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Antisémitisme des médias publics et du pouvoir qui les dirige
Par Stéphane Juffa © Metula News Agency
Article mis en ligne le 17 novembre 2003

Je suis incapable de confirmer les mauvais augures qui font état d’une dérive capable de ramener l’antisémitisme européen à des mesures de répressions étatiques physiques contre les Israélites

Pour ne rien vous cacher du fond de ma pensée, il me semble quand même que l’évolution politique de l’Europe, la dissipation des tensions historiques franco-allemande, anglo-française et anglo-allemande, et surtout la création de l’Union Européenne rendent hautement improbable l’ouverture de nouvelles chasses aux Juifs comme on en a connu à l’époque maudite du troisième Reich.

Ceci dit, les événements tragiques que subissent les communautés juives démontrent que la dérive existe et que, comme l’a justement décrit Guy Milière, l’Europe s’est à nouveau accoutumée à la stigmatisation injurieuse et diffamatoire des Juifs.

La normalisation et la vulgarisation globales des termes haineux redondants des années trente, si elles ne vont pas mener à la réouverture du camp de Drancy, autorisent les actes de violence antisémite, comme l’assassinat collectif subi par les fidèles des synagogues d’Istanbul et l’autodafé de l’école dans la banlieue parisienne.

Si notre génération n’a pas connu l’offense suprême qu’a constitué la liquidation physique de nos frères par les nazis, du le seul fait de leur appartenance sub-raciale, elle n’est pas épargnée par le sentiment de haine collective qu’ont connu nos grands-parents. Que l’on soit Israéliens ou Juifs de la Diaspora, en effet, on expérimente quotidiennement la frustration quasi insupportable d’être détesté pour ce qu’on est.

Le terme « israélien » a pratiquement disparu du vocabulaire courant, pour être remplacé par l’appellation « sioniste ». Et sioniste est devenu, par le biais de la propagation de contrevérités médiatiques manifestes, une insulte, que l’on compare désormais fréquemment à « nazi ».

A nouveau, cet habillage des manifestations antijuives a été banalisé.

A nouveau, l’ambiance collective demande ouvertement aux Juifs de se désolidariser d’Israël, feignant d’ignorer, qu’au-delà des nuances que l’antisémite, dans sa grossièreté, ne peut pas saisir, que ce qu’elle exige des Juifs, c’est qu’ils proclament publiquement la haine d’eux-mêmes.

Ladite nuance n’est plus employée que par ceux qui entendent nier la montée de la nouvelle peste noire, voire la propager.

Il aurait du suffire, pour que les Européens se rétractent et comprennent leur erreur, d’observer que des leaders musulmans, comme Saddam Hussein, Béchar el-Assad et, plus récemment Mahatir Mohamad, agrégent les deux termes - juif et israélien - dans l’élan du même élan haineux.

L’Etat d’Israël est l’expression nationale légitime de la nation d’Israël et ceux qui ont fait exploser les bombes de Constantinople et ceux qui brûlent les temples à Paris l’ont très bien compris.

Je ne dis nullement que tous les Juifs ont l’obligation de s’identifier à notre expression nationale et encore moins de venir partager son destin.

Ce que j’affirme, par contre, c’est qu’après que la moitié de notre peuple ait décidé de vivre ce destin, ils devraient respecter leur choix et s’abstenir de joindre leurs voix à celle de nos ennemis, qui œuvrent au grand jour pour nous faire physiquement disparaître.

Ces Juifs-là sont, à proprement parler, et pour cette raison, des traîtres à leur communauté et à leur histoire. Ils commettent un suicide identitaire.

Pour la raison qu’il ne peut exister de véritable distinction ontologique entre le destin des Juifs et celui de leur expression nationale, les Israélites européens et notamment français, vivent actuellement un authentique calvaire identitaire.

La ségrégation dont ils sont les victimes quotidiennes, sur leur lieu de travail et dans leur vie sociale, rappelle la critique imparable qu’ont subie leurs grands-pères sous Hitler et Pétain ainsi que leurs aïeux durant les siècles qu’a duré l’inquisition : ils sont coupables d’être Juifs.

Qu’ils acceptent de participer publiquement à la démonisation du Premier ministre Sharon, en l’affublant de tous les quolibets et, comme au temps des conversos, on les soupçonnera de continuer, dans le secret de leurs cœurs et de leurs foyers, à aimer Israël.

Il est d’ailleurs exact, que devant l’agression imbécile dont ils sont les victimes, beaucoup ont recommencé à vivre selon le principe « des deux vérités ». C’est qu’ils en ont presque une habitude atavique ; au-dehors, soit ils disent ce qu’on veut entendre d’eux, soit ils se taisent ; l’expression de leur sensibilité véritable ils la réservent à l’intimité de leurs familles et au cercle de leurs coreligionnaires.

Autre élément redondant des brimades anciennes, l’inanité absolue des crimes fabuleux qu’on leur reproche et la similitude des thèmes. Icelle passe par le sang et par le sexe des enfants des adversaires des Juifs, suivant en cela l’orthodoxie de la tradition antisémite européenne.

Pour un candidat vert aux présidentielles françaises, les soldats juifs sodomisent les jeunes palestiniens.

Pour Sara Daniel, ils procèdent par le crime sexuel contre les adolescentes arabes et pour la chaîne publique FR2, propageant la plus grande imposture de l’audiovisuel depuis sa création, ils visent Mohamed A Dura durant 45 minutes avec l’intention réalisée de le tuer (Talal Abou Rahma, caméraman de France 2).

