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Affaire Al-Dura : l’autopsie d’un mensonge
Par Jean-Paul Ney, directeur de la rédaction du magazine « Le Confidentiel » © Metula News Agency
Article mis en ligne le 25 décembre 2003

Jean-Paul Ney est journaliste. Collaborateur pour Canal Plus, France Soir et Sipa Press, il a été reporter au Moyen-Orient. Connu pour avoir retrouvé le pirate israélien du Pentagone (Ehud « Analyzer » Tenebaum), il a aussi lancé l’affaire des cartes bancaires pirates en France. En 2000 il fut le 1er journaliste européen à être invité à la NSA, l’agence nationale de sécurité américaine.

Point de vue d’experts militaires et journalistes indépendants

D’ici au 27 décembre sortira en France, DOM TOM & Belgique, le troisième numéro du magazine que j’ai lancé en juin 2003, ’Le Confidentiel’. Ce magazine papier de 32 pages couleur, tiré à 60.000 exemplaires, traite de sujets concernant le renseignement, le terrorisme, la guerre de l’information et les investigations. Le Confidentiel n’appartient à aucun groupe de pression, nous ne sommes affiliés à aucun parti politique ni entreprise ni gouvernement. Je considère qu’il est de mon devoir systématique de directeur de rédaction, mais avant tout de journaliste, de faire la lumière sur la vérité, de prodiguer de la bonne information ; celle qui ne passe pas par un fil d’agence ou par une rédaction politisée.

C’est l’un des buts du Confidentiel, l’autre est de faire comprendre ce nouvel ordre mondial qui s’est publiquement imposé le 11 septembre 2001. Ce numéro 3 réserve plus de sept pages à la contre-enquête que nous avons lancée depuis que j’ai visionné le film de la Ména. Ce reportage-enquête de la Ména, contenant des rushes de France 2 et de Reuters, qui ont confirmé mes soupçons, qui ont confirmé ce que je ne pouvais croire alors : une mise en scène. Aujourd’hui, je n’en suis pas persuadé, j’en suis convaincu à 110%, d’autant plus que ce n’est pas la première fois que des Palestiniens (ou des médias foncièrement anti-israéliens) manipulent l’information : Le mort tombant de sa civière et se relevant a été vite oublié (un groupe du Hamas a été surpris par un drone israélien). Les mauvaises langues ont dit que ce film a été réalisé par le ’Mossad’. Ce sont les mêmes mauvaises langues qui voient le ’Mossad’ partout, s’épargnant ainsi de mettre en doute leurs convictions souvent simplistes.

La couverture du « Confidentiel » à paraître ces jours


Même si je ne m’y suis pas intéressé de près, j’ai toujours suivi ce que j’appelle « l’affaire Al-Dura ». J’ai vu, comme tout le monde, au journal télévisé, les images commentées par Charles Enderlin. Mais ça ne collait pas, tout en étant choqué par la violence des images, et les propos - aussi bien tenus par Enderlin que par l’audience autour de moi - quelque chose ne tournait pas rond dans ces images. Je n’en ai pas tenu compte, j’avais du pain sur la planche et d’autres investigations à terminer. Est alors venu à mes oreilles le scandale provoqué par un chercheur israélien ainsi que le livre écrit par un Français, respectivement Nahum Shahaf et Gérard Huber. Etant abonné à la Ména, je n’ai pas eu de mal à me replonger dans les archives pour me faire un point de vue.

