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Houdna dans la douleur et dans l’erreur
Par Sami el-Soudi © Metula News Agency
Article mis en ligne le 21 novembre 2003

Semaine d’intenses négociations à différents endroits des territoires de l’Autorité Palestinienne. Sous la houlette des Egyptiens, plus précisément des services secrets cairotes, d’intenses tractations ont eu lieu à la Moukata de Ramallah, ainsi qu’auprès des chefs des organisations terroristes dans la ville de Gaza.

En fin de compte, les Egyptiens ont obtenu que toutes les composantes politiques et armées palestiniennes se retrouveront sur les bords du Nil dans quelques jours. Le Président Hosni Moubarak entendant recevoir, à cette occasion, un engagement officiel de tous ces partis à respecter une nouvelle Houdna. Absolue, cette fois, et non plus en vase clos inter palestinien, comme la dernière fois mais sur l’échafaudage d’une entente tacite avec l’adversaire israélien.

L’initiative égyptienne a été rendue possible sur la base d’une promesse de l’Administration Bush, selon laquelle, si un cessez-le-feu absolu était respecté par l’ensemble des composantes palestiniennes armées, les Américains n’exigeront plus le désarmement immédiat du Hamas, du Jihad, des Tanzim et du FPLP. Selon les responsables égyptiens avec lesquels je me suis entretenu, Washington, préoccupée par la situation en Irak, se serait engagée à faire avaler la couleuvre au gouvernement Sharon.

Voici pour la carotte présentée à Arafat et au cheikh Yacine, quant au bâton, le Caire a menacé les Palestiniens de faire cesser le trafic d’armes par les tunnels de Rafiah ?, si ses interlocuteurs n’obtempéraient pas à ses demandes. Pour le surplus, les Egyptiens ont fait clairement comprendre à leurs hôtes, que s’ils venaient à rompre unilatéralement la trêve envisagée, ils se désintéresseraient de leur cause.

A Jérusalem, sous la pression du vote du Conseil de Sécurité, adopté sur la base d’une proposition russe, par laquelle l’ONU prend à son compte les dispositions de la Carte Routière, le cabinet israélien semble effectivement disposé à « donner sa chance » à une Houdna version 2. Le vice premier ministre Ehud Olmert a bien fait savoir que la décision du Conseil n’engageait pas son pays, et Ariel Sharon a précisé qu’Israël ne considérait la Road Map que sous l’arbitrage U.S et avec le complément en 14 points qu’il lui avait ajouté. Il apparaît toutefois que la situation est difficile pour l’équipe gouvernementale en place. En plus du vote du Conseil de Sécurité - dont les décisions sont applicables, à la différence des motions adoptées dans le cadre de l’assemblée générale de l’ONU - le cabinet Sharon fait face à diverses autres charges. Ainsi en va-t-il de la diffusion, en Israël et dans les territoires de l’AP, du texte entier des accords de Genève, qui créent une agitation politique dans l’Etat hébreu. Plus inquiétant pour Sharon, est le scandale du faux communiqué du général Halutz (commandant de l’armée de l’air) et du ministre de la défense Mofaz, à l’issue des opérations que leur armée a menées dans le camp de réfugiés de Nusseirat, dans la bande de Gaza.

Une fois n’est pas coutume, ce sont les communiqués émis par les divers organes de l’AP qui disaient la vérité, lorsqu’ils faisaient état d’un nombre important de victimes innocentes lors de l’attaque. L’armée israélienne avait diffusé un film à cette occasion, qui voulait montrer que seuls les terroristes avaient été atteints. Dans leur commentaire, ils prétendaient que les cibles - les véhicules des terroristes - avaient été touchés par des missiles Hell Fire, tirés depuis des hélicoptères Apache. Comme leur nom, qui signifie feu de l’enfer, ne l’indique pas, ces projectiles ne causent en général que des dégâts localisés autour de leur cible. A l’initiative du député de gauche Yossi Sarid, les chefs de l’armée ont du admettre qu’ils avaient utilisé un missile secret, beaucoup moins inoffensif en termes collatéraux, qui n’avait pas été largué depuis les Apache et dont l’emploi rend plus que plausibles les communiqués de l’AP en cette occurrence.

