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Les presses arabe et égyptienne réagissent à l’agression contre le ministre égyptien des Affaires étrangères sur l’Esplanade de la mosquée Al-Aqsa
MEMRI
Article mis en ligne le 5 janvier 2004

A son arrivée dans la mosquée Al-Aqsa lors de son récent voyage en Israël, Ahmed Maher, ministre égyptien des Affaires étrangères, a été agressé par un groupe de Palestiniens qui l’ont insulté, lançant des chaussures dans sa direction et appelant à la reprise du djihad en Egypte, tandis qu’au micro résonnait l’appel « Non à la paix ! ».

Le ministre s’est évanoui dans les bras de ses gardes du corps. ( Al-Ahram Hebdo , 24-30 décembre 2003). Selon les rapports de médias, les assaillants appartiennent au Hizb Al-Tahrir («  Parti de libération  » islamiste). Voici une compilation des réactions de médias arabes concernant l’agression :


Vous avez jeté la honte sur vous-même et sur votre cause

Deux jours après l’incident, plusieurs articles portant sur l’agression d’Ahmed Maher ont paru dans la presse égyptienne.

Ahmed Ragab, qui publie des articles d’opinion dans le quotidien gouvernemental Al-Akhbar , ramène le problème à l’éducation scolaire des enfants : « Dans le cadre des cours d’arabe, les élèves apprennent [la phrase] ’Omar a frappé Zayd’, mais jamais ’Omar a frappé Cohen.’ » (1)

Dans le quotidien égyptien Al-Masaa , un article du chroniqueur Mohammed Foudah s’efforce de susciter un sentiment de honte chez les Palestiniens : « Ces Palestiniens qui ont attaqué le ministre égyptien des Affaires étrangères se sont-ils demandé pourquoi Maher s’était imposé la souffrance d’une visite en Israël et d’une rencontre avec Sharon et son cabinet ? S’y est-il rendu dans l’intention de visiter un pays avec lequel nous avons rompu les relations et sommes entrés en crise pour la Palestine (…) ? Les Palestiniens souhaitent-ils que l’Egypte cesse de s’intéresser à la question palestinienne ? Ce serait la solution la plus facile, déjà privilégiée par nombre de pays arabes (…) Vous avez battu l’homme qui est venu pour vous, et c’est Israël qui l’a conduit à l’hôpital. Quelle honte avez-vous jeté sur vous-mêmes et sur votre cause ! (…) » (2)


Tout est résolu entre l’Egypte et Israël hormis la question palestinienne

Galal Duweidar, directeur d’ Al-Akhbar , écrit : " (…) Le monde entier, Palestiniens compris, sait qu’il n’y a plus de problème entre l’Egypte et Israël depuis la victoire d’octobre (1973) et la signature de l’accord de paix (…) La seule raison [des tensions qui existent entre l’Egypte et Israël] est la défense des droits des Palestiniens, et non celle des intérêts égyptiens directs (…)

Malgré le sacrifice continu [de l’Egypte pour les Palestiniens], sacrifice qui gâte les relations de l’Egypte avec Israël et le lobby sioniste, et donc avec les Etats-Unis, un groupe de voyous palestiniens nous a surpris en perpétrant cette agression barbare et malveillante contre le ministre égyptien des Affaires étrangères. Comment nous, chroniqueurs égyptiens, qui chaque jour défendons les droits de ce peuple en nous opposant à l’agression israélienne, comment pouvons-nous rendre compte de cet acte méprisable ? (…) Ce groupe de criminels (…) est déloyal et oeuvre pour Israël et les ennemis de la nation arabe (…) Oui, ces assaillants pécheurs méritent bien la malédiction des 70 millions d’Egyptiens qui ont pu témoigner hier de cet acte de lâcheté devant leurs écrans télévisés (…) " (3)


Le temps n’est-il pas venu de nous concentrer sur nos problèmes intérieurs ?

