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Propos recueillis par Céline Louail © Le Nouvel Observateur
« Le mur suit un tracé évoqué à Camp David II »
Frédéric Encel - spécialiste du Moyen-Orient.
Article mis en ligne le 30 juillet 2003
dernière modification le 14 août 2003

Ariel Sharon et George W. Bush ne sont pas parvenus, mardi, à un accord concernant le mur de sécurité en construction entre Israël et la Cisjordanie, cette rencontre a-t-elle servi à quelque chose ?

  • Cette rencontre a malgré tout été utile. D’une part, George W. Bush, en demandant à Ariel Sharon d’interrompre cette construction, reste dans la ligne définie en 1967, et suivie par tous les gouvernements américains depuis, concernant les implantations, et qui considère celles-ci comme un obstacle à la paix. Le mur de sécurité englobe la plupart des implantations, Washington ne peut donc en approuver la construction. C’est un point très important. D’autre part, le nationaliste Sharon ne peut céder concernant le mur vis-à-vis de l’opinion publique israélienne. Celle-ci, touchée par les attentats ne tolèrerait pas l’interruption des travaux. Ce désaccord était clair avant la rencontre. Surtout, cette entrevue a servi aux prisonniers palestiniens puisque Ariel Sharon a annoncé des libérations et surtout celles d’islamistes. La question des prisonniers n’est pas comprise dans la feuille de route. Cependant elle reste un problème pour les négociations et plus particulièrement pour Abou Mazen. En effet, toute négociation nécessite la confiance. Ces libérations, gage de confiance, sont un prélude essentiel au dialogue. Surtout, ces libérations sont une revendication soutenue du peuple palestinien. Abou Mazen se doit de répondre à son opinion publique.

Ce mur est décrit comme un moyen de renforcer la sécurité en Israël or sa construction accentue le mécontentement des Palestiniens. Ne pensez-vous pas qu’il aboutisse alors à l’effet inverse ?

  • L’exaspération n’est jamais bonne conseillère, il est vrai. D’un autre côté, un gouvernement est responsable devant ses citoyens de leur sécurité. Après trois ans d’Intifada, Ariel Sharon ne pouvait pas ne rien faire. Après tout, un mur peut s’avérer efficace contre l’infiltration de kamikazes en Israël. Sans doute espère-t-il une efficacité sur le long terme.

Au-delà d’une réponse à la préoccupation sécuritaire israélienne, ce mur n’est-il pas un moyen pour Ariel Sharon de définir unilatéralement les futures frontières israélo-palestiniennes ?

  • C’est un peu l’ensemble. Il existe une réelle attente israélienne en matière de sécurité. Mais surtout, politiquement, le mur de sécurité peut revêtir un aspect de fait accompli ; une fois à la table des négociations, un moyen pour les Israéliens de dire : « Nous avons déjà négocié sur les frontières à Camp David II, le mur est construit, si vous voulez, demandez-nous autre chose ». Tout ceci est au conditionnel car nous ne sommes pas autour de la table et la situation dépendra du gouvernement en place en Israël. Mais les Palestiniens craignent cela. Rien n’avait été signé à Camp David II, mais les négociations avaient bien avancé et Arafat avait accepté l’idée d’une rectification de frontière. Barak avait proposé l’annexion de pourcentages de Cisjordanie occupée par des implantations en échange d’autres territoires, situés en Israël, et notamment près de la Bande de Gaza. Le mur construit coïncide très exactement avec le tracé de frontière évoqué à Camp David II. La marge de manœuvre du Premier ministre palestinien est donc faible.


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