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Des mesures qui n’arrêteront jamais la peste
Par Jean Tsadik © Metula News Agency
Article mis en ligne le 21 novembre 2003

Condamnation, vigilance, solidarité, voici comment Le Monde a résumé les dispositions « salutaires » prises par le président Jacques Chirac afin de combattre les violences antijuives qui balayent la France.

Comme le pressentait notre rédacteur en chef, dans son intervention de lundi, le premier Français s’est borné à prendre des mesures policières et juridiques qui n’entraveront pas la progression de la peste. Sans tourner autour du pot, Chirac a refusé de prendre la seule mesure qui aurait pu juguler le fléau raciste endémique qui, 60 ans après la promulgation des lois d’exception antisémites de Vichy, grignote à nouveau l’âme de la société française.

Comme Juffa l’a démontré, la mesure en question aurait consisté à rééquilibrer l’information diffusée par les médias sous contrôle étatique. Et ça n’est pas d’une faveur dont il parlait, d’un acte artificiel d’apaisement, visant à cesser de pousser le peuple à brûler les synagogues. Bien au-delà de l’esbroufe démagogue chiraquienne, il s’agissait, dans l’esprit du chef de fil des analystes de Métula, d’indiquer que le message propagé par ses canaux d’information est inique et incendiaire et qu’il est La cause de l’insécurité qui menace désormais les personnes, les biens et les institutions de la communauté israélite de l’Hexagone.

Ca n’est pas en plaçant un policier derrière chaque Juif et en observant, en « comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme », les dégâts causés par sa propre politique et par sa politique médiatique, que Jacques Chirac ramènera la paix intercommunautaire. Ca n’est pas non plus, en renforçant les sanctions judiciaires contre les pyromanes, qu’il éteindra le brasier, ni en guettant les manifestations d’antijuivisme dans les écoles.

Que peuvent ces mesures répressives, alors même qu’on voulait introduire des textes anti-israéliens dans les manuels scolaires de l’école publique et laïque ? Combien de temps encore - et surtout jusqu’à quelle grande catastrophe - faudra-t-il au pensionnaire de l’hôtel de l’Elysée pour saisir que les Israéliens sont juifs ? Que, si on se permet de faire des Juifs une caricature monstrueuse dans les livres d’étude, la populace courroucée par ces impostures biberonnées, honnira les Juifs de France, en dépit de toute la panoplie répressive envisageable. Si tant est que tout le monde sait que les Israéliens et les Juifs de France sont issus des mêmes traditions et partagent les mêmes valeurs humaines, il est totalement illusoire d’espérer que les masses désinformées n’expriment pas leur ire justicière contre les frères des monstres de Jérusalem.

Entre la cruche et l’eau Chirac a mis des années lumière. Il parle très librement d’atteinte aux droits fondamentaux de la communauté juive et de la nécessité républicaine du respect du droit de ses convictions. Mais, dans le même temps, c’est lui qui foule aux pieds ces dogmes essentiels, quand, selon TV5, la chaîne de télévision dépendant directement des Affaires Etrangères qu’il supervise, ce sont toujours - et malgré les corrections et les excuses présentées par l’auteur du reportage dolosif incriminé, la RTBF - les soldats juifs qui ont pillé et saccagé la basilique de la nativité à Bethlehem.

Quand sur Arte, autre chaîne étatique, on excite les futurs pyromanes, en trahissant les traductions, pour affirmer que les Juifs d’Israël se préparent à génocider un village arabe ?

A ce sujet, et en prenant un minimum de recul, on peut essayer d’imaginer ce que serait le sentiment des Israélites de France, et leur colère légitime, si une télévision du service publique annonçait que des Arabes s’apprêtaient à pulvériser un village juif, comme Métula, par exemple. Je sais en tous cas la façon dont je rebondirais moi-même et ces pulsions, je vous l’assure, ne vont pas vers la solidification de la paix civile. Comprenant fort bien ce que peuvent ressentir les Français originaires des pays musulmans devant ces détournements quotidiens de la vérité des faits, et les autres Français non juifs, je répète que je leur trouve encore, dans leur globalité, une patience exemplaire. Preuve que, heureusement pour le pyromane-pompier Chirac, les Français de toutes origines font montre d’une sagesse infiniment supérieure à la sienne.

