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La pente la plus dure à remonter ? L’inversion des valeurs.
Albert Capino
Article mis en ligne le 3 novembre 2003
dernière modification le 12 avril 2004

Il y a dix-sept jours s’est tenue la dernière journée du colloque sur le terrorisme, au Palais de Justice à Paris. Depuis, les événements se sont succédés à une telle vitesse que c’est seulement aujourd’hui que je vous livre la synthèse que j’avais entreprise.

Je souhaite moins m’appesantir sur les interventions, brillantes, de chacun des participants, afin de me focaliser sur les analyses et les résolutions de ces trois jours denses et captivants de cette mi-octobre écoulée.

Au delà de leurs spécificités particulières, les différentes approches de nos orateurs se sont rejointes de manière complémentaire, pour aboutir à une conclusion unanime.

Elle revêt une signification riche en symboles, particulièrement depuis la déclaration répugnante de l’ex-Président malais, hôte de la conférence de l’OCI (Organisation de la Conférence Islamique) dans la cadre de laquelle il a déclaré ouvertement et aux yeux du monde, son hostilité envers la communauté juive en appelant les communautés musulmanes à se liguer contre elle.

Ce fut un peu une sonnette d’alarme, à l’heure où un sondage de la Communauté européenne à paraître lundi, désigne Israël et les Etats-Unis comme les pays représentant la plus grande menace pour la paix dans le monde...

Ceci montre à quel point la stratégie de démonisation entreprise depuis une trentaine d’années a porté ses fruits dans l’esprit de l’opinion publique. Schmuel TRIGANO résumait de manière précise les trois courants qui ont pris pour cible Israël :
La mondialisation libérale post-moderniste,
L’altermondialisation gauchiste et libertaire,
L’Islamisme à la conquête du monde.

Ils présentent le Palestinien comme le juste souffrant, la victime absolue, face à l’existence d’Israël présentée comme le mal absolu.

La mystique de la souffrance palestinienne occulte ainsi l’antisémitisme.

L’antisionisme est un délit sur le plan de la morale et de la justice : il nie la légitimité de l’Etat d’Israël, prône la destruction de ses institutions et sa disparition pure et simple en tant que nation.

La médiatisation à outrance du conflit est à l’origine de ce transfert. Elle a affaibli la censure de l’idéologie antisémite non seulement sur les pouvoirs publics, mais dans l’opinion.

Tout ce qui touche à Israël s’est vu gagné par une exclusion. C’est aussi le fruit d’une stratégie ; celle du camp arabe de déshumaniser Israël.

La déshumanisation justifie l’écrasement, qui devient dès lors, aux yeux d’une opinion manipulée, une opération de salut public.

Or, l’insistance de l’antisionisme a un prolongement évident dans l’antisémitisme : il n’y aura pas de continuité juive en Europe sans l’existence de l’Etat d’Israël. Car dans ce cas, la figure de l’étranger continuera à s’affirmer pour se transformer en xénophobie par ceux qui se prétendent anti-racistes.

L’apogée fut le sommet de Durban, où l’inversion des valeurs fut à son comble et Israël devint l’objet d’horreur et d’exécration avec pour slogan : « un Juif, une balle ».

La convergence de ces trois courants n’est pas le fruit du hasard. Elle constitue une logique génocidaire exterminatrice. Elle définit tout d’abord une catégorie de manière discriminante, puis la marque de manière symbolique de façon à l’isoler avant de la détruire.

Outre le harcèlement des attentats qui ont secoué Israël quasi-quotidiennement, le fait que l’Iran cherche par tous moyens à se doter de l’arme nucléaire préfigure un plan d’ensemble d’un scénario certes catastrophe, mais parfaitement plausible.

L’analyste stratégique Daniel PIPES l’exprime très clairement : « A l’égard des Juifs, le monde musulman ressemble aujourd’hui à l’Allemagne des années 1930, quand les caricatures et la violence étatiques ont préparé les Allemands aux meurtres de masse qui ont suivi.
La violence tue un Israélien chaque jour, depuis 3 ans, et touche les Juifs hors d’Israël.
Toutes les représentations sont utilisées pour tenter de justifier cette entreprise de destruction annoncée :

Avec les assimilations des Juifs aux singes et aux cochons, elle pourrait servir à préparer psychologiquement à une attaque contre Israël par des armes de destruction massive.
Les armes chimiques, biologiques et nucléaires succèderaient à Auschwitz.
Des millions de Juifs périraient dans une autre Shoah. Comme alors, le monde de nouveau ne semble pas avoir noté l’urgence ni pris la mesure de ce processus mortel ».