Egalement dans Al-Akhbar, le chroniqueur Saïd Sunbul écrit : " (…) Accuser le ministre égyptien des Affaires étrangères de trahison revient à accuser l’Egypte de trahison. Ce n’est pas la première fois que l’Egypte est accusée de trahison, malgré tout ce qu’elle a fait et continue de faire pour les Palestiniens. Le terme ’trahison’ est très utilisé par les Palestiniens. Ils s’en sont servis contre l’ancien Premier ministre [de l’Autorité palestinienne] Abou Mazen, qui a préféré démissionner ; ils l’ont utilisé contre l’ancien ministre Yasser Abed Rabbo et ses collègues, qui se sont rendus à Genève pour établir un document de paix susceptible de garantir une vie de dignité aux Palestiniens.

Même avant cela, les Palestiniens avaient accusé [le président égyptien Gamal] Abd El-Nasser de trahison pour avoir accepté le plan du Secrétaire d’Etat Rogers. Ils ont accusé Anwar Sadate de trahison quand ce dernier les a invités à la conférence de Mina House. S’ils avaient accepté d’y participer ou s’ils avaient accepté les principes de l’accord de Camp David, ils auraient empêché Israël d’établir les colonies et la barrière de séparation, et n’auraient pas été contraints de faire toutes ces concessions ! (…)

La méprisable agression contre le ministre égyptien des Affaires étrangères (…) pousse plusieurs personnes à se demander s’il n’est pas temps pour nous de nous concentrer sur nos problèmes intérieurs - dont plusieurs proviennent des guerres auxquelles nous avons participé pour la Palestine - au lieu de tenter inutilement de résoudre le problème d’un peuple divisé qui accuse ses propres [représentants] et les autres de trahison. " (4)


Nous ne tendrons plus l’autre joue

Le commentaire le plus cinglant provient sans doute d’Ibrahim Sadah, directeur de l’hebdomadaire Akhbar Al-Youm . Sadah précise que les efforts déployés par le ministre égyptien des Affaires étrangères pour minimiser l’incident de l’ont « pas convaincu. » Il invite le parlement égyptien à se réunir pour débattre de la politique palestinienne de l’Egypte, suite à « la tentative d’assassinat du ministre égyptien des Affaires étrangères. » Sadah rappelle l’histoire des relations égypto-palestiniennes depuis l’époque du président Sadate, commentant : " Malgré les méprisables attaques planifiées et perpétrées par les Arabes, sous la direction de Saddam Hussein et de Yasser Arafat, contre l’initiative [de paix] du président égyptien, Sadate n’accorda pas d’importance à cette malveillance, persévérant courageusement sur la voie de la paix (…)

Je ne pense pas que le peuple égyptien puisse oublier ou ignorer ces années, où ses dirigeants politiques étaient la cible des pires attaques, non seulement de la part des médias arabes, mais également de certains dirigeants arabes, tels Saddam Hussein et Yasser Arafat (…) Le peuple égyptien n’oubliera pas non plus que Yasser Arafat a dansé de joie à l’annonce de l’assassinat du président Sadate (…)

Il est temps de dire à l’Autorité palestinienne : ’Non ! Mille fois non !’ (…) Nous ne tendrons plus la joie droite pour recevoir la claque déjà reçue à maintes reprises par la joue gauche. Nous sommes rassasiés, Votre Excellence, unique porte-parole du peuple palestinien, de vos déclarations répétées pour rejeter tout acte anti-égyptien perpétré par les Palestiniens sur une stupide petite minorité (…)

Personnellement, je n’accepte pas les excuses du président palestinien Yasser Arafat (…) J’exige que le Parlement se réunisse en session spéciale, en la présence du ministre des Affaires étrangères, dans le but précis d’examiner notre politique face au conflit israélo-palestinien (…) Peut-être ses membres auront-ils une autre opinion, mais je propose comme solution à ce débat (…) un sondage d’opinion dans tous les secteurs de la population égyptienne concernant notre politique palestinienne (…) " (5)

Dans le quotidien Al-Ahram , le chroniqueur Salah Muntassir fait preuve de plus de retenue : « Je m’efforce de conserver une certaine retenue au lieu de susciter plus de fureur encore. L’Egypte ne permettra pas à ceux qui agissent contre leur propre cause, leurs propres droits, leur propre combat, d’atteindre leurs buts. Tel est l’impôt que nous avons payé et que nous continuons de payer ; ces êtres haineux et sans reconnaissance qui ternissent leur propre image méritent d’être relégués à la corbeille de l’histoire. » (6)