Radio France Internationale, qui a reçu le droit de diffuser sur tout le territoire libanais et que l’on écoute très bien à Métula, sur 106.2, propage un poison quasiment aligné sur la radio du Hezbollah. Il suffit d’ailleurs de connaître un tant soit peu la situation médiatique qui prévaut au pays des cèdres, pour comprendre que s’il en allait autrement, il serait impensable que les intégristes et les supplétifs de la dictature syrienne, en place à Beyrouth, eussent permis à RFI de planter ses émetteurs au Liban. Or, RFI mène à proprement parler une guerre hertzienne contre l’Etat d’Israël. Pas plus tard qu’hier, j’ai surpris son correspondant dans la capitale libanaise à prétendre que notre ministre de la défense préparait un assaut contre le Liban. C’est plus qu’inepte, c’est stratégiquement débile et ce discours mobilisateur ne se retrouve que sur les ondes islamistes ; puis, parlant de « la résistance libanaise », du Hezbollah, il a dit : « organisation que les Israéliens insistent à présenter comme un mouvement terroriste (…) ». Ce reporter français, d’une radio d’Etat française, a feint d’ignorer, dans une élucubration qui se voulait stigmatisante, que l’Union Européenne AUSSI considère le Hezbollah comme une milice terroriste et que de Villepin lui-même, à Côme, a entériné cette définition.

Que dire de Fr2, qui obstrue grossièrement la confrontation des preuves au sujet de l’affaire Al-Dura ? Quelle réaction peut-on attendre d’un public, auquel l’on explique, images montées à l’appui, que des soldats issus de ce peuple, massacrent des enfants arabes sans raison ?

En interdisant l’accès aux 27 minutes de rushes de l’assassinat que le caméraman de la chaîne française, Talal Abou Rahma, prétend avoir filmés, la télévision du service public fait plus que diaboliser mon peuple ; après avoir commis le plus ignoble acte d’incitation à la haine ethnique depuis le bordereau d’Esterhazy, elle dénie à ses téléspectateurs le droit à l’information et elle contrevient, de manière spectaculaire, à sa propre charte éthique.

Et l’AFP… pour laquelle un islamiste qui commet un assassinat collectif à Marrakech est un terroriste, alors que s’il est l’auteur d’un acte similaire à Tel Aviv, lorsque ce sont des Juifs qu’il assassine, il devient un activiste ?

Il semble que, devant l’imminence du désastre, les représentants de la communauté juive de France ont réagi un peu moins consensuellement que d’habitude aux abracadabrantismes populistes du chef de leur Etat. Roger Cukierman, le président du CRIF, a parlé du bout des lèvres de l’existence d’un « système anti-feuj ». Il aurait bien sûr fallu qu’il parle d’une « propagande anti-juive » et qu’il dénonce, faits à l’appui, la responsabilité écrasante de monsieur Chirac dans ce système. Le président du Consistoire de France, Jean Kahn, a considéré ces actes comme étant « la conséquence de la diabolisation d’Israël ». Pour remplir leur mandat de manière adéquate, lorsqu’ils ont été reçus à l’Elysée à la suite d’un autodafé, ils auraient du avoir la franchise de parler un ton au-dessus, l’heure n’étant plus aux politesses ni à jouer les Juifs du pape. L’heure est à mettre le pyromane-pompier devant ses responsabilités, et de lui dire combien parler de « condamnation, vigilance, solidarité » devant les écoles qui se consument, tout en poursuivant une propagande médiatique effrénée contre les Juifs d’Israël, n’est guère plus qu’un coup d’esbroufe rustique.


Apostille

A la Ména, nos lecteurs assidus l’auront compris, la culture de la diversité est bien plus qu’une disposition statutaire, c’est presque un art de vivre. Ceux qui cherchent entre nos phrases une ligne éditoriale rigide y seront pour leurs frais ; on ne va quand même pas imiter ceux que nous critiquons, en bâillonnant ceux à qui il plaît de ramer à contresens.

