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Jours tranquilles à Genève
Albert Capino
Article mis en ligne le 7 décembre 2003
dernière modification le 12 avril 2004

La bonne ville de Genève se remet à peine des débordements des manifestations altermondialistes, qui ont mis à sac le centre ville début juin, qu’elle doit se préparer à des lendemains sombres.

En effet, si la cité de Calvin, qui a accueilli la grande kermesse de la paix ces jours derniers pour « L’initiative de Genève », s’attendait à quelques protestations venant du camp israélien, d’autres événements l’ont désarçonnée et lui causent du souci.

Il est une logique à laquelle un esprit cartésien n’avait pas encore été confronté jusqu’à présent : celle du radicalisme et de l’islamisme. « L’accord de Genève est une trahison, un lâchage, un crime... »

Des milliers de manifestants ont défilé à Naplouse, mettant le feu à un cercueil représentant symboliquement le plan de paix, en le qualifiant de « Complot », de « Grand crime ».

La Suisse a de quoi s’inquiéter. Car, outre les habituels autodafés des bannières américaines et israéliennes, les cagoulés de Naplouse ont, pour la première fois, mis également le feu à l’emblème de la neutralité : le drapeau suisse.

On peut légitimement être opposé à l’initiative de Genève pour un ensemble de raisons parfaitement recevables, mais ce geste interpelle à un double titre. Il montre d’une part que, quel que soit l’attachement d’une nation ou d’un groupe à trouver une solution pacifique, la paix n’est pas une option pour les radicaux et les islamistes. D’autre part, qu’aller au devant de groupes qui prônent l’instauration de valeurs à l’opposé de la démocratie - au nom de cette même démocratie - est un lent suicide de notre société.

De ronds de jambe en compromissions, de tribunes faites à des prédicateurs policés à l’éloge des droits de l’homme en Tunisie, de sondages calamiteux au passage sous silence de rapports sur l’antisémitisme, l’Europe s’est engagée dans un processus où elle est en train de perdre son âme.

Le racisme anti-arabe n’est pas plus acceptable que l’antisémitisme, ou que n’importe quelle forme de racisme, de discrimination, ou d’injustice. Pour autant, l’abandon de la clairvoyance n’a jamais apporté plus de justice ou d’équité.

La manipulation médiatico-politique qui consiste à brandir systématiquement une prétendue symétrie est purement artificielle et n’a pour but que de paralyser les opposants à la montée d’un courant qui avance inéluctablement en Europe : l’Islamisme.

Les conséquences sont graves et les effets multiples.

Dans un premier temps, nos « élites » ont cru pouvoir « contrôler » le phénomène. Ce n’est pas au Quai d’Orsay à qui on va apprendre à dominer ces petits problèmes : quelques paroles lénifiantes par ci, quelques discours engagés par là, et le tour est joué. La présence de la France aux côtés de toutes les oligarchies arabes ne représente-t-elle pas la meilleure des garanties ?

Mais quelle est cette ride qui barre le front du locataire du Quai, habituellement si serein sous son bronzage permanent ? Des « groupuscules » auraient-ils soudain décidé de s’attaquer à ceux qui soutiennent l’application des « plans de paix » et autres « feuilles de route » ? Peut-être serait-il plus prudent de remonter d’un cran le niveau d’alerte de vigie-pirate...

On mesure à présent la distance infranchissable qui existe entre la tournure d’esprit d’un de Villepin ou d’Alexis Keller, initiateur du projet de Genève qui se voit déjà avec le prix Nobel de la Paix, et celle des membres du Hamas, pour qui la paix n’a pas lieu d’être. Point.

La stratégie islamiste est multiple : occupation du terrain, division, discrimination positive dans les nations d’accueil, utilisation d’une rhétorique simpliste et culpabilisante, avec toujours les mêmes mots : humiliation, occupation, apartheid, discrimination, oppression, colonisation, racisme, agression, crime.

Deux faces d’une même tactique : user de la démocratie pour la détruire et remplacer ses valeurs par la Charia.

Elle exploite toutes les failles de la loi : on a vu récemment des islamistes turcs soupçonnés d’avoir activement participé aux attentats d’Istanbul demander l’asile politique en Suisse !

Elle fait alterner le charme et la menace : les yeux de biche d’un Tariq Ramadan avec les préceptes musclés de l’UOIF.

Une jeune fille voilée déclarait : « Ce n’est pas à moi de respecter la République. C’est à la République de me respecter ».

En appliquant exactement les mêmes termes en France, on arrive au résultat suivant : si on n’accepte pas le voile, on humilie, on pratique une discrimination. Légiférer instaurerait un véritable apartheid. Et si nous nous avisions de réprimer, cela deviendrait alors une agression, un crime raciste. « Les territoires perdus de la République » comme les décrivait courageusement Barbara Lefebvre, refusent de se faire « coloniser », mettent le feu aux commissariats et menacent dores et déjà par des graffitis vengeurs sur nos murs les « Céfrans », terme utilisé pour désigner les Français devenus pour eux des oppresseurs.

Et, pendant ce temps, Le Pen rigole. Il se marre en regardant son baromètre passer au beau fixe comme par enchantement. Il n’a pas besoin de dire quoi que ce soit, Jean-Marie : les autres s’en chargent pour lui. De bourde en c…rie, les fanfaronnades de l’équipe au pouvoir font son lit. Une militante du Front National pérorait : « Qui peut sauver la France sinon Le Pen ? »

À gauche, ça ne vaut guère mieux et les socialistes en déconfiture font les yeux doux à l’union récente d’un postier et d’une timbrée qui sont en train de ravir à eux deux plus de 20% des intentions de votes progressistes.

Alors ? L’extrême droite rempart de nos valeurs ? L’extrême gauche au secours de l’Europe ?

Deux doctrines ont utilisé des moyens identiques en affichant les mêmes intentions : le nazisme et le communisme. Avec les résultats que l’on sait : une guerre mondiale et des dizaines de millions de morts pour l’une, 70 ans de domination sur toute l’Europe orientale et de privation de libertés pour l’autre.

Et que fait le Conseil de l’Europe ? Des déclarations officielles affirmant que nous ne sommes pas islamophobes... Notre Président en rajoutera peut-être une couche en insistant sur le « rôle social » du Hamas ?

Bilan : l’islamisme radical progresse. Si on ne fait rien, il avance. Et pour qu’on ne fasse rien - justement - le point de vue des islamistes consiste à dire qu’en s’y opposant, on fait de la discrimination. Pendant ce temps, l’Iran accélère sa production d’uranium enrichi avec la bénédiction de l’Europe, qui conspue les États-Unis pour leur attitude belliciste...

Le meilleur rempart de la démocratie n’a-t-il pas toujours été la lucidité ?

Et si on arrêtait de nous prendre pour des imbéciles ? Et si les médias cessaient de servir la soupe aux extrémistes ? Et si l’Europe prenait enfin la mesure des enjeux et ses responsabilités ?

Bah, il n’y a pas le feu au lac... pas encore. Pour l’heure le Hamas se contente de brûler le drapeau suisse.



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