ga/61/pdfs/iran-e.pdf
Two things are noteworthy here.
First, Ahmadinejad did not, in this quote or anywhere else in his
speech, demand that the US get out of Iraq. Rather, he criticized the
occupation forces for being ³incapable of establishing security.²
Second, Ahmadinejad referred to the current Iraqi government as ³the
lawful Government and National Assembly of
Iraq.² But said government is the creature of the occupation forces,
first and foremost the US. For example, US Ambassador Zalmay Khalilzad oversaw
the writing of the Iraqi constitution.
For three years we have been told that the US is on the verge of a
military assault on Iran. Yet here is the Iranian President, commenting on the
presence of massive US and allied forces in Iraq, and instead of denouncing
this multi-national attack force on his doorstep, instead of saying, ³Of course
we need nuclear weapons; thousands of US and other infidel troops are poised on
our border!² - instead he chides the US for not being tough enough and commends
the US-created Iraqi government as ³lawful.² Doesn't this suggest that
the US-Iranian relationship is different from what it appears? That mutual
denunciations and threats made by the Bush and Ahmadinejad governments may be
political theater? But this and much other evidence that, as Emperor's Clothes
predicted before the US went into Iraq, Iran has gained from the invasion and
has in crucial ways supported US efforts - this evidence is simply ignored. [I]
Food for thought, about which more later. First, here is Matthias
Küntzel's account of what President Ahmadinejad has done and what he stands
for. As you read, consider what it means for Ahmadinejad to say the Iraqi
government is ³lawful.²