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Des preuves en voilà : Des activistes « dormants » dans un Bethléem accaparé par Noël
par Matt Spetalnick > Reuters | Breaking News from Around the Globe
Article mis en ligne le 22 décembre 2003

Surgissant des ombres de la place de la Mangeoire à Bethléem, Abou Ali jette des regards anxieux derrière lui pour s’assurer que nul ne le traque...

« Un homme recherché doit être prudent s’il veut rester en vie », explique cet « activiste palestinien » de 38 ans, qui s’assoit sur un banc au soleil devant l’Église de la nativité, tandis que ses gardes, postés en sentinelle, veillent à sa sécurité.

Lorsqu’ils s’aventurent au grand jour après avoir passé des mois dans la clandestinité, les activistes, recherchés par Israël pour avoir orchestré des attentats, ne baissent pas la garde.

Mais alors que débute le compte à rebours des traditionnelles festivités de Noël à Bethléem, des factions armées reconnaissent à demi-mot utiliser la ville natale du Christ comme refuge, l’attention de l’armée israélienne se focalisant sur d’autres villes de Cisjordanie.

Un calme précaire règne dans Bethléem depuis que l’armée israélienne s’en est retirée, l’été dernier, et en a transmis le contrôle à l’Autorité palestinienne, mettant fin à un siège imposé après un attentat suicide qui avait fait 12 morts à bord d’un autobus de Jérusalem.

Mais de source proche des services de sécurité israéliens, on souligne que Bethléem est redevenu, depuis lors, un nid d’hommes traqués par l’État hébreu. Sur place, certains militants palestiniens assurent que si une poignée d’activistes est bel et bien présente à Bethléem, elle est « en sommeil » et la ville ne leur sert pas ces temps-ci à mettre au point de nouveaux attentats.

« Nous sommes entrés en hibernation ici », résume un responsable du Djihad islamique.

Pour le gouverneur de Bethléem, Zouhaïr Manasrah, Israël trouve un faux prétexte pour continuer de fait son blocus militaire de la ville — mesure considérée comme de l’autodéfense par Israël, mais qui pour les Palestiniens équivaut à un châtiment collectif.

L’armée estime qu’il reste à l’Autorité palestinienne « à en finir avec les activités terroristes qui ont pour origine ce secteur ». Tsahal invoque à l’appui le cas, en novembre, des deux soldats tués à un barrage routier. Lorsque Israël a menacé de faire de nouveau rouler ses chars dans Bethléem, la police palestinienne a rapidement mis la main sur le tireur présumé.

Les autorités palestiniennes s’insurgent contre de telles constatations, affirmant que la police a déjoué des attentats en préparation, mais certains activistes reconnaissent que tant que leurs armes restent discrètes, ils ont peu à craindre des policiers.

« Ce sont nos frères », reconnaît Abou Ali, qui a recours à un nom de guerre pour préserver son identité, étant membre des Brigades des martyrs d’al Aksa, émanation du mouvement de Yasser Arafat, le Fatah.

Si Abou Ali se sent maintenant suffisamment en sécurité pour déambuler de nouveau dans les rues, cela n’a pas toujours été le cas par le passé. L’an dernier, il s’était retrouvé dans les ruelles de la vieille ville à faire le coup de feu contre les forces israéliennes, qui avaient lancé une offensive en Cisjordanie à la suite d’un attentat suicide responsable de la mort de 29 personnes lors d’une fête juive.

Il avait échappé au sort de ses compagnons d’armes qui s’étaient enfermés dans l’Église de la nativité, où ils avaient passé 38 jours, assiégés, avant d’être contraints à l’exil. Bon nombre d’autres activistes avaient été tués dans la fusillade.

Maintenant que les soldats israéliens ne patrouillent plus dans Bethléem, Abou Ali respire un peu mais prend toujours des précautions face aux espions. Il n’a vu qu’une seule fois son bébé, âgé de deux mois, il ne dort jamais deux nuits d’affilée au même endroit et met rarement le pied dans une mosquée.

Abou Ali, dont le visage las porte les stigmates d’éclats d’obus, reconnaît qu’au bout de trois ans d’intifada, son rêve de voir naître un État palestinien n’est toujours pas en voie de réalisation. Il craint aujourd’hui que le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, qui menace d’imposer un règlement unilatéral, ne laisse aux Palestiniens qu’une fraction des territoires qu’ils revendiquent.

Aussi Abou Ali, qui a étudié l’électricité mais n’a jamais pu exercer sa profession, s’est-il résigné à poursuivre le combat. « Je n’étais pas né pour tuer. Mais je ne vois pas d’autre alternative. »



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