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La paille et la poutre - reflexions sur un concept flou
Par Sophie Kulbach
Article mis en ligne le 23 octobre 2003

On parle beaucoup dans les cercles politiques et médiatiques d’un phénomène qui menacerait la République dans ses fondements mêmes : « l’islamophobie ». Monsieur Xavier Ternisien avait donné le la en mai 2002 dans une tribune publiée en première page du Monde et intitulée « Les dangers de l’islamophobie ».

Ce thème a depuis fait flores. Ainsi, un rapport du MRAP publié en juillet 2003 a-t-il dénoncé, avec une rare virulence, les dérives islamophobes d’un certain nombre d’intellectuels. Ainsi, par exemple, l’économiste Guy Millière, un des pourfendeurs les plus constants de la haine islamiste et à ce titre fervent défenseur d’Israël, se voit-il accuser de racisme aigu, d’« islamophobie » mais également d’une haine farouche des homosexuels.
De même, un ouvrage de Monsieur Vincent Geisser intitulé « La nouvelle islamophobie », en référence à l’œuvre magistrale de Pierre-André Taguieff, « La nouvelle judéophobie », vient de paraître en librairie.
Dans cet essai, Frédéric Encel, docteur en géopolitique et auteur notamment de « Géopolitique de l’Apocalypse. La démocratie à l’épreuve de l’islamisme » se voit accuser, sans autre forme de procès, de véhiculer des préjugés « islamophobes ».

Ces derniers jours, en pleine flambée de haine anti-juive, c’est au tour des politiques de hurler avec les loups. Ainsi, Monsieur Jean-Pierre Raffarin s’est-il empressé, à l’occasion de l’agression du rabbin Sarfaty, à Evry, de dénoncer, en la mettant sur le même plan que l’antisémitisme renaissant, l’« islamophobie » qui rongerait tel un cancer le pacte républicain.

Il convient au préalable de s’interroger sur ce qu’est « l’islamophobie » dont les pourfendeurs s’abstiennent fort opportunément de donner une définition. S’agit-il de critiquer les aspects cultuels de l’islam, les cinq piliers de la foi, comme la zakat, le ramadan ou le pèlerinage à la Mecque ? Il n’en est rien. Ainsi, un site insultant pour la religion musulmane, dans ses aspects cultuels, « Catholique et Royaliste » (au moment du Ramadan, il y était écrit notamment « n’oubliez pas de mettre à profit cette période où les parasites sont affaiblis par le jeûne diurne pour les attaquer sauvagement à coups de saucissons provocateurs et de petit-salé aux lentilles dans la journée ! » sic) a-t-il échappé à la vindicte du MRAP.

En revanche, le MRAP et ses séides ont entrepris de jeter l’opprobre sur tous ceux qui optent en faveur d’une approche critique du dogme islamique orthodoxe et qui s’interrogent sur sa compatibilité avec la philosophie des Lumières. Autrement dit, ils désignent comme « islamophobes » et donc comme racistes des auteurs aussi différents que Ibn Warraq, Guy Millière ou Michèle Tribalat, qui refusent de faire leur le crédo « Islam-religion-d’amour-et-de-paix ». Ces derniers osent parler de la division coranique majeure, et commune aux quatre écoles de pensée, entre Dar el Harb et Dar al Islam, ou de l’obligation fondamentale de tout musulman à la guerre sainte contre l’infidèle. Ils militent, non en faveur d’une guerre de civilisations contre le monde arabo-musulman, mais en faveur d’une alternative démocratique dans cette région de la planète. Pour cela, une réforme de l’Islam en profondeur, semblable à celle qu’a connu le christianisme à partir du XVI° siècle, est nécessaire, dans la mesure où la notion d’individu, au cœur de la liberté, est inconnue de cette religion, qui ne connaît que la Oumma, la communauté des croyants. Est-il raciste de souhaiter la liberté et la primauté de l’Homme sur la Communauté pour plus d’un milliard d’êtres humains ? Pour le MRAP et ses séides, il semble que oui …

Ce concept flou et dépourvu de substance d’« islamophobie », au sens où l’entend l’intelligentsia politico-médiatique, contredit la loi française dans ses fondements et dans sa lettre. Sauf erreur, la laïcité est au cœur du projet républicain et permet la critique raisonnée de toutes les religions. En d’autres termes, le blasphème est inconnu du Droit positif français. En outre, la Révolution française est née de la critique du christianisme et du clergé par les Encyclopédistes. Faut-il en déduire que les maccarthystes de l’« islamophobie » rejettent la Révolution de 1789, libératrice de l’Homme ?

Il est donc particulièrement choquant de voir « islamophobie », au sens politiquement correct du terme, et antisémitisme mis sur le même plan, comme l’a fait très récemment Jean-Pierre Raffarin. En outre, si, par extraordinaire, la critique raisonnée du dogme islamique devait être assimilée à du racisme, force serait néanmoins de constater que « l’islamophobie » se limite aux écrits d’une poignée d’intellectuels alors que l’antisémitisme se traduit quotidiennement par des agressions physiques, des injures ou des détériorations matérielles.
Il est d’ailleurs particulièrement piquant de constater que les plus prompts à dénoncer les dérives « islamophobes » sont également les mêmes qui accusent l’armée d’un état juif de perpétrer des « crimes de guerre », dont le gouvernement « impose l’impunité » et est « juridiquement complice » … Comme l’a fort justement écrit Alain Finkielkraut, « l’antisémitisme qui vient » se développe « au nom de l’Autre » …



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