Hazem Abd El-Rahman, de tendance libérale, écrit dans sa chronique d’Al-Ahram  : « (…) Ce rebut du genre humain est-il capable d’accomplir quelque chose pour le peuple palestinien ? Il semble qu’à l’instar des adeptes des attentats suicides, ils soient les premiers à porter atteinte à la cause palestinienne, amenant la mort sur le peuple palestinien (…) » (7)

Mursey Atallah, directeur de l’édition du soir d’ Al-Ahram , écrit : « (…) Cette populace, qui fait la leçon aux autres en prétendant être plus patriotique qu’eux, cherche encore à piéger la nation dans le cycle du conflit avec pour seul objectif d’enflammer les émotions. Tous les malheurs subis par les Palestiniens entraînés par des beaux parleurs qui ont, pendant plus d’un demi-siècle, clamé la devise de la libération totale de la rivière [du Jourdain] à la mer [Méditerranée] - jusqu’à ce que nous ayons pratiquement tout perdu et qu’il reste à peine à la Palestine une rivière et une mer -, [tous ces malheurs] ne leur ont pas suffi. » (8)

Cette agression devrait être condamnée par tous ceux dotés d’un cerveau ou d’un demi-cerveau

La condamnation de l’agression contre le ministre des Affaires étrangères Maher par la presse arabe fut quasi-unanime. Dans le quotidien qatari Al-Raya, le chroniqueur Abd El-Karim Hashish écrit : « Il est inutile que je répète ce que d’autres ont déjà dit, que l’agression a été organisée par les Israéliens. C’est une affirmation insensée, qui provient de la tendance chronique qu’ont certains à inverser les choses et à se cacher la tête dans le sable. Ceux qui ont attaqué le ministre égyptien des Affaires étrangères (…) sont des Palestiniens de chair et de sang, et les Israéliens n’ont rien à voir là-dedans (…) La vérité est que je me fiche de savoir à quelles factions ces Palestiniens appartiennent. Cette agression devrait être condamnée par toute personne dotée d’un cerveau ou d’un demi-cerveau. Je tiens à souligner que ce comportement stupide aura de sérieuses répercussions sur le statut de la mosquée Al-Aqsa et légitimera peu-être l’intervention israélienne et la surveillance des services de sécurité israéliens (…) » (9)


Les Arabes sont les pires ennemis des Arabes

Dans le quotidien libanais Al-Nahar , le directeur Jubran Tuweini écrit que l’agression de Maher fut " le sommet de la bassesse et de l’humiliation arabe. Ce fut un cadeau aux ennemis des Arabes, et à Israël en particulier. Une fois de plus, nous nous rendons compte que les Arabes sont les pires ennemis des Arabes, tout comme les pires ennemis de la cause palestinienne sont les Palestiniens, car ils ont adopté le refus et l’extrémisme fondamentaliste comme ligne de conduite. Combien de fois ont-ils déjà servi Israël par leurs actions ? Combien de fois l’attitude de ces groupuscules a-t-elle déjà sauvé Ariel Sharon et son gouvernement ?

Ce qui est arrivé au ministre Maher nous rappelle l’histoire des relations inter-arabes (…) Un simple calcul révèle que le nombre d’agressions arabes contre des Arabes dépasse le nombre de guerres israélo-arabes (…) " (10)


Al-Qods Al-Arabi

 : une position pro-Saddam

Une autre opinion a été exprimée par le directeur pro-Saddam du quotidien londonien Al-Qods Al-Arabi, Abd El-Bari Atwan. Le matin suivant l’agression, il écrit dans un article intitulé « Des chaussures en guise de premier avertissement » : " Les chaussures qui ont plu sur la tête d’Ahmed Maher (…) sont une leçon pour tous les dirigeants arabes et leurs représentants qui ont méprisé la rue arabe, ses exigences et ses sentiments, et qui aujourd’hui ne prêtent l’oreille qu’à l’Administration américaine et à ses requêtes humiliantes de normalisation des relations avec l’Etat hébreu, servant ses intérêts et occultant sa politique terroriste.