La présence juive est ainsi présentée aux yeux de l’opinion comme contraire à l’intérêt global commun.

Ce sont les régimes islamiques religieux qui hissent ce paradoxe à son paroxysme en appelant à rayer Israël de la carte, au motif que l’identité juive ne représenterait qu’une religion seule, donc infondée à constituer une nation !

Comme le rappelait Elia SARFATY, Professeur à l’Université Blaise Pascal de Clermont Ferrand et au CNRS : les théories antisionistes (dont l’art. 20 de la charte de l’OLP) tentent de s’appuyer sur cette distinction, mais l’entité théologique est bel et bien différente de l’entité historique.

Historiquement, l’antisionisme prend le relais de l’antisémitisme de manière très structurée :
1921 : théorie de la conspiration juive mondiale contre la Palestine,
1929-1940 : Pogroms anti-juifs de Palestine et formation du Haut Comité arabe,
1955 : Conférence des pays non-alignés dans la ville indonésienne de Bandung, pivot de la propagation de l’antisionisme à travers les pays du tiers-monde,
1964 : Charte de l’OLP avec en particulier les art. 20 et 22 appelant à la déligitimation de l’Etat d’Israël et à sa destruction
À partir de 1980 : Mouvance irrédentiste islamiste.
Puis viennent l’effondrement du bloc de l’Est, du mur de Berlin, le sommet de Durban.

La boucle est bouclée. Ajoutons-y une méconnaissance historique sur la revendication palestinienne et l’enjeu juridique de neutraliser l’esprit critique apparaît clairement.

La construction idéologique de l’antisionisme tend un miroir à l’opinion publique occidentale pour y reconnaître ce qu’il y a de pire :
Sionisme = racisme = impérialisme = capitalisme = nazisme.

Tout est fait pour rendre évident l’effet de reconnaissance des revendications antisionistes : réveiller le spectre de l’occupation, du colonialisme, la présence de la France en Algérie avec tous les excès qu’elle a comportés.

Des ONG font ainsi de l’antisionisme leur spécialité. Elles amalgament la conduite d’Israël pour la protection de ses citoyens avec l’Apartheid. Ainsi, l’antisionisme devient le bon sens, l’humanisme.

Le prêt-à-penser fait l’économie des connaissances historiques. On gomme les réalités historiques au profit de l’enjeu politique. La disqualification, la déligitimation et la diabolisation de l’Etat d’Israël produit un effet global dévastateur à la fois sur la communauté nationale et internationale.

Elle agit sur la communauté juive elle-même pour la culpabiliser et la désolidariser d’Israël. On l’a vu notamment avec l’émergence de mouvements tels que la CAPJPO ou l’UJFP qui tendent à se désolidariser totalement d’Israël, pour faire entendre leur « autre voix » pour une « paix juste ». Il s’agit de briser l’unité symbolique du peuple juif, faire prendre parti pour ceux qui ont été affublés de tous les attraits de la victime. L’antisionisme devient ainsi du progressisme.

A l’échelle mondiale, des lobbies antisionistes structurés agissent de concert pour dénigrer Israël : organisations, syndicats, partis politiques.

Les déclarations récentes de Premier ministre malais font partie des données politiques, de leurs conséquences et donc du terrorisme. La théorie du complot, de la conspiration, de l’entreprise de domination internationale est directement inspirée du faux « Les Protocoles des Sages de Sion » et de « Mein Kampf », incarnations de cette perspective d’emprise sur le monde.

Les Juifs ont sous-estimé l’influence néfaste du « Protocole des Sages de Sion ». Il blâme les Juifs pour tous les malheurs du monde. Le pire étant qu’il est cité dans des discours officiels - y compris à l’ONU, à l’UNESCO, comme un document de référence.

Hadassa Ben ITTO, juge israélienne qui a consacré plus des dix dernières années à l’étude de ce faux qui a inspiré d’innombrables clones propagandistes, déclare notamment :

Il existe trois proclamations pour dominer le monde : le communisme, le nazisme et l’islamisme. Pourtant, ce sont les Juifs qui se retrouvent accusés de volonté de domination, comme le présente ce faux, composé des prétendues minutes des réunions secrètes d’un complot pour dominer le monde. 24 chapitres d’un plan d’action détaillé du démantèlement du système légal, avec une justification morale selon laquelle les non-juifs seraient ignorants et stupides.

