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Colloque sur le terrorisme
Albert Capino
Article mis en ligne le 15 octobre 2003
dernière modification le 12 avril 2004

Ce soir, se tenait à la Sorbonne la séance inaugurale de l’Association Internationale des Juristes Juifs (AIJJ).

La conférence internationale, qui va se poursuivre pendant deux jours, a pour sujet : terrorisme international, racisme et antisémitisme.

On y a naturellement beaucoup parlé de droit, de justice des moyens mis en oeuvre pour combattre ce fléau, cette nouvelle forme de guerre qu’est le terrorisme.

Le Président du Comité français, Me ROUBACHE faisait justement remarquer que l’intimidation a remplacé le dialogue et, comme disait Camus il y a cinquante ans, « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur ».

Ce soir, on a donc nommé les fléaux par leur nom : terreur, racisme, antisémitisme, tout comme on souhaiterait les voir décrits : sans mensonge et sans hypocrisie. C’est un passage obligatoire si l’on veut espérer un jour résoudre la problématique liée à toutes leurs composantes.

À commencer par le financement : 60 millions de $ saisis dans 129 pays à Al-Qaïda.

Face au terrorisme, le juriste dispose d’une « boîte à outils » pour agir. Un bricolage qui s’est étoffé au cours des années pour devenir un véritable arsenal, juridique, policier, international, que nous a décrits M. le Garde des Sceaux, Dominique PERBEN.

C’est important, mais est-ce suffisant quand, usant de son droit naturel à se défendre, un Etat est amené à devoir se justifier de la protection de ses citoyens ? Que la victime est désignée comme coupable, dans un discours inversé ?

L’objectif que s’est fixé le législateur est-il adapté à ce nouveau type de guerre ?

Une cour pénale peut certes jouer pleinement son rôle, à condition toutefois qu’elle ne devienne pas une tribune politique pour les ennemis de la liberté.

Cette soirée inaugurale fut également l’occasion de décerner un diplôme à Françoise RUDETZKI, Présidente de SOS-Attentat, devenu SOS terrorisme.

Cette femme courageuse, elle-même victime d’un attentat en 1985, a le mérite d’avoir fait voter 6 textes de loi, d’avoir créé un fonds de garantie qui est venu en aide à 2.800 victimes et leur a donné le statut de victimes civiles de guerre.

Preuve s’il en est que ce combat nous concerne tous et que chacun, à notre niveau, pouvons faire évoluer les choses.

Le terrorisme n’est pas une nouvelle forme de guerre. Le 11 septembre en a juste changé la dimension. Ces événements nous ont ouvert les yeux sur de nouveaux défis. Celui, par exemple, du respect des libertés individuelles face à la sécurité publique. De la primauté du droit et de la démocratie face à la menace et à l’agression. Ainsi, en janvier 2004, devrait entrer en vigueur le mandat d’arrêt européen.

Mais ce qui m’interpelle, c’est cette contradiction entre le droit et la justice, face à la raison d’Etat et la logique économique. Comment prétendre pouvoir concilier l’application des mesures destinées à combattre ceux qui répandent la terreur, quand le pouvoir politique entretient des liens avec des oligarchies qui sont elles-mêmes une atteinte à la démocratie ?

Peut-on décemment fermer les yeux sur les détournements de fonds d’aide publique, sur les réseaux internationaux qui instrumentalisent la loi à leur profit ?

Il est contre-nature de nous demander de rester passifs.

La perception de nos lois doit nécessairement évoluer, et nos actions doivent davantage participer à la cohésion de notre société.

Pauvreté ? Intégration ? Religion ? Autant de questions que soulevait Bernard KOUCHNER pour trouver des explications à ce phénomène barbare qu’est le terrorisme.

Les pirates du 11 septembre n’étaient ni pauvres, ni exclus d’une société dans laquelle ils avaient su se fondre pour accomplir leurs méfaits. Quant à la religion, elle a toujours servi de vecteur - détournée de sa vocation profonde - pour donner lieu à des guerres.

C’est la méconnaissance, l’ignorance de l’autre qui alimente l’incompréhension et la violence.

La prévention joue un rôle essentiel, car s’il existe une volonté de paix, elle ne pourra être pérenne sans donner aux générations montantes les connaissances élémentaires de ce qui a forgé leur passé. Le mensonge amène la haine et son mouvement perpétuel de guerres et de désolation.

Casser cette boucle infernale commence par l’éducation. Celle des jeunes, mais aussi celle des cadres politiques de demain.

Car en matière de terrorisme, il n’y a qu’une obligation : celle de résultat.

Nous sommes tous concernés et chacun de nous peut et doit agir.

Et si l’implication individuelle vous paraît dérisoire face à cette menace pour notre avenir, pour celui de nos enfants, je terminerai, en guise de conclusion de cette première journée, par les paroles de Mme le Juge Hadassa BEN ITTO, Présidente de l’AIJJ :

« C’est une goutte d’eau dans l’océan, mais il nous faut, en conscience, verser goutte après goutte dans l’espoir que la mer ne nous engloutira pas tous ».



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