Et puis, argument de chez Argument, à l’instar des six millions de malheureux qui sont morts dans les chambres à gaz nazies, on les accuse à nouveau de contrôler le monde par procuration et d’envoyer les autres lutter et se faire tuer à leur place. Ils complotent. Ils grignotent le pouvoir. Ils possèdent la presse et ils disposent de tout l’argent de la planète.

Il faudrait rire de pareilles âneries mais comment se marrer, lorsque, sur un autre organe médiatique étatique français, RFI, Annie Bourrier explique aux auditeurs que la critique faite aux Juifs par Mahatir Mohamed, de contrôler le monde et d’envoyer les autres se faire tuer à leur place, s’adressait en fait à l’administration du Président Bush. A l’en croire, il semblait évident que les fomenteurs juifs des guerres, adeptes du Grand Israël (Juifs, sionistes, toute nuance à bel et bien disparu), ceux qui envoient les GIs’ faire la guerre des Juifs à leur place, ce sont Paul Wolfowitz et Richard Perle. Selon Bourrier toujours, George Bush aurait compris le sens de cette critique, en critiquant à son tour le premier ministre malais.

Comme on devrait s’en rendre compte, l’empoisonnement des esprits est tel, qu’à la place de fustiger la résurgence de la comptine vichyste du Juif fomentateur des guerres, RFI l’adopte, en désignant deux Israélites travaillant parmi les dizaines de conseillers du président américain comme l’illustration de cet argument nazi.

Et puisque toutes les accusations contre les Juifs sont désormais légitimes, la presse officielle s’en donne à cœur joie.

Sur Arte, par exemple, on incite carrément à la haine anti-israélienne, en bidouillant la traduction de reportages. Durant sa soirée de gala de la désinformation primaire sur la situation proche orientale de la semaine dernière, sur fond de reportages tronqués, on a pu entendre un commentaire terrible, en guise de traduction française. Un commentaire qui n’hésitait pas à dénaturer les déclarations d’un témoin participant à un documentaire, pour faire croire que les Israéliens préparaient un génocide de Palestiniens :

Cela se passe au Kibbutz Metzer. Un des membres de cette collectivité dit en hébreu : « Dès demain ce ne sera plus (il parle et il montre des oliviers) à Kaffin (village palestinien) ». Le commentateur d’Arte traduit par : « Demain Kaffin n’existera plus ! »

Génocide, maltraitances, nous y voilà, transferts de populations, sadisme, massacres, les qualifications les plus excessives des nouveaux crimes des Juifs tiennent décidément le haut du pavé dans le paysage audiovisuel français. Avec - et seulement pour la guerre des Juifs - sur la plupart des dépêches de l’AFP le score des victimes, censé représenter l’évidence de notre barbarie.

Et aucun personnage officiel de l’establishment français pour s’élever contre ces outrances sémantiques, contre cet usage de l’AFP, d’habitude réservé aux compétitions sportives.

Aucun ministre, d’expliquer que les 3000 morts palestiniens, en trois ans de conflit ouvert visant à l’éradication de l’Etat d’Israël et de sa population et à son remplacement par un seul Etat arabe, de la rivière jusqu’à la mer, dont plus des trois quarts étaient des miliciens, lorsque ça n’était pas plus prosaïquement des assassins-kamikazes, constituent au contraire l’évidence de l’incommensurable humanité du peuple juif.

La France, pourtant, devrait comprendre cette subtilité de l’arithmétique guerrière, elle qui, sans être le moins du monde menacée dans son existence, a massacré trois fois plus d’Algériens, à Sétif, en une seule journée de bombardements. 700’000 Arabes, au bas mot, lors de sa campagne d’Algérie. 200’000 Vietnamiens et 50’000 Malgaches, et cette liste est loin d’être exhaustive.

Aujourd’hui, le président Chirac a réuni le gouvernement français afin de prendre des mesures contre l’antisémitisme.

Je n’en vois qu’une d’utile. Elle consiste à effacer la cause unique des violences antisémites et de la haine que ressentent moult ressortissants tricolores vis-à-vis de leurs compatriotes israélites et des citoyens de l’Etat d’Israël. Elle viendrait réparer, avec le temps et si on y mettait l’énergie nécessaire, la manipulation monumentale dont Jacques Chirac et l’oligarchie qui dirigent la Gaulle sont directement et personnellement responsables :

Il faut immédiatement rétablir l’équilibre de l’information dans les dépêches de l’agence française de presse et sur tous les médias agissant sous le contrôle de l’Etat. Il faut avouer honnêtement les fautes d’inspiration raciste, qui ont fomenté, une nouvelle fois, la haine du Juif en France.

Cette mesure n’est pas, à proprement parler, une option mais une obligation politique. Si elle n’était pas prise, immédiatement prise, toutes les décisions de renforcer la défense policière des Israélites et de leurs biens n’y feront strictement rien.

L’épidémie de peste nauséabonde s’étendra de plus belle et les actions violentes suivront la cadence des menteries de l’AFP, des journaux télévisés de Bilalian, des énormités d’Arté et de TV5, les bulletins de France Info et les Actualité en ligne de RFI, quand ce n’est pas, plus en amont, les incongruités sémiologiques frelatées du porte-parole de Villepin.

Si cette mesure n’était pas prise, et que l’on ne s’y trompe surtout pas, s’il s’agissait d’un nouveau coup d’esbroufe en direction de l’Amérique, Jacques Chirac dévoilerait qu’il entend continuer de faire sa guerre aux Juifs français, tout en faisant, comble de cynisme, semblant de les protéger.



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