A l’origine, il s’agissait d’un recueil écrit par un avocat français, Maurice JOLY, pour désigner la tyrannie totalitaire de Napoléon III : « Dialogue en enfer entre Machiavel et Montesquieu ». Plus de la moitié de ce qui a été extrait du livre de Joly concerne les Juifs. Elle a été reprise et rédigée en France par la police tsariste en coopération avec des Français, au milieu de l’affaire Dreyfus.

C’est après 1917, la révolution russe et la première guerre mondiale que les « Protocoles » quittent les frontières de la Russie. Il servirent les intérêts des russes blancs comme des bolchéviques pour démontrer que ce qui était arrivé était en fait de la faute des Juifs. La haute visibilité des Juifs prouve, à leurs yeux, le complot. Les événements prouveraient aussi l’existence de ce plan diabolique et de cette conspiration mondiale. Ils préconisent l’utilisation du mensonge, de l’hypocrisie, pour réduire les autres en esclavage. La force devient le droit.

Ils entretiennent la haine, et déclenchent la violence. Après l’Egypte, qui a diffusé le feuilleton « Le Cavalier Sans Monture » directement inspiré des « Protocoles », c’est au tour de la Syrie de présenter à la télévision d’Etat une autre variante - intitulée « Diaspora » - en plein Ramadan.

Quoiqu’il arrive de néfaste dans le monde peut être attribué aux Juifs. La survivance des « Protocoles » est due en partie au fait de l’immatérialité de sa démonstration. Dès lors, les procès se terminent par des compromis : paiement d’amendes, pilon, excuses, etc.

Par exemple : Henry Ford, qui avait soutenu la dictature de Hitler qu’il admirait beaucoup, avait été cité à comparaître comme témoin au sujet du livre qu’il avait écrit, intitulé : « The International Jew ». Sommé de se présenter à l’audience par un juge américain, après de nombreux prétextes et tergiversations, il a préféré retirer le livre et présenter des excuses.

Mais des éditeurs continuent à publier des faux grossièrement calomnieux envers les Juifs et les procès leur servent de tribune politique.

Même après sa mort, la Fondation Ford y participe elle-même encore activement en finançant de nombreux groupes pro-palestiniens (comme ISM International Solidarity Movement) et de l’ultra-gauche israélienne (comme B’TSELEM) impliqués dans la délégitimation et la démonisation d’Israël.
Ainsi, le groupe LAW qui a contribué à transformer le sommet de Durban en une débauche de haine antisémite.

La Fondation Ford a consenti plus de 35 millions de dollars de subventions à travers son bureau au Caire à 272 organisations arabes et palestiniennes pendant la seule période de 2000 à 2001. Les données disponibles dans les années récentes font état de plus de 62 donations individuelles pour plus d’un million et demi de dollars.
La Fondation Ford, au contraire de ses homologues américaines n’exige pas que l’argent versé ne soit pas utilisé à des fins terroristes et de nombreuses organisations qu’elle subventionne ont déclaré qu’elles refusaient de signer une telle restriction.

Même depuis Durban, les leçons n’ont pas été apprises. Anne BAYEFSKY, spécialiste des « Human Rights Law » Professeur auprès des Universités de York et de Columbia, relate :
en avril 2003, l’antisémitisme a été retiré du concept de racisme, car considéré comme une religion, donc un sujet controversé. L’antisémitisme a été retiré de toutes les luttes contre le racisme, dans les résolutions sous les auspices de l’ONU, qui sert de plate-forme au déni de l’Holocauste.

Il nous faut réinventer l’ONU : sur les 193 nations qui la composent, 40 seulement peuvent être considérées comme des démocraties.

En ce qui concerne l’analogie avec l’apartheid, il faut savoir qu’en Israël, 1/5 de la population est arabe, avec des droits égaux aux Juifs, alors que près d’un million de Juifs furent exclus des pays arabes qui voulaient être « Judenrein ». Aucune compensation ne leur a été accordée, pas plus que le statut de réfugiés. La plupart ont été dépossédés de tous leurs biens, de leurs souvenirs, de leur passé.