Ceci posé et pour la compréhension du lecteur, il faut préciser que les idées d’un auteur n’engagent pas, intellectuellement disant, la responsabilité de l’agence. Ainsi, je veux qu’il soit clair au-delà du moindre doute, que l’article de mon camarade Salomon Pardess d’hier, La poursuite infernale, ne reflète en aucun cas le point de vue des rédacteurs palestiniens de la Ména, ni celui de Raphaël Lellouche.

Pour notre part, nous n’avons vu nulle part que le président Chirac a soudain compris, que s’agissant de l’antisémitisme, il a joué avec le feu. Nous n’observons pas non plus, que le Parti socialiste français, dans son ensemble, tente d’ouvrir les yeux.

L’affirmation selon laquelle : Le Quai d’Orsay a commencé à rééquilibrer sa politique vis-à-vis d’Israël, me semble rien de plus qu’un vœu pieux. Et les quotidiens nationaux français, comme Le Monde, qui s’affolent, après avoir laissé libre cours aux dépassement des bornes de la folie antisioniste m’apparaissent, malheureusement, comme une vue de l’esprit de Pardess, dénuée de tout symptôme. La folie antisioniste n’a pas regagné l’asile.

Je veux aussi que vous sachiez, que les rédacteurs israéliens de la Ména ont été véritablement choqués par le passage suivant de cet article : "(…) le peuple israélien ne saurait se défausser de ses responsabilités. C’est bien de se montrer coupé en deux, une partie voulant d’abord la sécurité, ensuite la paix, l’autre d’abord la paix, ensuite la sécurité. Cela donne le sentiment que le peuple israélien est démocratique et couvre tout le champ de la question de son existence, mais le prix à payer est que plus personne ne comprend que ce veut vraiment l’Etat d’Israël, c’est la sécurité et la paix, la paix et la sécurité en même temps. D’autant que, pour l’heure, il n’y a ni l’une ni l’autre.

N’est-il donc pas temps, pour le peuple israélien, de dissiper ce halo ? Qui mieux que lui est en position de le faire ? N’est-ce pas d’ailleurs son devoir, non seulement vis-à-vis des Israéliens (toutes origines confondues), mais des Juifs du monde entier et de tous les citoyens du monde ? "

Je voudrais que mon camarade et nos lecteurs sachent que le peuple israélien n’a pas pour vocation de solutionner les questionnements du monde et de moduler l’impression de lui qu’il donne à d’autres. Notre peuple ne se montre pas coupé en deux, il est divisé sur le degré de crédibilité qu’il peut encore accorder à ses voisins. De plus, et comme tous les peuples du monde, il me semble normal que nous aspirions à la paix et à la sécurité simultanément, et la tentative de nous imposer un choix, une préférence, entre ces deux valeurs me paraît pour le moins saugrenue.

Pardess confond le rôle d’un peuple avec celui de ses dirigeants. Ici comme ailleurs, les citoyens donnent un mandat aux politiciens, qui choisissent une politique à leur place. Je rappelle à nouveau à mon camarade, qu’en 2000, nous avons élu, lors d’un raz-de-marée électoral, Ehud Barak, qui a pris des risques colossaux pour parvenir à la paix avec Yasser Arafat, lui offrant notamment, à Camp David, une proposition de solution en tous points comparable aux « accord de Genève ». Qu’Arafat l’ayant refusée, au profit d’une stratégie impliquant les assassinats collectifs de nos civils, il me semble compréhensible, sinon salutaire, que notre peuple soit maintenant plus réservé quant à la possibilité de proposer les mêmes sacrifices à ceux qui sont devenus nos ennemis.

Je crois, finalement, puisque nous sommes les seuls à nous défendre, et encore, suscitant l’incompréhension hostile de la plupart des nations, que notre seul devoir consiste à faire les choix qui assurent notre survie physique et politique, sans nous soucier, plus qu’il ne faut, du qu’en dira-t-on pseudo historique. Parce qu’aussi, Salomon, tant que nous prenons les bonnes décisions et que nous risquons la vie de NOS enfants pour elles, les Juifs de France et d’ailleurs disposeront du recours de venir nous rejoindre. Recours qui aurait sauvé la mise de 6 millions de personnes, si nous avions existé nationalement plus tôt.



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