La persistance apparente du désaccord entre Yasser Arafat et Ahmed Koreï au sujet du contrôle des forces de sécurité ont différé mardi la formation du nouveau gouvernement palestinien.

Le président de l’Autorité autonome a accordé un délai supplémentaire à Koreï, son Premier ministre « intérimaire », dont le mandat de 30 jours expirait en fin de soirée, pour former un gouvernement durable.

Koreï avait annoncé peu auparavant qu’il ne serait en mesure de soumettre que la semaine prochaine au Conseil législatif palestinien sa nouvelle équipe, où le ministère de l’Intérieur continue visiblement à poser un problème.

Arafat resterait hostile au choix du général Nasser Youssef à ce poste stratégique supposé contrôler tous les services de sécurité palestiniens que « le Vieux » rechigne à voir échapper à sa coupe.

Cette réticence avait déjà été à l’origine de l’échec de Mahmoud Abbas, le prédécesseur de Koreï, qui avait jeté l’éponge début septembre après quatre mois de vains efforts pour tenter de mettre en oeuvre la « feuille de route » internationale pour la paix.

On ignore si Koreï aura plus de succès. Selon son chef de cabinet, Hassan Abou Libdeh, il exige que Youssef jouisse de vrais pouvoirs, notamment pour être crédible lorsqu’il tentera de convaincre les mouvements armés radicaux d’observer la trêve indispensable à la mise en oeuvre de la feuille de route.

Après avoir réuni mardi son cabinet provisoire restreint, Koreï s’est borné à confirmer qu’il espérait bien voir sa nouvelle équipe approuvée la semaine prochaine par le Conseil législatif.

Nabil Abou Rdaïnah, conseiller d’Arafat, a précisé que le président Arafat avait demandé à Koreï d« ’expédier les affaires courantes » jusqu’à la formation d’un gouvernement durable dont l’absence grève toute initiative de paix.

Signes de dialogue

Ariel Sharon avait laissé entendre jeudi dernier que de nouvelles perspectives de négociations étaient en vue et qu’il était disposé à rencontrer son homologue palestinien mais que celui-ci avait fait savoir qu’il préférait d’abord s’imposer à son poste.

Cette dernière affirmation a été démentie aussitôt de source palestinienne, mais Koreï s’est dit samedi prêt à prendre Sharon au mot et à renouer le dialogue israélo-palestinien pour relancer le plan de paix international.

Lors de la nomination de Koreï, en septembre, Israël l’avait plus ou moins présenté comme un « valet » d’Arafat, contrairement à Abbas. Dans l’entourage de Sharon, on impute ce changement d’attitude à un souci d’enrayer le chaos croissant dans les territoires palestiniens.

A Moscou, où il se trouvait ces deux derniers jours en visite officielle, Sharon a confié à des journalistes israéliens qu’il espérait voir la nouvelle direction palestinienne oeuvrer de concert avec Israël pour "mettre en oeuvre honnêtement la feuille de route.

Autre signe de détente, le quotidien Haaretz croit savoir mardi que la collaboration entre le Shin Beth et les services de sécurité palestiniens pour prévenir de nouveaux attentats s’était récemment développée.

L’arrêt de la violence anti-israélienne est l’une des principales obligations de la partie palestinienne aux termes de la feuille de route mise au point par les Etats-Unis, l’Onu, l’Union européenne et la Russie. Ce plan a été accepté par les deux parties.