Pour couronner le désarroi qui règne dans la ville trois fois sainte - les Israéliens n’ayant pas, à notre instar, l’habitude que leurs généraux leur mentent - quatre des ex-chefs des services de sécurité généraux de l’Etat hébreu ont mis publiquement leur gouvernement en garde contre les aspects qu’ils jugent suicidaires de sa politique palestinienne. Selon le communiqué de ces personnes - que la droite ne peut pas raisonnablement cataloguer au titre de gauchistes anti-sionistes - les brimades discontinues contre notre population civile, le maintien de colonies inviables, ainsi que l’absence d’initiative sérieuse en direction d’une solution négociée, fait courir à Israël un risque existentiel. Le chef d’état-major de Tsahal, Moshé Ayalon, n’est pas loin de partager l’opinion des anciennes légumes du Mossad et n’hésite pas à affronter le président du Conseil Ariel Sharon, frontalement, sur le thème de sa politique sécuritaire.

Ces événements concordants, qui devraient préoccuper nos voisins, ont eu pour conséquence l’annonce faite ce matin, selon laquelle Sharon allait incessamment faire connaître un plan de paix original de son cru, complémentaire de la Road Map. Inutile d’écrire que tout le monde attend de pouvoir consulter ce plan de paix Sharon avec une curiosité non feinte.

Chez nous, c’est toujours la corruption qui fait des ravages, avec, cette semaine, les révélations faites par notre ministre desfinances Salam Fayad à l’émission 60 minutes de la BBC. Selon la chaîne britannique, les sommes publiques détournées par Yasser Arafat à son profit personnel s’élèvent au chiffre astronomique de 3.1 milliards de Dollars. Plus étonnante encore, l’information selon laquelle notre chairman a investi la somme de 8 millions de Dollars dans le fonds d’investissements israélien Evergreen 3.

Dans cet environnement, on n’a pas été surpris d’apprendre, que l’épouse du raïs, séparée de son mari et vivant à Paris, percevait une rente mensuelle de 100’000 Dollars, ponctionnés sur les deniers publics. D’autres aveux, encore plus détonants de Fayad font actuellement l’objet d’une enquête serrée des rédacteurs de la Ména, des deux côtés de la ligne verte ainsi que dans une grande capitale européenne.

Moi, de conclure mon billet hebdomadaire sur la catastrophe que représenterait la poursuite des provisions de la Carte Routière, sur une entente de circonstances entre leaders en difficulté à Washington, Ramallah et Jérusalem, sans passer par le désarmement de nos organisations terroristes. Avec la construction du mur de Sharon, et le mal immense que je pense de son tracé, les Israéliens seront bientôt à l’abri de ces hystériques. Ca n’est, dès lors, pas seulement que la population palestinienne devra vivre dans un enclos, c’est en plus, que pour pimenter notre malheur, on aura à y côtoyer des hyènes appliquant une justice expéditive d’obédience céleste, en plus d’un dirigeant assez vénal, pour investir dans l’économie d’un pays, qu’il prétend vouloir anéantir.

Inutile de préciser, que même si une trêve était constituée, l’avenir de la paix et du destin de nos deux peuples serait soumis aux sautes d’humeurs de ces énergumènes. Et pour qui comprend la signification du terme Houdna, et pour qui a entendu le menu des compromissions que les Egyptiens ont proposées au Hamas, il ne fait nul doute que dans la proximité de ces fêlés, la paix, la dignité pour tous les habitants de la région et la création d’un Etat palestinien n’ont strictement aucune chance de voir le jour.

Note : ? Tsahal a découvert et fait sauter, cette semaine, un tunnel de contrebande d’armes, à une profondeur extraordinaire de 15 mètres, dans la zone de Rafiah (ndlr).



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