35% des résolutions de l’ONU sont en défaveur d’Israël. Une section entière est réservée aux droits des Palestiniens. Une « journée de la terre » leur est consacrée et célébrée dans toutes les instances de l’ONU à travers le monde. Des mesures pour compenser « l’humiliation » arabe ? Mais la plus grande humiliation n’est-elle pas de leur propre fait, en n’ayant pas absorbé en 55 ans les réfugiés palestiniens, alors même que le petit Etat juif a plus que doublé sa population en quatre ans ? Pendant que les arabes laissaient délibérément croupir leurs « frères » dans les camps, les Juifs acceuillaient 750.000 des leurs, rejetés par ces mêmes pays arabes, sur un territoire 80 fois inférieur en superficie. Entre 1948 et 1952, le tout jeune Etat d’Israël intégra ainsi une croissance de population de 120%, fait unique dans l’histoire.

Au sein de l’ONU, les vestiges de l’Holocauste sont systématiquement rayés et remplacés par les souffrances des Palestiniens.
Comble de l’absurdité, au Soudan et au Zimbabwe, les atteintes aux Droits de l’Homme ont trouvé un coupable : Israël.

Cette accusation systématique nuit à tout le système de défense des droits de l’homme.
Les attentats suicides, eux-mêmes assimilés à des actes de résistance contre l’occupation, font l’objet de tentatives de justification.

En réponse, les « éliminations ciblées » sont considérées par les leaders palestiniens et leurs alliés objectifs comme des « exécutions extra-judiciaires », mais il faut savoir que les actions de combattants dans une guerre ne peuvent donner lieu à des procès. Leurs actes placent les leaders du Hamas dans la position de cibles légitimes en temps de guerre. Ils ne peuvent pas jouer sur les deux tableaux : à la fois terroristes, commanditaires d’attentats, et victimes politiques.

Car ce sont bien ces mêmes « activistes » palestiniens qui violent les lois et les Conventions de Genève, en mettant des civils en péril au milieu des combattants ou de ceux qui préparent des bombes.

Par son attitude, en prenant systématiquement le parti des dictatures, des oligarchies, des régimes népotiques et corrompus, l’ONU contribue à la persécution des populations et des minorités qu’elle a été créée pour protéger.

La population civile israélienne bien sûr, mais aussi les Palestiniens, qui deviennent ainsi les otages de la culture de la haine, développée par les leaders palestiniens.

Israël manque, quant à lui, de moyens de lutte contre la discrimination qui lui est faite dans son droit à l’existence, dans une atmosphère hostile et qui se veut intimidante. Elle n’est pas uniquement préjudiciable à Israël, mais à l’intégrité de l’ONU et aux autres pays, ainsi qu’au droit international. C’est un assaut contre la dignité humaine. Le Professeur canadien Irwin COTLER décrit fort bien la nouvelle escalade globale violente de l’antisémitisme : une inversion du message à travers l’utilisation de l’idéologie anti-raciste. C’est Israël qui est présenté comme raciste et nazi et les terroristes comme des résistants et c’est donc Israël qui, dans cette rhétorique , doit être détruit.

L’intention est exprimée étatiquement et la globalité de la cible, Israël et le peuple juif, est transmise à travers le monde.

Un antisémitisme politique, avec une discrimination en ce qui concerne l’autodétermination, la délégitimation du peuple juif et Israël désigné comme le « poison du monde ».

À l’heure où il n’y a jamais eu autant de plans de paix (la « feuille de route », le « pacte de Genève », le « Collectif Ayalon-Nusseibeh »), on en arrive à se demander si l’on est en passe d’apercevoir la lumière au bout du tunnel, ou si l’on entre pas plutôt dans une période où commence un nouveau tunnel au bout de la lumière ?


Résolutions proclamées à l’issue de ces journées de réflexion sur le terrorisme :

  1. Reconnaissance sans réserve d’un droit naturel de légitime défense contre le terrorisme,
  2. Comité international pour ne plus qu’il y ait de détournement par les instances de leur buts en faveur des ennemis du respect de la personne humaine, comme ce fut le cas à Durban,
  3. Présentation objective et équilibrée du conflit du Proche-Orient par les médias,
  4. Renforcement de la législation, notamment sur Internet, et une plus grande action d’explication préventive et de considération envers les victimes de la part de la Justice.


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