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Le vieux raïs retrouve sa place comme seul chef légitime de l’Autorité palestinienne
Yasser Arafat conforté par le gouvernement Qoreï
Pierre Prier - Le Figaro
Article mis en ligne le 13 novembre 2003

La scène a un air de déjà vu : dans la salle de réunion de la Moukatta à Ramallah, Yasser Arafat propose au Parlement palestinien un premier ministre et un gouvernement.

La liste des 26 excellences conduites par Ahmed Qoreï, l’ex-président de la Chambre choisi par Arafat, a l’air d’avoir été sortie d’un vieux tiroir. « Tous ceux qui ont échoué dans le passé sont de retour. C’est un jeu de chaises musicales », grince la députée contestataire Hanan Achraoui.

Une exception : la nomination comme ministre sans portefeuille de Kadoura Farès, représentant de la « jeune garde » du Fatah et signataire de l’« initiative de Genève », le projet de paix non officiel, qui fait ainsi son entrée au gouvernement.

Mais les élus palestiniens sont bien conscients de refermer la parenthèse ouverte au printemps. Au sommet d’Aqaba, George Bush avait adoubé personnellement le numéro deux de l’OLP Mahmoud Abbas, premier ministre chargé par les Etats-Unis de faire avancer l’Autorité palestinienne sur le chemin de la « feuille de route », le plan de paix international officiel. Et surtout, dans l’esprit du président américain, de marginaliser Yasser Arafat. Quatre mois plus tard, après une trêve avortée et une série d’attentats islamistes sanglants, Abbas a démissionné en accusant tout le monde de l’avoir laissé tomber : Israël, les Etats-Unis et Arafat lui-même.

Le vieux chef a obtenu ce qu’il voulait : retrouver sa place comme seul chef légitime de l’Autorité palestinienne. La journée d’hier célébrait son ultime victoire. Après plus de deux mois de négociations avec son nouveau premier ministre, Le raïs a écarté le candidat d’Ahmed Qoreï au poste clé de ministre de l’Intérieur, le général Nasser Youssef, au profit d’un de ses obligés, Hakam Balaoui. Arafat devrait garder la haute main sur les différentes forces armées palestiniennes en présidant le « Conseil de sécurité » qui les supervise.

Devant les députés, un Yasser Arafat amaigri, mais requinqué après une mauvaise passe médicale, semble savourer son retour au sommet et propose directement la paix à l’adversaire : « Ecoutez-moi, vous, les Israéliens. Le temps est venu de sortir de la spirale de la guerre. » Le président palestinien affirme « le droit d’Israël de vivre en sécurité ». Son premier ministre surenchérit en exhortant les mouvements palestiniens à « mette fin à tous les actes de violence ».


Le premier but du gouvernement Qoreï sera de conclure un nouveau cessez-le-feu, mais cette fois négocié avec Israël et garanti par le Quartette, les Etats-Unis, l’Union européenne, la Russie et l’ONU, les auteurs de la « feuille de route ». En échange, Ahmed Qoreï appelle Israël à se retirer des Territoires palestiniens.

Implicitement, Yasser Arafat promet que son retour aux commandes décidera les groupes radicaux, islamistes compris, à déposer les armes. Reste à savoir s’il arrivera à les convaincre. Quant à l’attitude d’Israël, quelques signes indiquent un changement de ton. Des rencontres informelles ont déjà eu lieu et Ariel Sharon est prêt à parler avec son homologue palestinien, tout en sachant très bien que son homologue palestinien représente Yasser Arafat, toujours emprisonné virtuellement à Ramallah.

Des « sources gouvernementales » anonymes ont par ailleurs fait savoir à la presse israélienne qu’Ahmed Qoreï bénéficierait d’une « période de grâce ». Même la mainmise d’Arafat sur les polices palestiniennes n’est plus considérée comme un obstacle : « si les forces palestiniennes entreprennent de lutter contre le terrorisme, qui se soucie de savoir qui les contrôle ? », dit un officiel cité par le quotidien Haaretz.


Plusieurs raisons à ces frémissements : les critiques du chef de l’état-major, en premier lieu. Moshé Yaalon, pourtant « faucon » avéré, a publiquement accusé le gouvernement d’avoir affaibli Mahmoud Abbas, le prédécesseur d’Ahmed Qoreï, en lui refusant toute concession. Ariel Sharon, d’abord furieux, a paru lui répondre en annonçant des allègements dans les bouclages des Territoires occupés. Devant les députés du Likoud, le premier ministre a également agité le spectre d’un effondrement de l’Autorité palestinienne, qui obligerait Israël à « prendre en charge 3,7 millions de Palestiniens ».

L’agacement des Etats-Unis devant l’immobilisme israélien paraît aussi avoir joué un rôle dans les ouvertures du gouvernement Sharon. Mais, en l’absence de gestes spectaculaires de la part des Israéliens, le gouvernement d’Ahmed Qoreï n’aura pas beaucoup de cartes en main.



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