M. Maher a humilié le peuple égyptien et ses forces nationales quand, contre leur volonté et par dédain pour leurs sentiments, il s’est rendu à Tel-Aviv pour rencontrer le Premier ministre israélien, dont les mains dégoulinent du sang des combattants palestiniens et des soldats égyptiens morts en martyrs pour défendre l’honneur de leur nation et de leur pays.

Quand le ministre égyptien des Affaires étrangères se montre neutre sur le conflit israélo-arabe, quand le gouvernement égyptien devient un « honnête courtier » entre les parties, il n’y a pas lieu de s’étonner qu’il se reçoive des chaussures (…) " (11)


Réponse égyptienne à Atwan

En réponse à l’article d’Atwan, le chroniqueur Kamal Abd El-Raouf écrit dans l’hebdomadaire égyptien Akhbar Al-Youm : « Je regrette la tiédeur de la plupart des commentaires que j’ai entendus à la radio palestinienne. Certains d’entre eux ont clairement accusé le ministre des Affaires étrangères [Ahmed Maher]. L’un d’entre eux venait d’Abd El-Bari Atwan (…), qui a condamné Ahmed Maher. Il fallait s’y attendre de la part d’Atwan, qui s’est battu pendant plusieurs années pour la cause [palestinienne] à partir des saloons de Londres. Nul ne sait avec qui ou contre qui est Atwan. La seule chose que je sais est qu’il accorde aux radios étrangères une bonne raison de penser qu’Israël a raison. » (12)

Un site libéral arabe : « Ceux qui se trouvent derrière cette agression ne sont pas une minorité »

Sur le site arabe libéral Elaph , le chroniqueur égyptien Sami Buheiri écrit : « Nous devrions être honnêtes avec nous-mêmes : ceux qui se trouvent derrière l’agression ne sont pas une minorité, comme le prétendent les déclarations palestiniennes et égyptiennes. Malheureusement, ils représentent l’actuelle populace arabe et palestinienne. Ils refusent d’accepter tout ce qui peut ressembler à un accord de paix avec Israël (…) C’est eux qui applaudissent aux explosions de bus et de restaurants afin d’éteindre la moindre étincelle d’espoir et de paix (…) Ce sont des nationalistes arabes qui ont totalement échoué dans toutes leurs guerres avec Israël et dans toutes leurs tentatives de paix avec Israël, parce qu’ils ne les ont pas prises au sérieux et ne se sont pas comportés en hommes - ni dans le combat, ni dans la paix (…) Les chaussures lancées sur l’Esplanade de la mosquée sont comme l’esprit arabe qui s’est envolé dans les airs pour ne jamais redescendre. » (13)

(1) Al-Akhbar (Egypte), le 25 décembre 2003.
(2) Al-Masaa (Egypte), le 24 décembre 2003.
(3) Al-Akhbar (Egypte), le 24 décembre 2003.
(4) Al-Akhbar (Egypte), le 24 décembre 2003.
(5) Akhbar Al-Youm (Egypte), le 27 décembre 2003.
(6) Al-Ahram (Egypte), le 24 décembre 2003.
(7) Al-Ahram (Egypte), le 24 décembre 2003.
(8) Al-Ahram Al-Masaai (Egypte), le 23 décembre 2003.
(9) Al-Raya (Qatar), le 24 décembre 2003.
(10) Al-Nahar (Liban), le 24 décembre 2003
(11) Al-Qods Al-Arabi (Londres), le 23 décembre 2003.
(12) Akhbar Al-Youm (Egypte), le 27 décembre 2003, tel que cité dans Al-Qods Al-Arabi (Londres), le 29 décembre.
(13) http://www.elaph.com.:8080/elaph/arabic/index.html, le 30 décembre 2003.

L’Institut de Recherche Médiatique du Moyen-Orient (MEMRI) est une organisation indépendante à but non lucratif qui traduit et analyse les médias du Moyen-Orient. Des copies des articles et autres documents cités, ainsi que toute information d’ordre général, sont disponibles sur simple demande.

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