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Syrie-USA, ça a commencé…
Par Michaël Béhé à Beyrouth © Metula News Agency
Article mis en ligne le 17 octobre 2003

Un porte-parole américain a annoncé hier soir à Bagdad qu’un incident important s’était produit à la frontière syro-irakienne.

« Des soldats ont ouvert le feu contre un petit groupe de personnes qui avaient franchi la frontière. Sous le feu des soldats, les éléments infiltrés ont riposté contre les forces de la coalition. Celles-ci ont abattu et appréhendé plusieurs personnes » a poursuivi le porte-parole, indiquant qu’un hélicoptère de reconnaissance avait été visé par les éléments infiltrés et que, endommagé au niveau d’une pompe hydraulique, l’appareil avait été contraint de se poser aux alentours de Houssaibah, à 360 km environ au nord-est de Bagdad.

Le porte-parole personnel du Président Béchar el-Assad a annoncé depuis le sommet islamique qui se tient actuellement en Malaisie « qu’il s’agissait d’informations fabriquées de toutes pièces (par les Américains) et que ça n’était pas la première fois que de semblables allégations étaient propagées ».

Cet incident survient le jour même où la Chambre basse du Parlement américain a adopté à une majorité de 397 voix contre 4 le projet de loi intitulé « Syrian accountability act » (décret sur la responsabilité syrienne).

On s’attend, dans les jours à venir, à voir le Sénat ratifier ce texte à l’unanimité de ses membres. La nouvelle loi enjoint la Syrie de :

  • Cesser tout soutien aux organisations terroristes
  • Retirer ses 20’000 soldats d’occupation du territoire libanais
  • Cesser ses efforts en vue d’obtenir des armes de destruction massive ainsi que des missiles balistiques à longue portée
  • Cesser sa contrebande d’armes en direction de l’Irak
  • Cesser ses importations illégales de pétrole irakien

    Dans le cas où Damas n’obtempérerait pas, la nouvelle loi impose au Président des Etats-Unis de prendre, dans les 6 mois, « au moins 2 des 6 mesures subséquentes » :

  • D’imposer à la Syrie l’embargo des produits américains
  • De proscrire l’activité de sociétés US en Syrie
  • D’appliquer diverses restrictions aux diplomates syriens en poste aux USA
  • D’exclure les avions syriens du ciel américain
  • De réduire les contacts diplomatiques avec Damas
  • De geler les avoirs syriens aux Etats-Unis

    Bien que les échanges annuels entre les Etats-Unis et la Syrie soient très modestes, ne dépassant guère les 260 millions d’Euros et que le régime des Assad subisse déjà un embargo intégral sur tous les produits sensibles, du fait de son statut d’Etat soutenant le terrorisme, on considère généralement à Beyrouth que cette loi aura des répercussions considérables sur l’avenir de la dictature damascène. A ce titre et pour en savoir plus, je suggère chaleureusement à nos lecteurs de consulter l’article de Stéphane Juffa « La guerre de Syrie n’aura pas lieu ».

    A Beyrouth, le gouvernement supplétif de Damas observe l’acceptation de cette loi avec effroi, tout comme il a enregistré, il y a peu, les scores très élevés du candidat aouniste lors d’élections partielles. Malgré des actes totalement anti-démocratiques et des opérations d’intimidation, les services syriens et ceux du Premier ministre Hariri n’ont pas pu empêcher les supporters du général Michel Aoun d’égaler les résultats obtenus par le candidat du pouvoir, notamment avec l’appui d’électeurs druzes et musulmans.

    Depuis ces partielles, le régime s’emploie à délégitimer Michel Aoun, notamment par des mesures judiciaires, afin qu’il ne puisse pas se présenter aux prochaines élections présidentielles. Aoun, qui a fait le voyage de Washington afin de soutenir publiquement le nouveau décret de responsabilisation de la Syrie, au plus grand dam de ses hommes de paille au Liban.

    Peut-être est-il bon de rappeler, que sous l’occupation syrienne, tout citoyen libanais qui s’oppose à l’hégémonie syrienne ou, plus simplement, qui en questionne le bien-fondé est passible de l’inculpation de trahison. Toute personne qui critique les politiciens-marionnettes imposés par Damas - et notamment Rafik Hariri, qui est reçu à l’Elysée au moins une fois par mois - est passible de longues peines d’emprisonnement. Il en va de même concernant les Libanais qui soutiennent le décret américain, ceux qui établissent le moindre contact avec des institutions - juives ou non juives -, des médias ou des politiciens qui ne se sont pas déclarés « pro-Syriens ».

    Tout citoyen qui commet n’importe lequel de ces « crimes » est instantanément désigné à la vindicte populaire en qualité de collabo sioniste, d’anti-Arabes et d’anti-Islamistes.

    En relisant mon papier, je viens de réaliser que j’étais en fait coupable de tous les délits interdits par l’occupant et par ses valets de chambre. Je me console en pensant tout le bien que cela me procure de me sentir à la fois libanais et intellectuellement propre. Il est vrai que l’Administration US utilise le terme d’Etat voyou lorsqu’il cite la Syrie. Comment faudrait-il alors appeler ceux qui - sans être obligés de le faire - ont organisé dans notre pays occupé le sommet de la francophonie et l’élection de Miss Europe ? Et ceux qui ont prêté leur talent à ces manifestations ? Et ceux qui nous lisent et tout en se prétendant des héros de la liberté, honteusement se taisent ?


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