Une fois le magazine lancé et mes deux documentaires terminés, j’ai contacté Huber, Shahaf, Juffa et la Ména. Je ne me suis pas contenté d’eux, non, j’ai fait appel à quatre experts indépendants de tout lien avec cette affaire : Ils ne sont pas israéliens, ni juifs, ni musulmans, ni arabes. Ils sont bien loin d’avoir posé une seule fois le pied au Moyen-Orient et ont rarement suivi l’affaire, juste vu ces images. L’un est expert en balistique lésionnelle, Philippe Moreau. Il assure depuis 1988 la formation des élèves paramédicaux de l’armée française concernant l’armement et la balistique lésionnelle. « Environ 150 élèves par an, issus de toutes les armes » nous affirme-t-il. Tireur de précision, qualifié sur toutes les armes légères en service dans l’armée française et moniteur de tir, ce professionnel est l’auteur d’un ouvrage intitulé « Approche de la balistique lésionnelle et des effets d’un projectile sur un organisme vivant », qu’il a rédigé et qui a été édité en interne par le service de santé des Armées. Il sert de support de cours à ses étudiants, et aussi de référence pour de nombreux professionnels de la santé, de l’armement et de la défense en France. « Ma formation de plusieurs années est passée par l’étude des travaux du Professeur Jourdan, et de ceux menés par la chaire de balistique lésionnelle de la faculté de médecine de Marseille. La qualité de mes recherches et de mes travaux m’a accordé le crédit nécessaire de la part de nombreux médecins et professeurs spécialisés pour être autorisé à enseigner la discipline et à être consulté pour des questions de balistique et d’armement par de nombreux organismes » explique-t-il.

Un autre expert en balistique, un ancien de l’armée Suisse, va dans le même sens que Philippe Moreau. Mais voici, en avant-première pour les lecteurs de la Ména, un extrait de ce qu’affirme Moreau dans mon enquête :

Analyse balistique

1) Le décès estimé des deux individus pourrait être causé par un polycriblage entraînant des lésions au niveau du bassin, seule partie masquée à la vue de leurs corps. Mais un choc nerveux provoquant un état vagal est difficilement acceptable, compte tenu du fait que les individus soumis à des tirs étaient en condition de stress. Ce stress aurait pu entraîner une constriction des vaisseaux sanguins dans les canaux d’attritions provoqués par les projectiles, mais les probabilités sont extrêmement faibles sur des atteintes multiples.

2) L’enfant étant allongé sur le ventre après son décès présumé, par gravité et à cause du relâchement musculaire suivant la mort, le sang aurait du s’écouler des plaies et se répandre sur le sol.

3) Concernant les nuages de poussières provoqués par les impacts dans le mur, il semblerait que le faible volume du nuage de poussières soit provoqué par un tir perpendiculaire, provoquant une perforation d’une partie des parpaings. Les particules libérées à l’impact sont projetées en avant et sont capturées dans l’alvéole du parpaing. Très peu de particules sont rejetées en périphérie. Cela génère un nuage plus faible et moins visible, de forme quasi circulaire.

Sous un angle plus fermé les particules sont aussi projetées en avant de la trajectoire mais comme elles rebondissent sur le mur, elles forment un nuage plus dense qui se répand à l’opposé du mur et non en corolle autour du point d’impact.

Impact à 90° les particules
sont contenues dans le parpaing
     Impact sous un angle faible,
les particules sont projetées
à l'opposé de l'axe d'atteinte
du projectile en nuage dense

De plus, la forme des impacts laissés dans le mur porte à penser - de par leur forme bien circulaire - que les impacts ont eu lieu sous une incidence proche, elle aussi, de cet angle de 90°. Des tirs sous un angle faible, s’ils avaient perforé le mur, auraient causé des trous de forme ovale ou triangulaire. Mais seul les tirs autour du pictogramme sont à prendre en compte, les autres pouvant être antérieurs.

Estimation, selon Philippe Moreau, de la zone (zonée rouge) d’ou proviennent les tirs. Cette zone est estimée à la vue des impacts et des documents en sa possession


Les conclusions de l’analyse des documents par Philippe Moreau, expert en balistique lésionnelle :

A. Il est pratiquement impossible à la vue des documents d’attribuer les tirs à la position Israélienne. Des tirs par le dessus de l’obstacle sont exclus à cause des angles de tir. Des tirs latéraux passant à coté du cylindre de béton auraient laissé des traces visibles sur celui-ci. En effet, il est peu probable que seuls les dix projectiles aient été tirés, compte tenu de la dispersion des tirs d’une arme type M16. A cette distance des impacts auraient atteint le cylindre. Ceux-ci ont été réalisés d’une position proche de la perpendiculaire des points d’impacts. Distance inconnue. Position Pita possible.

B. Le décès présumé des individus est à mettre au conditionnel. La faiblesse des marques d’atteintes (pour ainsi dire nulles) tend plutôt à soutenir la thèse d’une simulation. L’absence d’autopsie et la non présentation des corps vont aussi dans ce sens.

Difficile à lire ? À croire ? Ces conclusions sont pourtant corroborées par celles de l’autre expert, issu de l’armée suisse ! Non, Philippe Moreau n’est pas lié au Mossad, ni à la CIA, ou à un quelconque projet de désinformation judéo-maçonnique, il va directement au but, il ne prend pas de pincettes, sauf pour disséquer les images d’un simulacre qui se voulait parfait.

Alors pourquoi ce que j’ai fait en moins de trois mois, personne ne l’a fait publiquement, avant moi, en France ? C’est si facile de trouver de bons experts en balistique lésionnelle, des experts en combats urbains, des spécialistes des images. Ce que je constate, c’est la mauvaise volonté ambiante. On a accusé des hommes de gauche d’être des gens d’extrême droite, d’être des antennes de tel ou tel service secret. Ces seules accusations ne suffisent pas et s’effondrent à la présentation des pièces présentes dans notre enquête.

Les deux autres experts sont des spécialistes de l’image, des médias et de la couverture des conflits. Voici un extrait de cette analyse.

Analyse filmique

D.A est journaliste réalisateur d’image (JRI), le terme officiel pour désigner un journaliste cadreur de télévision. Il est souvent sur les fronts de guerre et a suivi une formation spécialisée sur le reportage en zone de guerre. Pour des raisons évidentes, il a désiré témoigner dans l’anonymat « sinon je risque de perdre mon travail, mais en temps voulu, je soutiendrai officiellement mes positions » nous a-t-il assuré.

D’après D.A, une telle scène ne peut être captée que par un seul caméraman et que sous un seul angle : « sur les images on voit bien que plusieurs JRI sont là, des cadreurs d’agence, que ce soit Reuters ou d’autres, ils étaient tous aux alentours de la scène du baril. On entend quelqu’un dire en arabe que l’enfant est touché ( »est mort« , Ndlr.), plusieurs fois de suite et aucune caméra ne tourne sauf celle du cadreur de France 2 ? Il faut savoir que la compétition entre agences est rude, elle se fait sentir sur le terrain. Ne me faites pas croire que personne n’a sauté sur le » scoop « et qu’un seul cadreur a pu filmer la mort d’Al-Dura ». Pour ce professionnel aguerri il est impossible que personne n’ait filmé l’évacuation du petit Mohamed et de son père : « Il devrait au moins y avoir des cadreurs qui ont filmé sous un angle différent, à un temps T donné, par exemple, il suffit de deux secondes pour enclencher l’enregistrement à l’annonce de » l’enfant est touché ! « . Je ne comprends pas pourquoi, dans les rushes, on voit un jeune simuler être touché en se jetant d’un saut de l’ange grotesque et qu’on l’évacue immédiatement. Lui, son évacuation a été filmée ».

Enquête presque facile, images ridicules, je prends donc mon téléphone pour contacter Charles Enderlin, que je connais, je n’arriverai pas à le joindre. J’envois un email, il me répond, il est désolé, il a un manuscrit à terminer et n’a pas le temps de me répondre, « il le fera dans dix jours ». Les dix jours sont passés, aucune nouvelle de Charles Enderlin.

Jean-Paul Ney avec Charles Enderlin, en 1997, dans les studios de FR2 à Jérusalem



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